Le vélo a repris depuis quelques semaines mais tout semble si différent. Avec la crise sanitaire, l’UCI a édicté un protocole très strict, qu’Amaury Sport Organisation pousse encore plus loin avec pour objectif de faire un sans-faute sur le Tour. Le Criterium du Dauphiné, qui a débuté mercredi, doit servir de test grandeur nature.

Drôle d’ambiance

La veille du départ du Critérium, le préfet de la Loire, Evence Richard, a décidé de rendre obligatoire le masque pour les spectateurs « aux abords immédiats du parcours (…), aux zones prévues pour l’accueil du public » alors que l’arrivée de la première étape finit dans son département. Depuis quelques jours, la France vit au rythme des villes qui obligent le port du masque. Le vélo n’y échappe pas. Alors que certains coureurs se plaignent de spectateurs qui n’en portent pas lors des montées, voire de certains qui toussent au passage de coureurs, ASO ne peut qu’approuver une telle décision. C’est en fait l’organisation elle-même qui en a eu l’initiative.

Le 11 août, lors d’un entretien avec Nice Matin, Le directeur du Tour, Christian Prudhomme recommande au public de porter des masques. « Si on aime le Tour et les champions, quand on est au bord de la route du Tour, on porte des masques », dit-il. Le message est clair, si Tour il y a ça sera avec des masques, quitte à prendre des arrêtés. Le public, lui, a répondu présent à l’arrivée à Saint-Christo-en-Jarez, masqué évidemment. Certains sont déçus ne pas avoir de selfie avec les coureurs, mais globalement la compréhension domine chez les passionnés de vélo. La jauge du public au départ et à l’arrivée reste limitée à 5000 spectateurs. Et si parfois il est difficile de se frayer un chemin, tout le monde joue le jeu.

« Protégeons la course et ses coureurs »

L’organisateur du Dauphiné a effet décidé d’un protocole très strict pour sa première course depuis la reprise des compétitions au mois d’août. Pour protéger « sa bulle », ASO a mis les moyens et cela commence par les journalistes et suiveurs du peloton. Par exemple, chaque journaliste doit effectuer un test PCR pour détecter la présence ou non du coronavirus 5 jours avant l’arrivée d’une étape. « On a fait en sorte d’appliquer les règles de l’UCI, puis aussi les règles misent en place par l’Etat, détaille Thierry Gouvenou, directeur technique chez ASO. Tout le monde en prend conscience, que ça soit les équipes, les médias, le public qui est masqué aux départs et aux arrivés. Ça se met en place progressivement. »

L’accès aux bus des équipes est interdit aux journalistes et spectateurs. A Saint-Christo-en-Jarez, une zone mixte a été installée non loin. Dans cette bulle, les journalistes passent à tour de rôle pour poser leur question derrière des barrières de sécurité. Plus question d’attendre les coureurs à la sortie du bus après leur douche, désormais tout passe par des protocoles. Une nouveauté pour Nicolas Geay, journaliste pour France Télévisions. « Ce n’est pas la façon dont on travaille. D’habitude, on peut aller un peu où on veut, on a des relations particulières avec les coureurs, on peut être dans le bus ou dans la voiture avec eux, souligne-t-il. Ça change notre façon de faire du reportage. C’est beaucoup plus standardisé, c’est beaucoup moins comme on aime les faire nous à France Télévisions, quand on raconte une histoire. Mais c’est comme ça, on n’a pas le choix donc on s’adapte. »

Pas le droit à l’erreur chez ASO

Chez ASO, le sujet « gestion sanitaire » n’a pas été pris à la légère. L’organisateur sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. Le Dauphiné est un test avant la grande messe qu’est le Tour du France. « Dans l’optique du Tour, on sait clairement qu’on va avoir plus de médias, plus de public, c’est vrai qu’il faut qu’on soit un peu plus strict », reconnait Gouvenou, qui sait bien qu’ASO concentrera toute l’attention d’ici deux semaines. Et quid d’un coureur qui serait testé positif sur le Tour ? C’est toute l’équipe qui pourrait quitter la course. « Clairement, un coureur qui a le Covid, vu les symptômes, il est incapable de courir, assure Gouvenou. Au niveau pulmonaire, ça ne fonctionne plus. De tout façon celui qui est positif, il est mis de côté et en quarantaine, ça veut dire forcément sorti du peloton. »

Concernant l’exclusion complète d’une équipe, Thierry Gouvenou botte en touche : « Ce n’est pas moi qui édicte les règles. » L’organisateur entend s’adapter en permanence mais navigue à vue, tout en s’en remettant aux mesures prises par l’Etat. Pour Nicolas Geay, la Grande Boucle représente bien plus qu’une simple course de vélo « Le Tour, pour l’instant, profite du fait que ça soit un patrimoine national, contrairement à d’autres épreuves, quand on voit que le marathon de Paris a été annulé, que les championnats du monde de cyclisme ont été annulés, analyse-t-il. On se dit pourquoi le Tour pourrait avoir lieu ? Car c’est un enjeu national, pour montrer aussi que la vie reprend, encore une fois c’est plus qu’une course de vélo, et c’est vital pour l’économie du vélo. Et symboliquement pour la France, c’est très important. » D’où l’importance de ne pas se rater, cette semaine sur le Dauphiné.

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