Sur l’Amstel, tout s’est joué dans les derniers mètres. Lors de la Flèche wallonne, idem. Alors on appréhendait le scénario, ce dimanche, de Liège-Bastogne-Liège. Au moment de faire les comptes, les plus pointilleux pourront toujours accentuer le fait qu’Alejandro Valverde est allé chercher sa troisième Doyenne dans le dernier kilomètre ; mais sous des conditions météorologiques chaotiques, le Murcian a enfin assumé ses responsabilités. Après une ribambelle d’attaques du sommet de la côte de la Roche-Aux-Faucons jusqu’au pied de la montée d’Ans, l’Espagnol a su dompter ses compatriotes et l’éblouissant Julian Alaphilippe pour entrer dans l’histoire.
Les attaquants ont de quoi l’avoir mauvaise
Depuis mercredi soir, les critiques auront énormément fusé sur le déroulement des classiques ardennaises, jugées de plus en plus ennuyeuses année après année. Et c’est vrai que les finals du Cauberg ou du Mur de Huy n’avaient rien de très emballant pour les puristes. De là à ce que les remarques les plus acerbes parviennent jusqu’aux oreilles des principaux concernés ? Au terme de l’autrefois mythique triptyque Wanne Stockeu Haute-Levée, l’équipe Astana a lancé les hostilités en déployant les premiers étages d’une fusée bleue censée mettre sur orbite Vincenzo Nibali, en donnant l’ordre à Michele Scarponi et Tanel Kangert de contrer le jeune colombien Chaves. Mais pourtant, après une terrible chute ayant mis au tapis bon nombre d’outsiders et les deux derniers tenants du titre, on a longtemps cru que le format stéréotypé des courses d’un jour modernes allait refaire son apparition. La Redoute, montée au train sur toute la largeur de la route, ne laissait présager rien de bon, et les pentes les plus difficiles de la Roche-Aux-Faucons n’ont pas inspiré grand monde. Mais c’est bien sur le haut de la bosse que Roman Kreuziger a décidé de placer une première banderille. Le Tchèque, vainqueur d’une Amstel au culot en 2014, a montré la voie à bien d’autres audacieux en herbe, convaincus qu’ils ne disposeraient pas de la pointe de vitesse nécessaire pour gagner un tel monument au sprint.
Décantée, la Doyenne l’a alors été, et les stratégies collectives étaient pour le moins tournées vers l’offensive, avec de nombreux groupes de contre successifs derrière un trio Kreuziger-Fuglsang-Caruso. Quand Nibali attaque finalement dans Saint-Nicolas, on croit alors assister au bouquet final, mais la supériorité numérique des grosses écuries a fait son retour au plus mauvais des moments pour des jeunes coureurs talentueux comme Alaphilippe, Bardet ou Meintjes, qui n’ont cessé de courir après toutes les offensives. Les vingt derniers kilomètres auront donné lieu à une réelle course de mouvement, mais dans ce scénario-ci, le grand favori n’a pas douté une seule seconde. Bien aidé par des Katusha qui n’avaient pas prévu l’absence de répondant de leur leader Joaquim Rodriguez, Valverde s’est confortablement installé dans la roue d’un Giampaolo Caruso au four et au moulin, avant d’avaler le dernier attaquant du dimanche parti dans le long faux-plat final, Dani Moreno. Car c’était écrit, en cas de final groupé, El Imbatido était dans un fauteuil pour l’emporter une troisième fois à Liège. De quoi faire enrager les plus actifs de la journée, comme Julian Alaphilippe. Une nouvelle fois très fringuant sur les routes belges, le jeune français de 22 ans s’était quand même bien découvert avant la flamme rouge, et avait fourni un gros effort pour rentrer après la chute massive. Tout comme Kreuziger, cinquième à l’arrivée, ou même Nibali, qui a perdu son pari. Sur les dix premiers sur la ligne, cinq sont quand même restés au chaud jusqu’à la dernière ligne droite. Forcément frustrant.
À 35 ans, Valverde est inépuisable
Une déception compréhensible qui contraste avec la joie forcément immense du vainqueur Alejandro Valverde. Bien qu’attaqué sur ses choix tactiques, l’homme aux trois Flèches a livré l’effort de la victoire à 500 mètres de la ligne, et ne s’est pas loupé. Déjà lauréat de la même manière en 2006 et en 2008, il lui aura fallu attendre 2015 pour décrocher un troisième Liège-Bastogne-Liège, qui le classe au même rang que Léon Houa, Alfons Schepers et Alfred de Bruyne au palmarès de la plus vieille des classiques. Monstre de régularité sur les plus grands rendez-vous du calendrier, et encore plus depuis son retour dans le peloton après suspension, Valverde a tout simplement réalisé la semaine parfaite. Deuxième à Valkenburg, il s’est fait battre par un Michal Kwiatkowski plus rapide, plus jeune et plus fougueux, alors que dans la montée du Cauberg, l’Ibère était sur les talons de Gilbert et Matthews. Mais les autres grands puncheurs du circuit n’auront jamais réussi à le devancer à la régulière ces derniers jours, et le voici qui signe son septième podium – en incluant son printemps 2010 – en neuf participations sur la Reine des Ardennes.
L’an dernier, certains lui avaient même attribué le surnom de Poulidor des classiques au vu de son total de podiums et places d’honneur sur les plus grands évènements. Celui qui n’a remporté qu’un seul grand tour, à savoir sa Vuelta en 2009, ira cependant toujours à la quête d’un podium sur le Tour de France, une compétition qui ne lui a jamais vraiment sourit, malgré l’ascendance interne prise par Nairo Quintana. Puis, il reviendra sur les routes du Tour d’Espagne, sur lesquelles il reste sur deux troisièmes places et une autre de dauphin. Avant d’aborder les fameux Mondiaux, où il essayera de troquer ses six médailles pour l’or. Pour cela, il lui faudra sans doute prendre un peu plus de risques que ces derniers temps. Possédant des qualités athlétiques exceptionnelles, une forte expérience et d’innombrables facilités, Valverde est sans doute passé à côté de très gros succès depuis son retour chez Movistar en 2012. Comme un premier Tour de Lombardie, une première Amstel, un sacre mondial, ou encore une deuxième Vuelta. Mais quand ses rivaux ne se portent pas à sa hauteur dans le money time, son style diablement efficace paye régulièrement. À défaut d’avoir conquis les foules, il lui reste désormais à compléter son palmarès, avant de se voir rattrapé par le poids des années. Et quoi qu’il arrive, il restera l’un des Monsieur Classiques de son temps.
Dommage que la Redoute soit maintenant escamotée régulièrement par les meilleurs !
Sinon la course est devenue intéressante seulement dans les 20 derniers kms. Valverde a bien couru, sans panache, mais parfaitement d’un point de vue tactique. Déçu par Nibali et kwiatowski surtout qui a montré quelques limites lorsque la course se durcit dans les bosses sévères comme St Nicolas.
Coup de chapeau aux jeunes français : Alaphilippe grand animateur a qui il a vraiment manqué peu de choses et Bardet qui revient bien et qui pourra sans doute confirmer en Romandie.
Moi, j’ai trouvé que les Astana ont bien lancés la course… Y a eu une accalmie pendant quelques kilomètres mais dès que Kreuziger a attaqué les hostilités ont repris… Nibali aurait été plus en forme, on aurait eu une course encore plus intéressante mais bon, il est déjà en avance par rapport à l’année dernière mais il aura pas décrocher la doyenne à son palmarès dommage…
Alaphilippe a réagit à de nombreuses, il a dépensé trop d’énergie mais bon on se plaint qu’il n’y a pas assez de mouvement lui au moins il en créait… Mais bon il aurait attendu calmement dans le peloton, il aurait surement gagner (mauvais placement dans le sprint final)… A voir l’année prochaine, mais aussi sur le Tour de France cette si il est sélectionné…
Les Classiques sont terminés ! On arrive au Grand Tour ! Tour de France dans 68 jours…
Dommage, qu’il y est peu de monde à laisser un petit commentaire…
20 derniers kms relativement animés grâce à l’attaque de Kreuziger, dans une sacrée forme hier, et qui ne doit sa modeste 5e place qu’à son manque de punch. Les Katyousha ont essayer de mettre en place une tactique dont le dernier étage Rodriguez aurait dû conclure, mais ils ont peut-être mal joué le coup, car si Caruso collaborait avec Kreuziger et Fuglsang, il pouvait gagner. Dommage pour Fuglsang qu’il ait coincé lors de la dernière accélération de Valverde car il était placé pour un plus bel accessit que sa 9e place, mais il a laissé trop de force dans son accélération de la Côte de St-Nicolas où il a réalisé l’écrémage final. Alaphilippe grande révélation de cette session ardennaise! Derrière, pour un bilan français, Bardet tient parfaitement sa place. Vuiellermoz a montré qu’il était une alternative plausible sur le Mur de Huy pour quelques points WT. Julien Simon a montré aussi de belles capacités dans une course sélective sur LBL. Gallopin trop juste, lui par contre, lorsque la course s’est musclée… Déception pour le coureur de Lotto, mais moins que chez la FDJ, invisible, et qui aura réalisé une campagne de classiques fantomatique de mars à fin avril. Vichot a… Lire la suite »
C’est vrai qu’on a eu une belle course de mouvement à partir du haut de la Roche aux Faucons, mais les hostilités ont quand même mis du temps à véritablement se déclencher. La Roche-aux-Faucons a été escamotée, comme La Redoute – ce qui est moins surprenant, au vu des scénarios de ces dernières années. La tendance à l’attentisme se confirme, et les stratégies d’anticipation se résument à lâcher les chevaux dans St Nicolas. On peut donc regretter le temps des grandes envolées loin de l’arrivée, mais il faut simplement se rendre à l’évidence que l’on ne verra plus les favoris s’expliquer dès La Redoute (à l’image du mano à mano VDB/Bartoli en 1999), notamment depuis l’introduction de la Roche-aux-Faucons en 2008. Depuis lors, on avait tout de même vu des leaders attaquer de loin, comme A. Schleck qui s’en était servi comme tremplin vers sa victoire en 2009, ou Nibali avec son offensive malheureuse en 2012. Dans la montée vers Ans j’ai vraiment cru qu’on allait assister à un gros enterrement de première classe. Après l’attaque de Moreno, personne ne voulait faire l’effort et risquer d’être contré par Rodriguez ou battu au sprint par Valverde. Les Katusha ont bien joué… Lire la suite »
Chez les français, Alaphilippe superbe, Bardet très bon, Simon qui progresse encore, Voeckler qui se bat toujours à la limite de ses forces, Gallopin et Barguil décevants et la FDJ dans la pampa.
Oui, mais souvent pour réaliser de grand et long raid, il faut utiliser des produits non autorisés donc je préfère avoir moins de mouvement mais que ça soit plus propre… Mon avis.. On veut du spectacle mais faut penser au coureur aussi.. des courses plus humaine, on a aujourd’hui et tant mieux !!!
on en a aujourd’hui et tant mieux (faute de frappe)