Lauréat du classement individuel de l’UCI Europe Tour l’an passé, Edward Theuns s’est logiquement vu proposer une promotion en World Tour durant l’hiver. Et le Belge a choisi Trek pour débuter parmi l’élite. Très actif pendant le week-end d’ouverture, il s’est même permis d’attaquer dans le final de la première étape de Paris-Nice. A 24 ans, il est plein d’envie et l’a confié à la Chronique du Vélo.

« La présence de Cancellara a eu son importance »

On est en 2015. En réalisant un numéro sur les routes d’À travers la Flandre, du Grand Prix de l’Escaut ou encore lors de Paris-Tours, Edward Theuns n’a pas laissé indifférent pour sa deuxième saison chez les professionnels. C’est d’ailleurs pour ça que Trek n’a pas laissé passé l’occasion. “On l’avait repéré très tôt dans la saison, on n’a pas attendu cet hiver”, raconte Alain Gallopin, son directeur sportif. Rapidement classé au rang de meilleur espoir belge pour les courses d’un jour, le garçon de 24 ans, déjà grand par la taille, aurait pu souffrir d’un surplus de pression. « A ce niveau-là, maintenant, ça va !, lâche le principal intéressé. J’estime avoir eu une bonne progression depuis quelques années, et j’espère pouvoir poursuivre dans cette dynamique. »

Conscient de ses nouveaux acquis, Theuns se fixe des objectifs précis, sans être trop gourmand. « Je veux être encore un peu mieux que l’an passé, pour aider Cancellara et évoluer auprès de lui, décrocher des victoires sur les courses 1.HC, avant de participer aux grands Monuments. » Et pour ça, Theuns peut compter sur une équipe où beaucoup de jeunes arrivent à maturation, dont son coéquipier et compatriote Jasper Stuyven. Vainqueur d’une étape de la Vuelta et de Kuurne-Bruxelles-Kuurne la semaine dernière, l’autre belge fait partie des proches compagnons de route de Theuns. La paire flamande, bien que réquisitionnée au service du Suisse, compte donc bien saisir un maximum d’opportunités pour s’exprimer. « Dans les courses comme le Grand Prix E3 ou Gand-Wevelgem, avec Jasper, on a vraiment notre carte à jouer, assure Theuns. Fabian est incontestablement le leader sur le Ronde ainsi que sur Paris-Roubaix, mais sur les autres courses, on a nos chances. »

Naturellement, la présence de Spartacus a joué un rôle dans la venue d’Edward Theuns. « Forcément, ça a eu son importance. Quand Cancellara est là, tu sais que tout est réglé pour les classiques, c’est un spécialiste. Les vélos, les roues, les boyaux, tout est minutieusement préparé, s’enthousiasme le natif de Gand. Et puis il y a quand même la place pour des jeunes coureurs comme Jasper ou moi. Je savais que je pourrais jouer ma carte sur toutes les courses de la trempe du Het Nieuwsblad par exemple. » Alain Gallopin, confirme et rappelle l’importance d’avoir l’un des plus grands coureurs des dix dernières années pour encadrer les jeunes. « Quoi qu’il arrive, quand tu cours à côté de Fabian, tu apprends des choses. »

Les objectifs sont donc multiples cette saison. À la fois confirmer les promesses entrevues, ce qui semble en bonne voie après le dernier Het Nieuwsblad, et apprendre de nouveaux savoirs-faire en bénéficiant d’une des meilleures formations possibles pour prendre la relève. Mais il va falloir y aller par étapes. « S’il participe aux victoires de Fabian, ce sera très bien, avance Gallopin. Parce que tu ne peux pas avoir des ambitions personnelles au départ du Tour des Flandres quand tu as Cancellara dans ton équipe, c’est comme ça. » Le Gantois partage ce point de vue, et ne demande qu’à s’impliquer encore plus auprès de son nouveau mentor. « Courir avec Fabian, c’est une grande motivation. J’espère pouvoir gagner une grande course avec lui »

« J’ai fait beaucoup d’entraînements plus longs »

Néanmoins, comme toute recrue venue de l’échelon inférieur, Theuns doit s’adapter aux exigences du World Tour. Pour son premier Tour des Flandres, en 2014, il n’avait pas rallié l’arrivée. Et l’an passé, il avait terminé 91e, à dix minutes d’Alexander Kristoff. La longueur de la course apparaît comme un obstacle qu’il va falloir surmonter. « Ca me fait un petit peu peur, oui, concède-t-il. Mais par le passé, j’ai déjà fait 220 kilomètres à fond, cette fois j’espère pouvoir accomplir vingt kilomètres supplémentaires, et ça devrait passer. J’ai fait beaucoup d’entraînements plus longs cet hiver, je pense que je suis prêt pour les classiques flamandes. » Même son de cloche du côté du staff, qui ne s’alarme pas. « On n’a pas de doutes sur sa capacité à tenir sur 250 kilomètres, rassure Alain Gallopin. C’est une question de maturation et d’entraînement. Mais Edward, c’est un solide, je ne m’en fais pas. C’est un vrai flamand ! » 

Pour autant, parler du futur Cancellara est prématuré. “Je pense que c’est un futur grand sur les classiques. Mais le nouveau Fabian, je ne sais pas s’il existe, tempère Gallopin. Avec Edward et Jasper, on prépare l’avenir, mais on ne cherche pas le successeur de Fabian.” Le garçon, lui, est loin de se poser ce genre de questions. Il ne pense qu’aux flandriennes qui arrivent, où il espère pouvoir tirer son épingle du jeu. Avec dans un coin de sa tête, le rêve d’une victoire sur le Ronde. “C’est forcément une course particulière pour moi qui suis Flamand. Une des plus belles que je pourrais un jour gagner.”

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