Tom Dumoulin s’était laissé jusqu’à début janvier pour annoncer son choix entre Giro et Tour de France. C’était sans compter sur cette surprise nichée dans la case du 20 décembre de notre calendrier de l’avent : le Néerlandais défendra son maillot rose sur la prochaine édition du grand tour italien. Un choix pragmatique, faute d’être épique.

Refus d’obstacle

Aucune annonce officielle encore mais c’est tout comme. La presse néerlandaise et italienne ont confirmé ce mercredi que Tom Dumoulin sera à Jérusalem le 4 mai prochain pour prendre le départ du Tour d’Italie. Le coureur et l’équipe Sunweb auraient déjà confirmé leur décision auprès de RCS, l’organisateur du Giro. Mécaniquement, il n’y a presque aucune chance de voir le « papillon de Maastricht » sur le Tour de France en juillet. Un an après avoir décroché le maillot rose aux dépens de Quintana et Nibali, le Néerlandais va essayer d’en faire autant contre Aru, Pinot, Chaves, Lopez et, si aucune suspension n’est prononcée d’ici là, Froome.

Aux Pays-Bas, l’arbitrage en a surpris plus d’un. De Telegraaf, le journal à l’origine de cette information, a du mal à comprendre celui qu’ils ont désigné sportif de l’année 2017 : « À vrai dire, le Giro n’est pas un choix logique car Dumoulin semble être prêt à lutter pour le podium en France. » Il faut croire que le leader de l’équipe Sunweb ne se sent encore en mesure de succéder à Joop Zoetemelk, dernier vainqueur batave de la Grande Boucle en 1980. À sa décharge, le parcours n’est pas vraiment taillé pour le bonhomme avec trop peu de chrono et une première partie pas mal casse-gueule.

Un œil sur les Mondiaux ?

« Je vais où je pense que j’ai le plus de chance de gagner », expliquait-il lors de la présentation du Giro en novembre. C’est donc la raison qui a parlé. Tom Dumoulin a décidé de ne pas se presser. Le rouleur devenu chasseur de course à étapes est encore jeune (27 ans), pas besoin de se précipiter sur l’échéance 2018. Le seul intérêt qu’il aurait eu à s’y présenter dès l’été prochain aurait été de détrôner Froome et l’hégémonie Sky. Sauf que le Britannique souhaite disputer le Giro pour réaliser un nouvel exploit, donc le duel tant attendu entre les deux coureurs peut théoriquement avoir lieu. Mais pour Dumoulin, il reste difficile voire impossible de calquer son calendrier sur celui d’un Froome sous le coup d’une procédure de l’UCI après son contrôle antidopage anormal en septembre.

L’équipe Sunweb, elle, face à l’opportunité qui s’annonce en juillet prochain, aurait pu faire pression pour que son leader s’aligne sur la Grande Boucle. Mais elle a suffisamment d’atouts dans sa main pour se débrouiller autrement. En l’absence de Dumoulin, Wilco Kelderman pourrait tenter sa chance sur les routes française, à moins que la formation allemande décide de tout miser sur la conquête d’un nouveau maillot vert pour Michael Matthews. Pendant ce temps-là, son champion aura toute la latitude nécessaire pour préparer les Championnats du monde en Autriche. Sur un parcours réservé aux grimpeurs, il pourrait même viser un doublé contre-la-montre/course en ligne. Faute de pouvoir succéder à Zoetemelk en jaune, il peut envisager de le faire en arc-en-ciel. Mais chaque chose en son temps. Notre rouleur de l’année mesure ses ambitions car, comme le dit le dicton, « on ne peut pas être au Froome et au Dumoulin ».

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.