Après son été incroyable qui l’a fait changer de dimension, Warren Barguil aurait pu signer à peu près partout en World Tour. Il a même eu de très grosses offres financières venues des émirats, mais a préféré refuser. Dans sa tête, il ne pouvait y avoir que Fortuneo et un retour au bercail. Un choix qui a surpris.
Une mauvaise idée par Adrien Godard
Double vainqueur d’étapes sur le Tour et maillot à pois sur les Champs-Elysées, Warren Barguil est devenu le nouveau chouchou du public français. L’engouement populaire dont il bénéficie désormais n’est pas sans rappeler un certain Richard Virenque, qui connaissait très bien la tunique blanche à pois rouge. Approché par de nombreuses équipes, Barguil a décidé de poursuivre, à 26 ans, sa carrière au cœur de sa Bretagne natale, avec l’équipe Fortunéo d’Emmanuel Hubert. Un choix qui peut apparaître décevant alors qu’il était l’un des coureurs clés d’une des meilleures formations du peloton World Tour. Si ce transfert lui garantit le statut de leader sur l’intégralité des courses qu’il va disputer, et éviter des déconvenues comme il a connu sur la dernière Vuelta en n’attendant pas Wilco Keldermann, il semble toutefois qu’il l’oblige à revoir ses ambitions à la baisse.
Avoir 26 ans dans le cyclisme moderne signifie que ses meilleures années sont à venir. Visiblement, Warren Barguil n’a pas décidé de les passer à tout prix en haut de l’affiche, à nourrir des ambitions sur trois semaines, lui qui a des qualités de récupération bien au-dessus de la moyenne. Lever les bras sur le Tour devrait être à nouveau son objectif. Il souhaite courir dans l’Hexagone, participer aux manches de Coupe de France et faire en sorte que cet élan populaire, entamé il y a six mois, se poursuive. Au niveau sportif, il sera difficile pour le Breton de faire aussi bien qu’en 2017. Même s’il s’est beaucoup débrouillé seul, il ne pourra que trop peu compter sur des éléments forts, capables de l’accompagner en haute montagne. Et son rêve de remporter une classique ardennaise, Liège-Bastogne-Liège en tête, s’annonce ardu avec le maillot Fortuneo. Le choix du meilleur grimpeur du Tour ressemble bien plus à de la sécurité qu’à un excès d’ambition.
Une bonne idée par Alexis Midol-Monnet
Après plusieurs saisons de galère, la reconnaissance est enfin venue pour Warren Barguil. Le grimpeur de poche breton, promis à un avenir radieux depuis sa révélation sur la Vuelta 2013, avait d’abord tenté de franchir les étapes conventionnelles du jeune espoir afin, un jour, de pouvoir tenter sa chance au classement général d’un grand tour. Huitième en Espagne l’année suivante, puis quatorzième du Tour en 2015, Barguil semble être en capacité de signer des résultats intéressants, mais sans la manière. Et ça, l’ancien coureur de la Sunweb l’a bien assimilé. Un temps protégé dans l’équipe néerlandaise, l’ascension fulgurante de Tom Dumoulin a rebattu les cartes en interne. Wilco Kelderman désigné comme doublure officielle, il n’y avait vraisemblablement plus de place pour un Barguil fantasque et sans doute moins en phase avec les conditions de préparation minutieuses d’une formation qui a littéralement changé de dimension.
À 26 ans, le temps était sans doute venu pour découvrir un autre environnement et tourner la page germano-néerlandaise, marquée par de bons et mauvais souvenirs, dont cet effroyable accident à l’entraînement durant l’hiver 2016. Les propositions de contrat ne manquaient certainement pas au sein même de l’élite, mais c’est bien Fortuneo-Samsic que Barguil a choisi. La primauté accordée au « vélo-plaisir », se targue Emmanuel Hubert, le manager d’une équipe qui a su conserver son identité régionale et familiale. Manque d’ambitions, pourra t-on dire, mais certainement une lucidité louable de la part d’un coureur capable des meilleurs exploits mais qui sait également se jauger. Sans doute sait-il qu’il ne remportera jamais la Grande Boucle dans les conditions actuelles. Les batailles entre armadas cadenassées ne lui ressemblent pas, alors, pourquoi ne pas surfer sur sa bonne dynamique pour accumuler les succès sur les courses françaises et porter derrière lui une nouvelle génération symbolisée par Elie Gesbert ? En plus du gros coup médiatique pour ses nouveaux dirigeants, c’est une vision du cyclisme de proximité qu’il tente de sauvegarder. Rien ne l’empêche de sauter à nouveau plus haut fin 2020.
J’ai voté non : bonne idée d’être parti, mais mauvaise idée d’avoir choisi cette équipe.
Au vue de son probable calendrier 2018 (Haut Var, Ardèche, Drome, Paris Nice, Catalogne, Camembert, Finistère, Tro Bro, Flèche, Liège, Dauphiné, Tour), ça semble très largement suffisant pour lui pour arriver en forme sur ses 2 premiers gros objectifs (LBL et le Tour). Le gros hic sera si son équipe n’est pas invitée sur la Vuelta il devra lors passer par un calendrier très franco français (Limousin, Fourmies, Doubs, Wallonie, Isbergues) bien loin du niveau d’un GT pour préparer le mondial. Et il pourrait aussi ne pas y avoir de Lombardie en fin de saison.
bonne idée pour changer d’air dans un cadre qui plaît et avec des libertés assurées. Moins bonne idée si les ambitions étaient de titiller les cadors mondiaux à la régulière.
Pour suivre ton son actu vous pouvez consulter son “nouveau” site internet : https://www.warrenbarguil.fr/
Merci
Indirectement il fait très mal à l’autre équipe bretonne Vital Concept. Vu le soutien populaire qu’il a gagné lors du dernier tour il assure presque à son équipe de gagner sa place. Avec cofidis qui s’est renforcé avec les 2 frères herrada, direct énergie avec calmejane et taramae et l’histoire de ces 2 équipes avec le tour. Une équipe étrangère quand même du genre Wanty qui est solide. Tout ça rend improbable que le pari de Pineau et Coquard marche dès l’année prochaine.
en fait Fortuneo est sur a 100% d’etre au tour grace a Barguil, pas “presque”… D’ailleurs peut-on imaginer le tour en Bretagne sans lui?
donc Vital Concept a peu de chances d’etre au tour, ils sont a la lutte avec Wanty qui a l’avantage a priori
Désormais Barguil est l’assurance vie de Fortuneo. S’il maintient son niveau de 2017, le futur sera rose pour l’équipe bretonne. S’il a une baisse de régime en 2018 ( ce que je ne lui souhaite pas) ce sera plus problématique. en 2019 mais on n’en est pas là. Quoi qu’il en soit, il est certain que Barguil a pris un risque en faisant le choix du coeur.
A comparer quand même avec Rolland qui a fait le chemin inverse en passant de continentale en world tour et qui a le choix absolu, en accord avec son directeur sportif bien sûr, de son programme de course.
Quant à Coquard et à Vital Concept, pour sympathique et bienvenue que soit cette nouvelle formation française, j’ai bien peur qu’ils ne ramassent que les miettes des grandes épreuves du calendrier, du moins pour cette année. Coquard a fait son choix, il devra l’assumer et briller au moins sur les courses françaises.
Si on parle de Rolland, on ne peux pas dire qu’il a de meilleur resultats depuis qu’il est chez Cannondale, on a meme l’impression qu’il a plutot regresse. Etre en WT n’est donc pas synonime de progres. Mais le profil de Barguil est différent, ce sont les resultats de cette année qui nous dirons si son choix est le bon.
Pour Coquard c’est bien plus risque, Vital Concept risque fort de n’etre que si peu d’epreuves WT. Paris-Nice probablement, Paris Roubaix surement, mais sinon zero garanti, meme s’il ne faut pas sous-estimer le carnet d’adresse de Jerôme Pineau
Le choix de Barguil s’inscrit tout de même dans la tendance générale des meilleurs coureurs français, qui semblent de loin préférer pratiquer leur sport dans une équipe française. Ce qui est particulièrement patent dans le cas de Bouhanni et Coquard, qui préfèrent tous deux choisir une équipe française, malgré des offres (sportivement plus alléchantes) de l’étranger.
Il faudrait détailler cette tendance au cas par cas – je pense que Pinot, par exemple, serait psychologiquement incapable de prester dans une équipe étrangère. Mais, dans le cas de Barguil, j’ai un peu peur que cela ne nuise à son palmarès, en lui permettant de se contenter d’être un “grand animateur” du TDF.
Il semblerai que dans la vie, tout n´est pas toujours et forcement une histoire d´argent et de gloire . Longue vie à Barguil et à sa nouvelle equipe !