Au mois de janvier, nous ouvrions le débat autour de cinq transferts qui nous avaient marqué durant l’intersaison. Certains, dans la rédaction, pensaient que ces coureurs faisaient un bon choix, d’autres non. Onze mois plus tard, il est temps de voir ce qu’il en est. Un bilan pas définitif mais instructif.

Kittel s’est planté

« Quelle mouche a bien pu piquer Marcel Kittel », se demandait Adrien Godard au moment d’évoquer l’un des transferts surprises de l’hiver. Et on a continué de se poser la question tout au long de la saison. Avec seulement deux victoires, le sprinteur allemand a été méconnaissable. Mais il n’a pas non plus été beaucoup aidé par sa nouvelle équipe, Katusha, qui a vécu une saison cauchemardesque ponctuée de seulement quatre succès. Un an après un choix que l’on avait du mal à expliquer, la conclusion est donc sans appel : quitter Quick-Step, quand on en est le sprinteur numéro un, est tout sauf une bonne idée. Mais c’est à croire que l’information n’a pas circulé comme il faut, puisque Fernando Gaviria a pris la même décision il y a quelques semaines.

Verdict : c’était une très mauvaise idée.

Landa a fait sa place

Après son Tour de France éblouissant à l’été 2017, Mikel Landa avait l’embarras du choix. Désireux de quitter une équipe Sky où on ne lui faisait pas confiance, il a pourtant choisi le challenge en signant chez Movistar, déjà pourvue de deux leaders. C’était culotté, et pendant plusieurs mois, on a pensé qu’il serait encore bridé par les stratégies d’équipe, cette année. Mais finalement, la Grande Boucle venue, Quintana a très vite montré ses limites et Landa a pris le leadership. La suite, à savoir une septième place loin d’être satisfaisante, n’est que de son ressort. « Il serait bête de ne pas donner sa chance à un Landa qui n’a encore jamais gagné, mais qui a prouvé », soulignait Robin Watt. Et Eusebio Unzué, manager de Movistar, n’a pas tremblé au moment de distribuer les cartes.

Verdict : c’était une bonne idée pour Landa, qui peut compter sur une grosse équipe, peut-être moins sur Movistar, qui doit rester sur sa faim.

Barguil, chouchou déchu

C’est sans doute le transfert qui a le plus étonné. Au cœur de l’été, il avait annoncé quitter Sunweb pour Fortuneo, en deuxième division, quelques semaines seulement après un Tour de France resplendissant. « Je sais que beaucoup prennent ça comme une régression », disait-il dans L’Equipe. En cette fin d’année, difficile de leur donner tort. Le Breton a connu une saison blanche, où l’on aura attendu jusque juillet un rebond qui n’est jamais arrivé. « Le choix du meilleur grimpeur du Tour ressemble bien plus à de la sécurité qu’à un excès d’ambition », regrettait Adrien Godard en janvier. Définir la part de responsabilités de chacun dans cet exercice complètement raté est toujours délicat. Mais à l’heure des bilans, il n’y a pour le moment aucun gagnant dans cette affaire.

Verdict : c’était une mauvaise idée.

Aru a joué avec le feu

« Pas mal de risques pour finalement pas grand chose. » C’est en ces mots que Robin Watt résumait le choix de Fabio Aru, passé d’Astana à UAE Emirates à l’intersaison. Et c’est toujours ce qui ressort onze mois plus tard. La saison 2017 de l’Italien n’avait pas été fantastique, mais elle n’était pas à jeter à la poubelle. Sa première sous ses nouvelles couleurs, en revanche, a été une succession de désillusions. Le Giro, la Vuelta, le Sarde a tout raté, jusqu’à ne pas être sélectionné pour les Mondiaux à Innsbruck. Sa fiche de paye, depuis son arrivée dans l’équipe émiratie, est sans doute plus attrayante encore que celle qu’il avait du côté d’Astana. Mais à part ça, il n’a rien gagné. Pendant ce temps, Miguel Angel Lopez l’a parfaitement remplacé au sein de la formation kazakhe.

Verdict : c’était une mauvaise idée.

Gallopin a bien fini

Au moment de répondre au sondage qui accompagnait notre débat, 82 % d’entre vous, lecteurs, pensiez que l’arrivée de Gallopin chez AG2R était une bonne idée. Et le Français ne s’est pas loupé. Sa saison n’a pas été parfaite, la faute en partie à quelques blessures malheureuses qui l’a empêché, surtout, d’être au meilleur de sa forme au mois de juillet. Sur les flandriennes notamment, il n’a pas non plus été le lieutenant précieux dont avait besoin Oliver Naesen. Mais sa fin d’année a été brillante, avec une Vuelta de haute volée (une victoire d’étape, 11e à Madrid) et un rôle de gregario de luxe parfaitement assumé lors des Mondiaux. A 30 ans, Tony Gallopin a réussi son retour en France et Vincent Lavenu peut se féliciter de son joli coup de l’hiver.

Verdict : c’était une bonne idée.

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