Le palmarès du garçon a connu un joli lifting ces dernières semaines. Au départ de ce Giro, Elia Viviani était presque un novice de la victoire sur les grands tours. Il n’avait remporté qu’une seule étape dans sa carrière. Il en a décroché quatre de plus, déjà, sur cette seule édition. La gloire a finalement arrêté de lui poser des lapins. Mais lui a parfois du mal à assumer son nouveau statut.
Pas un leader né
L’image avait étonné autant qu’ému. Après l’arrivée de Gand-Wevelgem, où il avait été battu par Peter Sagan, Elia Viviani avait passé plusieurs minutes en larmes, assis par terre et inconsolable, presque seul au monde. L’Italien assumait mal d’avoir échoué alors que toute l’équipe Quick-Step avait travaillé pour lui. Pas idéal pour aborder le Tour d’Italie, où il était logiquement annoncé comme le plus gros sprinteur au départ. Après sa première victoire d’étape, en Israël, il avait donc laissé échappé ces quelques mots : « Ce matin, je pouvais sembler calme et serein, mais je bouillais à l’intérieur. Tous les journaux italiens me donnaient favori. J’avais même lu ce titre : ‘Tous contre Viviani’. Tout ça me rendait très nerveux… » Le changement de costume, lui qui était jusque-là habitué à celui d’outsider, est presque une tannée pour le sprinteur transalpin.
En rejoignant la bande à Patrick Lefevere, il avait pourtant signé pour ça. « Le départ de Kittel m’a offert une opportunité. C’était la chance de ma vie et de ma carrière », reconnaissait-il pour Cycling Weekly. Mais il fallait derrière assumer, et la tâche n’a rien d’aisée pour un garçon peu habitué au rôle de leader. Quick-Step est une machine à gagner, où les sprinteurs se doivent d’empiler les succès. Chez Sky, Elia Viviani, même s’il gagnait moins, avait aussi moins de responsabilités. Initialement, d’ailleurs, il n’avait pas vraiment prévu de quitter la formation britannique, où son statut de sprinteur numéro un mais devant se débrouiller seul lui convenait plutôt bien. Sauf qu’il avait déjà manqué le Giro l’an dernier, et que le désir de Froome de venir cette saison sur la course rose l’aurait encore condamné. Impensable pour lui l’Italien, qui sortait sans doute de son exercice le plus réussi. Alors il a fallu aller voir ailleurs.
La passe de cinq à Rome ?
Et après cinq mois sous ses nouvelles couleurs, Viviani est le coureur le plus prolifique du peloton. Ce mercredi à Iseo, il a décroché son dixième succès de la saison : déjà le meilleur total de sa carrière sur une année. A Rome, dimanche, il aura même une dernière opportunité de marquer ce Giro, dont il remportera le maillot cyclamen à condition de passer les dernières étapes de montagne. Mission réussie, donc. Son raté sur l’étape d’Imola, où il avait été lâché dès le début de journée pour finalement être absent du sprint, est oublié. Enfin presque. Lors de sa victoire le lendemain, il avait fait signe, sur la ligne d’arrivée, qu’il fallait se calmer. « Après seulement deux mauvais jours, les gens commencent à parler, à demander où je suis, pourquoi je ne suis pas devant, disait-il au micro de la chaîne L’Equipe. Je n’aime pas ça, il ne faut pas juger de cette manière. Les gens doivent comprendre que les athlètes peuvent avoir des mauvais jours. » Beaucoup de sprinteurs n’auraient même pas réagi. Viviani si. Preuve, sans doute, qu’il n’est pas encore totalement à l’aise avec son nouveau statut et la pression qui va avec.
Viviani réussit un quasi-sans daute sur ce Giro, mais il faut néanmoins souligner la pauvreté du plateau de sprinteurs, sans commune mesure avec ce à qui on avait été habitués ces dernières années en Italie (où il y avait toujours au moins un très gros poisson, voire deux en 2016). Viviani a l’intelligence d’en profiter en étant à peu près infaillible, et en pouvant compter sur une équipe létale. Il aurait tort de se priver : c’est comme ça que se construit un palmarès (Bouhanni, Trentin, Meersman et quelques autres en savent quelque chose).
Ceci étant, vous avez raison de rappeler ses larmes de Gand-Wevelgem. Elles contribuent, je pense, à ce que ces récentes victoires soient pleinement appréciées, tant par Viviani lui-même que par le public qui s’en souvient.
ben là c’est lui le gros poisson !
A mon sens sa principale force est son équipe. Quand on regarde le sprint d’hier et qu’on voit Bennett échouer presque à hauteur de son pédalier alors qu’il lance le sprint loin derrière Viviani, on se dit qu’il n’est pas imbattable. Il faudrait juste que la Bora pense à garder des hommes pour former un train plutôt que d’assurer seule la poursuite (avec parfois la lotto nl jumbo).
Beau coureur tout de même, Lefevere a vu juste! Maintenant le plateau de sprinteur a rarement été si faible, et je pèse mes mots sur un grand tour! triste tout de m^me! quand on ne doit pas arriver classé chaque jour, il y a moyen d’enchainer les grand tour plus aisément je pense!
Cette année la stratégie de la Quick-Step même si elle porte ses fruits m’énervent un peu. Ils n’assument jamais leur statut de favoris (et pas que sur le Giro), comptent toujours sur les autres équipes pour rouler avant de surgir à 1km de la ligne et de les sauter car ils sont plus frais. Pareil sur les classiques ils utilisaient leur surnombre pour attaquer les autres équipes mais ne faisaient pas leur part.
Bien sûr ils ont le droit de le faire, et c’est efficace, mais vu la puissance de cette équipe je trouve que c’est des méthodes de charognards. Même dans les échappées ils essayent toujours de ne pas rouler : “désolé mais mon leader est derrière”.
Bah oui, mais si les autres se laissent prendre depuis le début de l’année, je vois pas pourquoi ils se priveraient.
Hier, si personne n’avait roulé sur les différentes échappées qui tentaient le coup, il aurait peut-être fallu que les QS se bougent. Mais non, il y a toujours eu quelqu’un pour faire le boulot à leur place.
C’est plutôt la stratégie des autres équipes qui pose question.
Peut-être, perso j’ai l’impression qu’ils ont l’avantage d’avoir plus de victoires que les autres et son prêts à laisser filer l’échappée plutôt que d’avoir à rouler en disant aux autres : ” vous voulez des victoires d’étapes? roulez, nous on a ce qu’il faut depuis le début d’année”
C’est exactement ça. Et ça s’est toujours fait, c’est considéré comme une bonne technique pour beaucoup. Sur l’étape 2, QS a roulé contre l’échappée et Sénéchal mène le peloton jusqu’au dernier km. Viviani n’est pas juste derrière mais pas loin, avec un gars qui le protège. C’est juste que l’équipe fait pas un train de “bourrin” comme la HTC le faisait avec Cavendish. Ils la jouent plus fine. Et ensuite c’est le vélo, une fois que tu as gagné, tu as un moyen de pression sur les autres équipes et les autres sprinters. C’est naturel, tu as moins a perdre, tu as déjà gagné donc moins de “raisons” de faire les efforts pour ramener les autres équipes… et cette pression augmente au fur et a mesure des résultats. C’est pas très flamboyant mais ça marche. En plus de ça, c’est pas la faute de Viviani si a chaque sprint, y’a un gars qui décide de lancer de trop loin et de lui servir de poisson pilote. Lui, il prend la bonne roue, tant pis si c’est pas celle d’un équipier. Je voit pas en quoi c’est à blâmer, gagner c’est aussi être malin. Pour les classiques c’est différents, ils amènent… Lire la suite »
Et sur la seule échappée qui va au bout (pour le moment), ils arrivent encore à scorer !
Tu parle surement de Vandenbergh haha
Haha ! Exact. Entre autre.
Mais c’est pas sympa j’avoue…
Mais pour moi la pire course de QS niveau stratégie à cette époque c’est la victoire de Stannard devant Boonen et Tepstra (Nieuwsblad je crois)…
Que Viviani pleure, qu’il admette qu’il a eu “un jour sans” tant mieux cela nous change de ces coureurs impavides ne laissant rien paraître de leurs émotions. Je préfère tellement ce genre de réactions plutôt que l’absence de réactions de coureurs au coup de pédale mécanique et sans âme qui n’attirent finalement aucune sympathie de la part du public.