Attendu comme le messie par tout un peuple, vénéré depuis son arrivée au plus haut niveau, Nairo Quintana, sorte de dieu vivant en Colombie, n’ira sans doute jamais toucher les sommets qu’on lui prédisait il y a quelques années. Le garçon vient de fêter ses 29 ans et parmi les coureurs qui n’ont jamais remporté le Tour de France, on a rarement vu pareil phénomène.
Une obsession
20 juillet 2013. Dans les derniers hectomètres de l’ascension du Semnoz, une silhouette blanche se dandine sur son vélo. De gauche à droite, le coup de pédale virevoltant. La tête haute, sans se retourner, Nairo Quintana, maillot blanc de meilleur jeune sur les épaules, est à quelques secondes de remporter l’étape et de conclure un Tour de France qui l’a révélé aux yeux de tous. Sur les pentes du Ventoux, une semaine plus tôt, il avait déjà été brillant. Le voilà qui en remet une couche, se paye le temps d’une étape le scalpe d’un Chris Froome qui paraissait intouchable. Nairo a 23 ans, il termine deuxième à Paris et tout le monde semble avoir la même certitude : ce garçon-là sera le premier Colombien à remporter le Tour de France. Il n’est pas le successeur de Luis Herrera, non, il est celui qui fera mieux. Six ans plus tard, on n’en est pas encore à l’heure des comptes et très franchement, Quintana a déjà fait mieux que son glorieux aîné. Mais il n’a pas gagné le Tour.
Plus symptomatique encore, il n’a jamais ne serait-ce que porté le maillot jaune. Chaque année ou presque, pourtant, le Colombien est venu sur les routes françaises avec l’espoir de faire trébucher la Sky. Il a toujours échoué. Hasard du calendrier, la seule année où la formation britannique n’a pas remporté le Tour, en 2014, Quintana avait fait l’impasse. Le reste du temps, il n’a récolté que les miettes. D’abord sur le podium, les premières années, de plus en plus loin, ensuite. Le Tour tourne à l’obsession, pourtant, dans l’esprit du bonhomme. « C’est une année particulière pour moi car l’échec n’est pas permis. Une victoire sur le Tour est devenue une nécessité », dit-il il y a un an dans les colonnes de L’Equipe. En 2017, avec le Giro dans les pattes, il n’avait été que l’ombre de lui-même au mois de juillet. Il veut donc corriger le tir. Se persuade que son heure est arrivée, qu’il a appris de ses erreurs. Mais à Paris, Nairo termine dixième, avec une victoire d’étape comme seule consolation.
Allégorie de l’espoir
Comment s’en satisfaire ? Le monde du vélo avait promis à Quintana le rôle de bourreau de la Sky. Mais depuis sept ans, rien n’a changé. Pire, ça ne va pas en s’arrangeant. Alors les défenseurs du Colombien sauront, on n’en doute pas, ressortir le palmarès du garçon, vainqueur d’un Giro et d’une Vuelta, pour le comparer à celui de Romain Bardet ou Thibaut Pinot, nés la même année, eux aussi montés sur le podium du Tour, mais qui eux non plus n’ont pas fait vaciller la Sky au mois de juillet, et n’ont même pas été capables de remporter une autre course de trois semaines. Sauf qu’en 2013, on ne mettait pas tous ces coureurs dans le même panier. Quintana devait être le grimpeur ultime, celui qui marche sur la concurrence, qu’elle se fasse appeler Froome ou pas. On s’est vraisemblablement emballés. C’est tout ce qu’on peut confesser aujourd’hui, à défaut de comprendre pourquoi Nairo était plus fort à 24 ans qu’à 29.
L’été dernier, c’est donc comme si tout le monde avait pris conscience que Quintana ne gagnerait jamais le Tour de France. Parce qu’il n’avait plus d’excuse, qu’il avait tout mis en place pour enfin aller chercher ce maillot jaune et qu’il s’est manqué de beaucoup. Ca na changera pas grand chose, ni aux discours de Movistar et du Colombien, qui en ce début de saison, nous resservent la même soupe : l’objectif est le mois de juillet, ils y croient, s’entraînent dur pour ça et ont appris des erreurs passées ; ni à l’engouement du public colombien, qui cette semaine célèbre sa star sur le Colombia Oro y Paz, et qui continuera de venir en masse sur les routes françaises, au cœur de l’été, pour faire un vacarme inhabituel dans le monde du vélo devant le car de Movistar. Mais l’anniversaire de Quintana, qui a fêté au début du mois ses 29 ans, nous a fait comme un électrochoc. Il nous a mis la vérité en face des yeux. Nairo Quintana est l’allégorie de l’espoir sous toutes ses formes.
C’est sûr qu’il est temps de se demander s’il peut trouver l’ouverture.
Au delà de ça, depuis un mois il n’y a qu’un article qui n’est pas de Robin Watt. Les autres chroniqueurs ne sont plus présents ?
Robin est incontournable !
Sinon Quintana ne gagnera jamais le Tour. S’il a précocément montré des dispositions d’un futurs vainqueur, il stagne depuis 2 ans, à tel point qu’on a l’impression qu’il a régressé à côté d’adversaires qui, eux (Dumoulin, Yates, Pinot, Lopez ou Bernal) progressent. Ses piètres perf en clm vont en plus le handicaper durablement sur les courses à étape.
Non vraiment, à moins de concours de circonstances, il ne faut plus compter sur Quintana pour monter sur la plus haute marche du podium à Paris.
C
On en reparlera quand il gagnera le Tour cet été. On oublie vite toutes les mèrdes qui lui sont tombes dessus sur le Tour ces dernières années
Quitter Movistar et aller dans une vraie équipe serait un premier pas dans la bonne direction. C’est sur, Valverde-Landa-Quintana, ça fait rêver sur le papier, mais enfin il faut bien des porteurs d’eau dans une équipe, et ce ne sont pas les deux espagnols qui vont épauler un leader…
Je pense que c’est cet article que Robin va présenter lors de l’émission Roue Libre publiée demain… (bon, en même temps, j’ai une chance sur trois de bien tomber, ce ne serait pas l’exploit du siècle non plus)
Ne pensez vous pas qu’il est plus agé que ce que l’on dit?
c’est sûr