La semaine dernière, Peter Sagan a complété sa collection de flandriennes en remportant Paris-Roubaix, et voilà que ce week-end, il pourrait déjà enchaîner en remportant une première ardennaise. Mais au-delà de l’Amstel, celle des trois qui lui convient le mieux, il n’est pour l’instant pas au niveau des spécialistes de cette semaine particulière. Peut-il le devenir ?

Oui par Robin Watt

Peter Sagan passe les bosses. C’est de notoriété publique, il le prouve régulièrement, sa deuxième place à Filottrano, sur le dernier Tirreno, en est juste le dernier exemple en date. Peter Sagan encaisse aussi les courses longues, ses succès sur le Tour des Flandres, Paris-Roubaix ou aux Mondiaux sont même le signe qu’il est souvent celui qui assume le mieux l’accumulation des kilomètres. A partir de là, pourquoi ne pourrait-il pas être performant sur la semaine ardennaise ? Le fait qu’il soit considéré comme l’un des favoris de l’Amstel, d’ailleurs, devrait nous aiguiller : les similitudes entre la classique néerlandaise et Liège-Bastogne-Liège, une semaine plus tard, sont grandes. Et ce n’est pas parce qu’Alejandro Valverde n’a jamais réussi à l’emporter aux Pays-Bas qu’il est impossible de briller des deux côtés de la frontière.

Quand on voit ce qu’est devenu la Doyenne ces dernières années, on peut même se demander si Sagan aurait réellement besoin de perdre du poids pour y être un danger. L’an passé, on mettait en garde les favoris contre la menace Michael Matthews, finalement 4e. Et y’a-t-il vraiment une bosse qui ferait sauter le Slovaque mais pas l’Australien ? Dans une course d’attente comme on en voit depuis plusieurs éditions, Sagan pourrait aisément aligner tout le monde dans le sprint, à Ans, après avoir simplement suivi dans les cotes du parcours. Pour ce qui est de la Flèche, il faut en convenir, tout serait plus difficile, et la métamorphose physique indispensable. Mais Philippe Gilbert l’a fait en 2011, alors s’il décidait de s’y mettre aussi, Sagan, sans devenir un favori de l’épreuve, serait un candidat à prendre au sérieux.

Non par Jean-Baptiste Caillet

Sagan sur les ardennaises, ça serait beau mais la marche semble un peu trop haute. L’Amstel Gold Race est à sa portée, mais en l’état, c’est la seule du triptyque. Difficile d’envisager la victoire ce dimanche, sept jours après un Paris-Roubaix éprouvant, mais dans les années à venir avec un pic de forme printanier retardé, pourquoi pas ? Pour en faire autant sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, le Slovaque va devoir se réinventer. Ses victoires sur le Ronde et l’Enfer du Nord, il les a arraché grâce à des coups de force loin de l’arrivée. Or, sur les ardennaises, il est pratiquement impossible d’en faire autant. Les leaders ont davantage tendance à vouloir s’expliquer dans les ultimes kilomètres et à cadenasser le reste de la course. De plus, Sagan risque d’être handicapé par son physique de sprinteur.

Avec douze kilos de plus qu’Alejandro Valverde par exemple, il ne pourra pas être aussi aérien que l’Espagnol sur l’ascension du Mur de Huy. Ses performances sur des arrivées en côtes lors de Tirreno-Adriatico peuvent lui donner des gages de confiance sur sa capacité à tenir tête aux grimpeurs, mais cette épreuve se situe à une époque où ces derniers sont loin de leur pic de forme alors que Sagan est en pleine préparation pour Milan-Sanremo. Reste qu’avec Sagan, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Sa volonté de vouloir tenter sa chance sur les Championnats du monde en Autriche en est la preuve. Même si ses chances de réussite sur la Flèche et la Doyenne sont minces, sa spontanéité y sera la bienvenue.

Selon vous, Peter Sagan peut-il briller sur les ardennaises ?

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