En 2016, Jasper Stuyven remportait Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Il avait 23 ans et se plaçait parmi les espoirs des classiques flandriennes. Mais il aura dû patienter quatre longues années avant d’en décrocher une encore plus belle. C’est désormais chose faite avec le Het Nieuwsblad. Comme un second départ.

Longue attente

Il s’était révélé lors du week-end d’ouverture des classiques flandriennes, et c’est lors de ce même week-end qu’il vient de refaire parler de lui. Entre les deux, Jasper Stuyven n’a pas été transparent, loin de là. Il a beaucoup été placé, tantôt sur les pavés, tantôt sur les sprints – comme s’il ne savait pas exactement dans quelle direction aller. Mais il a très peu gagné, au regard de ce qu’on lui prédisait. Comme quoi apprendre aux côtés de Fabian Cancellara ne fait pas tout. Mais la carrière de Stuyven est ainsi faite, jusqu’à maintenant : les périodes fastes sont souvent aussi courtes que prometteuses. Le printemps 2018 en est un bon exemple : septième du Tour des Flandres, cinquième de Paris-Roubaix, le Flamand impressionne. Son été sera bon, il n’est pas loin de décrocher une étape sur le Tour de France, puis il enchaîne les succès à l’approche de l’automne. Un très bon exercice, qui ne sera pas confirmé l’année suivante.

Pas facile à déchiffrer, Jasper Stuyven. Cela tient aussi à sa personnalité, peu académique. « Ce sont vous, les médias, qui essayez de me mettre la pression », nous expliquait-il en mars 2017 lors d’un entretien. A une époque où Boonen s’en allait, où Gilbert n’était pas encore redevenu un flandrien et où Van Aert ou Evenepoel n’étaient pas là, il apparaissait comme la relève belge sur les pavés. Un costume trop lourd à porter, sans doute, qui a pu expliquer certains de ses échecs. Mais le voilà peut-être en train de s’en débarrasser. Il est désormais une figure connue des flandriennes, surveillé mais pas trop, libéré de potentiels leaders encombrants chez Trek – même s’il devra peut-être faire des concessions avec la présence de Pedersen, champion du monde. Tout est réuni, sur le papier, pour qu’à 27 ans, Stuyven prenne enfin la dimension qui lui a longtemps été promise. Surtout, visiblement plus à l’aise lorsqu’il n’est pas attendu, il peut se réjouir du fait que les yeux sont désormais tournés vers d’autres jeunes espoirs.

L’exemple Van Avermaet

Les plus sceptiques, dans cette histoire, nous rappelleront que le vainqueur du Het Nieuwsblad n’est que rarement celui du Ronde ou de Roubaix, à juste titre. Depuis dix ans, seul Greg Van Avermaet, en 2017, a connu une campagne victorieuse après avoir levé les bras lors de la première classique pavée de la saison. On ne peut pas complètement mettre de côté, non plus, que certains favoris se sont enterrés eux-mêmes, ce samedi, et que d’autres n’étaient même pas au départ, à l’image de Peter Sagan, Mathieu Van der Poel ou Remco Evenepoel, qui seront pourtant trois des attractions des prochaines semaines. Mais Stuyven est venu à bout de Lampaert, ce qui revient un peu à battre Deceuninck-Quick Step, et il s’est rassuré dans le Mur de Grammont, ce qui devrait lui rester en tête tout au long du printemps. L’avantage psychologique n’est jamais éternel, le gain de confiance non plus. Mais il vaut mieux gagner d’entrée et tenter ensuite de faire mentir les statistiques, plutôt que de courir tout le printemps après un succès qui peut ne jamais venir.

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