UAE Team Emirates avait frappé un grand coup en signant pour l’année 2018 Fabio Aru, Dan Martin et Alexander Kristoff. Avec ces recrues stars, la formation émiratie nourrissait de grandes ambitions, notamment sur les grands tours. Sauf que la première moitié de la saison a quasiment tourné au désastre entre petits pépins et grandes désillusions.

Top of the flop

Au sein de ce trio de prestige, Alexander Kristoff est probablement celui qui a été le plus convaincant depuis le début de l’année. Le Norvégien est le seul coureur de l’équipe UAE Team Emirates à avoir gagné cette saison. Le champion d’Europe compte trois succès : une étape à Oman, une autre dans le pays de son sponsor à Abu Dhabi et sa classique préférée, le GP de Francfort (quatre victoires en cinq ans). Ce n’est pas rien, mais on peut attendre davantage d’un coureur de ce rang. Un an plus tôt, il comptait six victoires au même stade de la saison et Katusha-Alpecin, son équipe à l’époque, estimait que sa forme était insuffisante.

En revanche, Alexander Kristoff est passé à côté de sa campagne de classiques pavées. Le sprinteur n’a jamais pu suivre les spécialistes, même sur Gand-Wevelgem. Ses meilleures sensations étaient sur Paris-Roubaix, mais une crevaison suivie d’une chute l’ont éloigné de la course pour la gagne. Faute de mieux, la presse émiratie s’est emballée sur cette victoire à Francfort. Le Khakeej Times, premier journal anglophone du pays, l’a décrite en ces termes : « Alexander Kristoff, de UAE Team Emirates, a régné en maître sur l’Eschborn-Francfort et, ce faisant, a remporté son quatrième titre consécutif sur cette classique historique en Allemagne. Sa superbe démonstration de force lui a valu non seulement une place sur le podium, mais aussi une place dans les livres des records du cyclisme. » On a connu plus clinquant…

Martin attend son Tour

Si les classiques flandriennes n’ont pas souri à Alexander Kristoff, que dire des classiques ardennaises pour Dan Martin. Le coureur irlandais, deuxième de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège en 2017 a terminé cette fois-ci loin du top 10 (61e et 18e). Sur le site d’UAE Team Emirates, le transfuge de Quick-Step Floors a invoqué la malchance à chaque fois. Sur la Flèche, une chute devant lui l’a retardé avant l’ascension du mur de Huy. Sur la Doyenne, une crevaison l’a plombé quelques kilomètres avant la côte de Saint-Nicolas.

Reste que les résultats du grimpeur/puncheur irlandais laissent à désirer avec une 14e place en Algarve, un forfait sur Paris-Nice, une 38e place sur la Catalogne (son pire classement en dix participations) et une 10e place en Romandie – où UAE a terminé meilleur équipe. Cette dernière performance pousse néanmoins Martin à l’optimisme avant de débuter sa préparation pour le Tour de France. « C’est drôle que mon premier podium avec l’équipe soit un classement par équipes, explique t-il à Cyclingnews. Espérons que ça soit un bon signe pour la suite. J’étais diminué toute la semaine car je suis malade depuis les classiques, mais je dois juste être plus régulier. C’est aussi la fin d’un très long bloc de course pour moi, mais c’est un bon bloc pour le Tour. »

Le faux Aru

Le plus gros échec de ce début de saison, c’est la contre-performance de Fabio Aru sur le Giro. A la différence d’un Yates ou un Pinot qui ont vécu des belles heures sur les routes italiennes avant d’imploser, le coureur italien n’a jamais vécu un jour avec les jambes qui l’avaient mené à la deuxième place en 2015. Largué au général avant le diptyque final dans les Alpes (27e), Aru a abandonné au début de la 19e étape. Avant cette issue fatidique, le Sarde semblait désemparé au moment de trouver une explication à cette défaillance : « Je n’avais pas de forces, pas les jambes pour être avec les meilleurs. Avec l’équipe, nous devrons voir quelles en sont les raisons mais une chose est sûre: le Fabio Aru de ce Giro n’est pas le vrai. Il doit y avoir une explication par rapport à ce que j’ai pu montrer dans les grands tours des années précédentes. Je pense avoir fait beaucoup de sacrifices pour ce Giro, avoir fait tout ce qu’il fallait mais je ne suis pas une machine. »

Cet échec jette un froid dans le projet émirati. Carlo Saronni, le manager général d’UAE Team Emirates, avait annoncé deux objectifs pour cette année 2018 : être dans le top 10 du classement par équipes du World Tour et viser les podiums sur les grands tours. A mi-parcours, la formation venue du Golfe n’occupe que la 15e place et vient de griller une de ses meilleures cartouches sur trois semaines. Désormais, UAE, à l’image de ses leaders, cherche un second souffle. L’héritière de la Lampre anticipe déjà le marché des transferts. Cette semaine, la presse italienne a mentionné l’arrivée de Carlos Betancur, plutôt en vue sur le Giro, dès le 1er août. En attendant le mercato, si l’équipe émiratie veut éviter le flop retentissant, elle doit trouver un moyen, autre que financier, d’être à la hauteur de ses ambitions.

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