Dans une équipe Sky toujours aussi pléthorique, Geraint Thomas doit saisir chaque opportunité pour montrer qu’il mérite une nouvelle chance sur trois semaines. Problème, les obstacles sont nombreux. Mikel Landa parti l’hiver dernier, il doit désormais faire face à la concurrence interne de Michal Kwiatkowski et Egan Bernal.

Toujours aussi poissard

Le Britannique n’est clairement pas le coureur le plus chanceux du peloton. Ce dimanche encore, alors qu’il était parfaitement parti dans le prologue du Dauphiné, il a chuté et fait une croix sur la victoire du jour. Et peut-être même davantage, puisqu’en laissant les lauriers de la victoire à son coéquipier Michal Kwiatkowski, il a sans doute laissé filer le rôle de leader pour toute la semaine. C’est pourtant ces jours-ci, en préparation du Tour, qu’il lui faut prouver beaucoup de choses, à savoir qu’il est capable d’enchaîner les étapes de montagne sans sourciller afin de se poser en solution de rechange numéro une pour Christopher Froome. Le passé, surtout en juillet, a montré qu’il pouvait tenir la baraque un certain temps, mais jamais jusqu’au bout. A sa décharge, il devait bosser pour son leader et ça n’a pas aidé. Mais aura-t-il vraiment l’opportunité de jouer sa carte personnelle un jour ?

Il y a quelques jours, Thomas a fêté ses 32 ans et logiquement, la Sky aurait des raisons de regarder vers les plus jeunes pour désigner le successeur de son chef de file. Le Gallois, lui, a tenté de rassurer ses dirigeants sur le Giro, l’an dernier, mais une chute à cause d’une moto avait mis fin à ses rêves de maillot rose. En juillet, après un abandon précoce, c’est l’autre lieutenant de Froome, Mikel Landa, qui avait crevé l’écran, impressionnant à peu près partout et pas loin de monter sur le podium à l’issue du chrono final. Thomas devait s’en mordre les doigts. Le départ de l’Espagnol et l’affaire du salbutamol, à l’intersaison, avait cependant ravivé tous ses espoirs. « Je me suis assis avec Tim (Kerrison) et Dave, et je leur ai dit que je voulais cibler le Tour, disait Thomas cet hiver. Froome sera le leader de l’équipe, mais je veux y aller pour faire le meilleur résultat possible. »

Frustré mais prévoyant

Thomas ne s’était pas arrêté à ces ambitions que certains pourraient juger mal placées, il avait aussi pointé du doigt le fait que toute l’équipe soit désormais ternie par une affaire qui ne le concernait pas. « Je ne peux pas changer ce que font les autres, je peux juste faire, moi, du mieux que je peux », lâchait-il presque désabusé. Mais le garçon n’est pas fou. Il n’a jamais couru le Giro et le Tour la même année, mais il sait à peu près ce qui attend Chris Froome, vainqueur à Rome la semaine dernière et qui se projette désormais sur juillet. Il sait que sur les routes du Tour, son leader pourra craquer à tout moment et dans les grandes largeurs. A ce moment-là, il faudra être celui sur qui le manager Dave Brailsford reportera les ambitions, et autant dire que Thomas, considéré comme la roue de secours depuis le départ de Richie Porte, n’a jamais vu son statut autant contesté en interne. C’est donc tout l’enjeu de ce Dauphiné chez Sky.

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