A la veille du terme d’un Tirreno-Adriatico qu’il est bien parti pour remporter, Michal Kwiatkowski doit se poser beaucoup de questions. Est-ce que lui aussi, comme Geraint Thomas et Wout Poels, pourrait ambitionner de suppléer Chris Froome si le leader devait ne pas pouvoir courir ces prochains mois ? Il aurait tort, en tout cas, de ne pas y penser.

Du Tour à Tirreno

Tour de France 2017. Dans toutes les ascensions ou presque, la même histoire : la Sky roule, roule et roule encore. Et un homme sort du lot : Michal Kwiatkowski. Le Polonais, homme de classiques qui a remporté quelques mois plus tôt Milan-Sanremo, impressionne en montagne. Il ne joue pas le général, et se « gare » quand il a terminé son boulot. Plusieurs fois, il semble même à la limite de poser pied à terre quand il s’écarte de la tête du groupe maillot jaune. Mais son niveau en montagne est bien là. Ce week-end sur Tirreno-Adriatico, ça n’a fait aucun doute. Chris Froome lâché, Geraint Thomas malchanceux, il s’est retrouvé un peu malgré lui à endosser le costume de leader. Avec réussite puisqu’à la veille d’un contre-la-montre qui ne devrait pas lui poser trop de problèmes, il est le leader du général. Du grand Kwiatkowski, en somme.

Alors l’histoire n’est pas complètement nouvelle. Parce que le Polonais s’était révélé en terminant onzième du Tour de France, en 2013, et qu’il avait même failli accrocher Paris-Nice en 2015, seulement battu par Richie Porte. Mais tout ça date d’une époque où il courait pour Quick-Step, là où personne ne voulait véritablement hériter du rôle de leader sur les courses par étapes. Depuis, il a signé chez Sky, où la stratégie est complètement inversée, ne laissant pas vraiment de place à un puncheur-rouleur désireux d’éventuellement prendre son envol sur une voire trois semaines. Du moins, c’est ce que l’on imaginait jusqu’à présent. Mais l’affaire Froome pourrait redistribuer les cartes. Geraint Thomas clame depuis plusieurs semaines déjà qu’il veut aller sur le Tour au moins comme un second leader, c’est à dire en pouvant jouer sa carte personnelle. Kwiatkowski pourrait rapidement nourrir la même ambition.

C’était son plan

En vérité, il semble que le garçon n’ait jamais perdu de vue cette idée. Il nous l’avait confié une première fois il y a un an, juste avant de remporter Milan-Sanremo. « Sky est la meilleure équipe sur trois semaines, il n’y a aucun doute là-dessus. Je pensais que je pourrais apprendre (ici) pas mal de choses sur comment ils ont réussi à atteindre ce niveau de performance. […] J’apprends beaucoup de Fromme, sur sa préparation et sur son comportement en tant que leader. Je pourrai réutiliser ça plus tard. » Il n’avait pas changé de discours quelques mois plus tard, sur le Tour de France. Au contraire, il était même un peu visionnaire. « Si je progresse encore dans les cols et en chrono, je pourrais avoir le premier rôle sur Tirreno-Adriatico ou Paris-Nice, nous prédisait-il. J’y vais petit à petit. » Ces derniers jours en Italie, il n’était pas prévu qu’il joue sa carte, mais il a encore prouvé qu’il s’adaptait en un rien de temps.

De la bouche même de Chris Froome, Kwiatkowski pourrait d’ores et déjà viser le top 5 du Tour. Avec ce qu’il a montré en juillet dernier, on a envie d’y croire. Reste qu’il faut que la Sky lui offre l’opportunité de courir pour lui, et ce n’est pas gagné. Dans la hiérarchie interne, Geraint Thomas semble avoir une longueur d’avance pour être le plan B derrière Froomey. Surtout, depuis cet hiver, le Gallois si souvent poissard ne cache plus ses réelles ambitions. Le Polonais est un peu plus discret, ne parle pas de leadership et compte ses mots lorsqu’il s’agit d’évoquer les affaires qui touchent son équipe. Il va donc peut-être devoir patienter encore un peu pour se voir confier les clés du camion. Petit à petit, comme il le dit si bien. En même temps, lui qui aime prendre exemple sur Froome n’a pas de raison de se presser. Il n’a que 27 ans. A cet âge-là, le Britannique n’avait pas encore remporté le moindre Tour de France.

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