Depuis deux semaines, Simon Yates fait à peu près ce qu’il veut sur les pentes du Giro. Problème : peu de monde semble se réjouir de l’éclosion inattendue du Britannique. À chaque démonstration du grimpeur de Mitchelton-Scott, des voix anonymes trustent les sections commentaires et les réseaux sociaux pour crier « Dopage ! ». Et pourtant, jusqu’à preuve du contraire, il est présumé innocent.
Douter en toutes circonstances…
Soyons honnêtes, Simon Yates aurait pu bénéficier d’un contexte plus favorable pour devenir un potentiel vainqueur d’un grand tour. Le cyclisme britannique, plombé par l’affaire Wiggins, est dans le collimateur du public. Le contrôle positif de Chris Froome sur la Vuelta 2017 pour une prise excessive de salbutamol n’a pas arrangé les choses. Pire, cela a même une répercussion négative sur l’actuel porteur du maillot rose. Comme le quadruple vainqueur du Tour, Yates est asthmatique et a déjà été contrôlé positif pour avoir pris un produit lié à cette maladie, la terbutaline. C’était en 2016, lors de Paris-Nice. Le coureur et son équipe avaient plaidé « une erreur administrative », affirmant que leur médecin n’avait pas signifié d’exemption thérapeutique. L’UCI a alors reconnu le dopage « non-intentionnel » et Yates s’en était tiré avec quatre mois de suspension.
Qu’on défende ou qu’on pourfende Simon Yates en ce mois de mai 2018, nous sommes tous obligés d’admettre qu’il s’agit là d’une casserole. Une qui s’ajoute au passé de coureur de Matthew White, directeur sportif de l’équipe Mitchelton-Scott, qui a reconnu s’être dopé à l’époque où il courait avec Lance Armstrong à l’US Postal. Mais cela ne suffit pas à remettre en cause la probité de l’équipe australienne, qui n’a connu aucune autre affaire de dopage en sept saisons sur le World Tour. S’il faut la remettre en cause, ce n’est pas avec des accusations hasardeuses et diffamantes. Une telle assertion mérite une enquête documentée et nous sommes les premiers à espérer qu’en cas de faillite des instances sur ce dossier, un journaliste se mue en David Walsh pour confirmer ou infirmer les soupçons.
…sans céder à l’hystérie
S’il y a un loup, il faudra du temps avant de le débusquer. En attendant, il s’agirait de ne pas brandir le drapeau rouge à chaque fois qu’un homme roule plus vite qu’un autre. La victoire au panache de Yates à Sappada détonne. On avait peut-être perdu l’habitude de voir une étape de montagne avec un leader aussi peu attentiste. Partir du principe que cela est le fruit du dopage, c’est considéré que tout ce qui est enthousiasmant est louche. Deux ans plus tôt, Steven Kruijswijk qui ne comptait pas davantage de références dans le peloton avait une avance encore plus importante au moment d’aborder la troisième semaine du Giro. L’année suivante, Tom Dumoulin avait aussi créé la surprise en tenant tête à Nairo Quintana et Vincenzo Nibali en haute montagne avant de les terrasser sur les chronos.
Le cyclisme est encore meurtri par le dopage. Les tourments du passé sont tels qu’il n’est plus possible de ne pas douter de la moindre réussite. Pourtant, il n’y a aucune hypocrisie à encenser Yates. Dans n’importe quel sport, le spectacle devant nous n’est jamais écrit à l’avance et c’est en ça qu’on y trouve son intérêt. Croire qu’un scénario cousu de fil blanc est le signe d’une course plus propre, c’en est presque malheureux. Le temps viendra certainement mettre au clair les soupçons qui planent, en attendant, nous vous invitons à profiter, sinon tout cela serait bien vain.
Merci d’avoir rappelé ces quelques faits. Votre travail de chroniqueur ou de journalistes est bien compliqué. J’aimerais savoir combien d’entre vous croient réellement en la probité de yates? car enfin, il nous fait du ricco l’anglais, ses temps d’ascension ainsi que ses accélérations incroyables ne peuvent tromper les observateurs avertis que vous êtes. Vous le croyez, yates quand tout sourire il vous dit qu’il est épuisé? franchement on se gondole.
Il n’est d’ailleurs que l’avant garde des nouvelles révélations Roglic où Bernal, qui seront bientôt aussi forts que les chaudières des années 2000.
On aura bientôt un remake sur le tour du duel Rasmussen-contador 2007 au col de peyresourde, et on ne manquera pas de superlatifs pour qualifier le spectacle.
Mais voilà, où sont les preuves comme le demandait un célèbre Texan?
Hormis les watts qui s’envolent, les progressions fulgurantes de quelques uns, au delà de toute logique, la résignation bien compréhensibles des autres coureurs, et bien point de preuve.
Vous êtes donc contraints ou vous vous bornez à nous vendre la balade de simon yates, dont on va espérer une éventuelle vrai fausse défaillance en troisième semaine. Ce qui n’arrivera pas si les médecins ont bien fait leur boulot. Ou éventuellement si l’anglais décide de laisser quelques accessits à ses concurrents, histoire de leur rendre la soupe moins amère à avaler.
Si vous voulez sortir de ce dilemme, ne restez pas en surface des choses, expliquez au public en quoi les attaques bouches fermées de yates sont des impostures, ce que cela suppose sur le point physiologique..
Ne soyez pas dupes des éléments de langages que nous servent les plus cyniques de ce milieu. Demandez si il le faut leur avis à des scientifiques, des experts indépendants du monde professionnel.
Sinon vous ne faîtes que commenter l’écume des choses, pire, vous participez à ce cirque qui n’est plus du sport.
Bon courage pour la fin de ce giro.
Malgré tout ce que peut apporter un dopage, aussi bien mécanique que chimique/pharmaceutique, il ne rend pas invincible pour autant. Par exemple lorsque je vois certains revenir sur toutes les victoires de Froome (et même si je n’aime pas ce coureur) il ne faut pas oublier que cela reste très difficile d’être toujours bien placé, de ne pas chuter, de ne pas avoir d’ennui mécanique, et ce pendant 3 semaines (et donc 4 fois 3 semaines pour Froome si on prend le TDF comme exemple).
Du coup lorsqu’on doute des résultats de Yates, on peut également nuancer cela par un excellent placement, une bonne équipe autour de lui, et pour le moment de la réussite.
Bref, ne faisons surtout pas de raccourcis en pensant que dopage = victoire. Déjà parce que ça me semble réellement bizarre que seuls quelques coureurs aient accès à des produits miraculeux, mais surtout car malgré ce potentiel atout, il reste énormément d’autres facteurs à contrôler pour espérer une victoire finale.
Comme je suis d’accord avec toi. Je te remercie de mettre sur la table les cas Roglic et Bernal qui sur le tour de Romandie ont eu des accélérations et des temps d’ascension qui me font craindre le pire. En ce qui concerne Yates ce n’est pas son audace et sa domination en montagne qui me font penser qu’il est dopé, d’autant que les écarts qu’il créé ne sont franchement pas énorme. Mais c’est davantage cette génération d’anglais qui a déferlé sur le cyclisme comme par enchantement depuis les JO de Londres et que ASO (et les institutions du cyclisme en général) ait décidé de conquérir le marché d’outre-manche. Il procède toujours de la même façon. Fin des années 90 il veulent conquérir le marché américain, on sort une équipe avec un relent national et un super champion qui gagne le tour de France plusieurs fois et une génération de top coureur (Leipheimer, Landis, Hamilton etc.) qui gagneront des course annexes pour justifier la domination. Une fois que le marché est conquis, une affaire sort, les coureurs trinquent (autant ceux qui sont condamnés que ceux qui auraient pu gagner et a qui on enlève le plaisir de passer une ligne en premier) mais l’entreprise a créé son business, les habitudes sont là, le marché tourne, le cash rentre. on peut imaginer la même affaire Amstrong avec Sky et Froome. Mais c’est pas grave on sera déjà en conquête du marché Chinois, Sud africain ou que sais-je. Mais le plus grave dans tout ça c’est que le dopage affecte toute la chaîne de sportif en amont et donc les enfants et jeunes adultes qui pour pratiquer leur sport sont obligés de se conformer à certaines pratiques et cela entraîne des conséquences désastreuses d’un point vue santé. eh oui je hiérarchise le dopage. Pour moi le dopage chimique est plus grave que le dopage mécanique car l’un affecte la santé de tous les sportifs et l’autre est un problème moral.
@Tywin et donc, Roglic c’est pour conquérir le marché slovène? Les nations historiques n’ont elles pas eu aussi leurs lots d’affaires dans les 90/00s au moins aussi graves que les américains? Ne pas aimer la mondialisation du cyclisme professionnel est une chose, mais je vous trouve assez caricatural dans votre commentaire, comme si elle était responsable de tous les maux.
Pardonnez moi, vous m’avez mal lu ou je me suis mal exprimé. Ce n’est pas l’arrivée de coureur provenant de nouveau horizon qui me déplaît, bien au contraire. c’est la création d’équipe et de champion « hors sol » pour développer un marché sur une population à fort pouvoir d’achat qui me dérange. Et je dénonce le fait que c’est l’ensemble des coureurs professionnels ou non qui en font véritablement les frais au prix de leur santé. En somme je ne dénonce pas LA mondialisation au sens large mais UNE mondialisation sur une logique uniquement financière qui sévit au détriment de la crédibilité de ce sport et de la santé des coureurs. En outre lorsque j’évoque le nom de Roglic ce n’est pas dans ce cadre là mais seulement pour appuyer un précédent commentaire car ses prestations font naître en moi des craintes, voila tout.
Je suis moi aussi septique, mais en revanche, les watts ne s’envolent pas, on est loin des chiffres des années EPO. Sur le zoncolan, Froome est mesuré a 420watt de moyenne sur la montée (proche de ses efforts sur la pierre saint martin par exemple). Dans les grandes année de dopage, Bjarne riis sur hautacam est enregistrer a 480watt de moyenne sur la montée, Pantani 460 sur l’alpe d’huez, Armstrong souvent aux alentour de 450.
On est quand même loin de ces chiffres. Ajourd’hui si il y’a du dopage c’est a coup d’AUT et de corticos, on est quand même loin des performance d’antan. Au zoncolan, froome aurai pris 1min par Simoni 2007 (40min07 contre 39min05 pour Simoni)
je suis surpris de voir que l’on puisse être surpris des perf de Yates, et j’ ai aussi des doutes, mais elles ne sont pas si extraordinaires. j’attends de le voir en troisième semaine, avec une succession de cols.. car pour l’instant le parcours lui a été favorable . Et puis peut t’on reprocher a un coureur de saisir toutes les opportunités que lui offre le parcours, c’est un puncheur et il en profite…
Par contre s’il pouvait, en effet, arrété de dire qu’ il est fatigué a la fin de chaque étape;. ça fait louche;…et pendant ce temps Pinot vise le podium….
Tout à fait d’accord sur les performances de Yates, il est le plus fort de ce giro mais me semble pas si fort que ça non plus. Hier quand pozzo et Pinot attaque puis roulent 200 mètres à fond ils lui reprennent 20 secondes mais après ils se relèvent de nouveau et Yates reprend 10 secondes. Ses autres attaques se sont faites à max 1.5km du sommet et avec ses qualité de puncheur c’est pas si fou.
Pozzo est sans doute dans une très bonne année mais vu son âge on a une certaine idée de son niveau, dans les très bons mais pas dans les 7-8 meilleurs du peloton grimpeur international, si Pinot et Miguel Angel Lopez sont à son niveau (ou un peu en dessous), Yates était à ce niveau là aussi l’année dernière. Cette année il a manifestement une préparation parfaite et il a progressé, du coup il est plus fort qu’eux mais il leur met pas des mines à chaque fois, souvent c’est que derrière ils se donnent pas à fond (Etna ça se regarde pendant 300-400 mètres avant que ca accélère, hier j’en ai déjà parlé).
« Pozzo est sans doute dans une très bonne année »
Étonnamment Pozzo vient de changer d’équipe. Par la même occasion il a changé d’envergure. Je ne me rappelle pas une fois où il a attaqué quand il était chez AG2R (mais peut-être que ma mémoire me joue des tours). Et cette année, il est toujours devant à l’attaque.
J’aurai tendance à dire que, sur ce Giro, Dumoulin et Pinot sont à leur niveau, celui de l’année dernière et que certains sont au dessus alors qu’on ne les a jamais vu comme ça auparavant.
Pour Froome : Joker. Sa chute du départ a vraiment dû le contrarier. Et comme je l’ai dit au départ du Giro : la Sky n’a jamais eu de chance sur le Giro.
Pozzo a changé d’équipe mais il est parti vers la Bahrein, une équipe pour laquelle je n’ai pas trop de suspicion. Les frères Izagirre sont solides mais n’ont pas tant progressé depuis qu’ils ont quitté la movistar (voir p’tet même un tout petit peu régressé pour Ion), Colbrelli est solide mais surtout mieux entouré, Nibali se maintient mais gagne plus grâce à sa tête qu’à ses jambes et mohoric continue sa progression que sa jeune carrière laissait espérer.
Pour ce qui est des attaques j’ai envie de dire quelles attaques? Je m’en rappelle d’une sur le Tour des Alpes, et sinon il suit les attaques des autres. Des fois il fait un rythme soutenu dans le dernier kilomètre du col parcequ’il a aucun sprint et qu’il préfère être devant pour pas prendre de cassure lors du sprint.
Aussi quitter Ag2R pour retourner dans une équipe plus « italienne » lui a peut-être fait du bien. L’année dernière malgré un niveau bien supérieur on lui a demandé de partager le leadership avec JC Péraud. Même si celui-ci a rapidement abandonné ca peut avoir joué sur le moral de Pozzo. C’est aussi un coureur qui s’est mis sur le tard au CLM et qui donc continue de progresser car même si son physique est stable sa technique continue de s’améliorer. P’tet qu’il a eu une meilleure prépa physique ou un meilleur matériel etc…
Désolé pour tout ces exemples mais c’est pour montrer que vu que sa hausse de niveau est relativement faible il peut y avoir beaucoup d’autres facteurs que le dopage
Mais vous oubliez la très grave chute de Pozzovivo au début du Giro 2015 ?
Dommage qu’il soit limité au sein des coureurs du haut du panier. Il est opiniâtre, toujours présent et il ne lui manque qu’une petite étincelle pour obtenir une belle victoire qui serait méritée.
Bravo, belle palanquée de commentaires de qualité ; j’aime autant voire plus les com sur ce site que les articles !
Ancien coureur, je peux juste dire que l’ensemble du cyclisme a toujours été lié au dopage. Il y a des règles physiologiques qui montre l’évidence. Des 3500 kilomètres à plus 45 de moyenne… à l’eau claire reste un mensonge bien couvert par l’UCI, la, FFC, l’ensemble des sponsors et des médias. La finalité c’est que le seul but reste le rendement et l’argent…avec ses cyclistes devenus des moutons soumis…Un très beau sport exigeant pourri dans son intégralité par ce cancer… Dommage…