Des démonstrations de force, des défaillances, de longues échappées et de belles histoires. La deuxième semaine de ce Tour a été riche. Et après quinze jours de course, le suspense reste entier pour le maillot jaune. La Chronique du Vélo profite d’un jour de repos bien mérité pour rendre les bulletins de notes. Avant d’entamer une troisième semaine qui s’annonce folle.

Sunweb : 10/10

Un maillot à pois parfaitement accroché aux épaules de Warren Barguil, un beau rapproché au classement par points pour Michael Matthews et une victoire chacun, c’est une semaine parfaite pour les compagnons de chambrée et pour l’écurie allemande. L’équipe était passée près du succès deux fois en première semaine, elle a parfaitement glissé sur la seconde. Plus que les victoires et le maillot distinctif, c’est l’attitude qui a plu. Warren Barguil et Michael Matthews se sacrifiant l’un pour l’autre, la prolongation de l’expérimenté Ten Dam ou le coup de main de Simon Geschke à Dan Martin hier, pour encourager les entreprenants. Copie parfaite.

Romain Bardet : 09/10

Le sourire éclatant de Romain Bardet à Peyragudes sera-t-il le symbole de cette Grande Boucle ? Si l’Auvergnat termine en jaune à Paris, oui, sans aucun doute. Pour la première fois de sa carrière, le leader d’AG2R La Mondiale a semblé avoir les épaules pour remporter le Tour. Avec l’aide de ses coéquipiers, précieux en haute montagne et en descente, Romain Bardet a de sérieuses cartes en main. Mais attention, il faut bien les jouer. Hier par exemple, l’enfant du coin a gâché un bel atout en ne se débarrassant pas de l’encombrant Chris Froome, pourtant englué à l’arrière. L’Auvergnat a une chance à saisir, à lui d’en profiter.

Dan Martin : 09/10

Déchaîné. L’Irlandais n’a pas apprécié de perdre du temps à Chambéry à cause de ses maudits freins cassés. Sans ses chutes, il serait aujourd’hui en jaune. Depuis, une seule idée en tête, reprendre ces précieuses secondes. Hier au Puy-en-Velay ou vendredi à Foix, il grignote son retard. Pas de quoi s’inquiéter pour les grands favoris, mais Dan Martin est en forme et il le montre. On l’a même surpris à imprimer le tempo des favoris dans le mur de Péguère. Dans les Alpes, il ne sera pas favori, mais attention, l’Irlandais ne cesse de surprendre.

Mikel Landa : 08,5/10

Le Basque a eu des fourmis dans les jambes durant son passage dans ses Pyrénées natales. Il a même pris du temps à son leader Chris Froome à Peyragudes, puis à Foix. Au point que certains ont cru que l’Espagnol assassinait son patron en direct. Mais Landa a accepté de venir à l’arrière aider son collègue maillot jaune hier. Ménageant parfaitement chèvre et choux, Landa s’est imposé comme un vainqueur potentiel tout en prouvant sa loyauté. Malin.

Trek : 08/10

On l’avait enterré la semaine dernière, mais l’équipe américaine passe le rattrapage avec mention. Un Alberto Contador à l’attaque et qui reprend du temps, un John Degenkolb deuxième du sprint à Bergerac et cerise sur le gâteau, un Bauke Mollema vainqueur hier au Puy-en-Velay. Les troupes de Luca Guercilena sont en très grande forme.

Rigoberto Uran : 08/10

L’énigme Rigoberto Uran commence à s’éclaircir. Le Colombien a le niveau. On lui promettait les enfers dans les Pyrénées, il termine deuxième à Peyragudes, derrière Romain Bardet. Les étapes nerveuses pouvaient lui coûter cher, il gagne du temps à Rodez sur le Français et sur le maillot jaune Fabio Aru. Hier encore, il semblait fringuant, puisqu’il était le premier à sauter dans la roue du coureur d’AG2R au sommet de Peyra Taillade. Le Colombien est encore là, même si ses prises d’initiative sont à compter sur les doigts d’une main. Seul défaut d’une copie propre, mais sans envergure.

Chris Froome : 07,5/10

Depuis dimanche dernier, rien n’a changé sur le plan comptable, et pourtant, il y a eu des péripéties. Les jambes trop lourdes pour décoller sur l’altiport de Peyragudes, aériennes à Rodez et électriques au col de Peyra Taillade, le Britannique a connu le meilleur et le pire cette semaine. Même si au final, le Kenyan Blanc est dans une situation idéale avant d’entamer les Alpes avec son armada Sky. Ses adversaires le savent désormais : l’armure jaune du chevalier Froome n’est pas indestructible.

Fabio Aru : 07/10

Plus de dolce vita pour l’Italien. Si à Peyragudes, il a bénéficié de la défaillance de Chris Froome pour s’habiller de jaune, il a vite déchanté. Désormais seul ou presque dans son équipe Astana, après les abandons de Fuglsang et de Cataldo, le Sarde a failli à sa réputation en restant bien sagement dans les roues à Foix ou au Puy-en-Velay. Un terrain de jeu à son envergure s’approche désormais. À Fabio Aru d’y montrer son esprit offensif pour devenir le major de promo du Tour 2017.

La Movistar : 03/10

C’est un SOS, je répète, c’est un SOS. Le navire Movistar a pris l’eau sur cette deuxième semaine. Nairo Quintana a même coulé hier, terminant à plus de quatre minutes des favoris, loin, très loin de son meilleur niveau. Mais le naufrage est collectif. Les Movistar sont invisibles, submergés par la masse des coureurs. Ils ne prennent jamais d’échappées, sont rapidement lâchés et sont loin des premiers rôles auxquels ils étaient promis en juillet. L’équipe espagnole risque bien de terminer le mois avec un zéro pointé. La malchance du premier jour n’explique pas tout.

La concurrence de Kittel : 02/10

Oui, Marcel Kittel est impérial. Oui l’Allemand est invincible. Mais quand même… Pourtant mal placé sur les deux sprints de la semaine, le maillot vert s’est facilement imposé à chaque fois. Depuis le départ de Démare, il n’y a plus la moindre contestation. Seul Dylan Groenewegen conteste mollement les bouquets du sprinteur de Quick-Step. C’est dire. André Greipel semble avoir à porter le poids des ans, Bouhanni celui des blessures et les autres se complaisent dans leur médiocrité. Edvald Boasson Hagen levant le bras pour fêter sa troisième place à Pau est l’image bien triste illustrant ce constat d’impuissance générale.

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