Le changement de parcours des championnats de France a fait le bonheur d’Arnaud Démare, costaud depuis la reprise de la compétition il y a bientôt un mois et qui vient concrétiser sa belle forme en décrochant un troisième titre de champion national. De quoi regretter qu’il ne soit pas au départ du Tour de France, dans une semaine.

Affamé

Julian Alaphilippe a tout tenté mais il n’y avait rien à faire. Par deux fois, dans les cinq derniers kilomètres, il a écrasé les pédales, fait frétiller ses jambes jusqu’à dodeliner sur son vélo, tout ça avec un seul objectif, faire en sorte qu’Arnaud Démare ne soit plus dans sa roue. Constamment retourné pour jauger l’écart avec le déjà double champion de France, Alaphilippe a dû y croire, au moins pendant un instant. Mais le sprinteur de Groupama-FDJ était trop fort. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il n’a eu besoin de personne, parce que son équipe a maîtrisé la course quasiment toute la journée et que Bryan Coquard lui a donné un relais bienvenu dans le final, mais le Picard était une jambe au-dessus des autres, ce dimanche. Il n’aurait sans doute pas été champion de France à Plumelec, sur le parcours initial, mais rien ne disait non plus qu’il l’emporterait à Grand-Champ, sur un tracé qui n’était pas tout à fait destiné aux sprinteurs.

Mais Arnaud Démare est frais comme un gardon en cette fin d’été qui, d’ordinaire, voit les cadors bouillis après le printemps et le Tour de France. Lui avait à moitié débuté sa saison au Tour UAE, en février, bloqué par le début de l’épidémie de coronavirus. Ce qui devait être sa mise en bouche est alors devenu la seule course qu’il a eu à se mettre sous la dent dans une période de neuf mois. Evidemment, quand il a retrouvé la compétition à Burgos, le bonhomme avait des fourmis dans les jambes. Il est passé tout près de la victoire en Espagne, s’est rattrapé sur Milan-Turin, a survolé le Tour de Wallonie. Il fallait donc voir venir comme une grosse maison ce titre national, le troisième en six ans, un tous les trois ans, régularité infaillible. Voilà Arnaud Démare triplement sacré, ce qu’il est le seul à avoir fait dans le peloton actuel. Dans l’histoire, il n’y a même plus qu’un seul homme devant lui, Jean Stablinski, quadruple champion de France dans les années 1960.

Triplé, Groupama-FDJ intouchable

Alors certains vont tirer la langue, ce soir. Julian Alaphilippe décroche un deuxième podium et pourrait commencer à se dire, à 28 ans, que ce titre manquant va vite devenir une anomalie dans son palmarès. Bryan Coquard, lui, presque aussi fort que Démare, doit regretter d’avoir loupé ce qui aurait été la plus belle victoire de sa carrière, un sentiment qu’il a déjà connu sur les Champs-Elysées et qui va vite devenir énervant. Mais il n’y avait pas grand-chose à faire face à cet Arnaud Démare, qui regardera le Tour à la télé, les ambitions de Thibaut Pinot obligent, avant d’aller sur le Giro pour la deuxième année consécutive. Il y a un petit pincement au cœur de ne pas voir le Picard au départ de Nice, dans six jours, surtout vu sa forme et le profil accidenté de nombreuses étapes. Mais on est à peu près sûrs que Marc Madiot n’y pense pas, ce soir. Lui voit le résultat et le fait que son équipe a décroché sept des dix derniers maillots tricolores.

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