Pendant plusieurs années, la Chronique du Vélo a décerné le titre de jeune de l’année à un espoir en train de faire sa place dans le peloton. Mais un an après le phénomène Egan Bernal, Tadej Pogacar vient à son tour semer le trouble dans nos votes. Jeune de l’année, mais aussi dans la course pour le titre suprême de coureur de l’année. Le Slovène, 22 ans, est déjà un cador du peloton.
Les vieux de côté
Il y a douze mois, Tadej Pogacar avait déjà tout du futur crack. Quelques jours seulement avant de fêter son 21e anniversaire, il s’était offert trois étapes et un podium final sur la Vuelta. Primoz Roglic venait de ramener le maillot rouge à Madrid mais le monde du vélo tout entier n’avait d’yeux que pour son jeune cadet. Pourtant, les observateurs étaient encore divisés. Certains avaient vu dans ces trois semaines sur les routes espagnoles l’éclosion d’un espoir qui deviendrait à terme redoutable, mais qui avait encore le temps. Un garçon à qui il ne fallait pas trop demander trop rapidement. D’autres, en revanche, parlaient déjà d’un candidat à la victoire sur le prochain Tour de France. Un Colombien de 22 ans, maillot jaune un mois et demi plus tôt sur les Champs-Elysées, avait légitimé les espoirs les plus fous. Désormais, on peut gagner la plus grande course du calendrier à un âge où certains n’ont pas encore terminé leurs études.
Un an plus tard, on peut dire que non, Egan Bernal n’était pas une exception puisque Tadej Pogacar l’a fait lui aussi. Deuxième année en World Tour, deuxième course de trois semaines et déjà une victoire finale, à moins de 23 ans donc. La vérité, c’est qu’on a cru en première semaine que c’était terminé pour le prodige slovène. Une bordure prise dans l’étape de Lavaur, près d’une minute et demie lâchée sur les cadors du général, Pogacar vivait son apprentissage, comme les autres avant lui. Personne n’était vraiment surpris, seule une pointe de frustration pointait parce que la bagarre entre favoris perdait un coureur offensif, qui contrairement à d’autres, aurait osé secouer le nid Jumbo-Visma. La suite était imprévisible. Revenu dans le jeu, Pogacar est devenu l’adversaire n°1 de Roglic, puis finalement son seul adversaire. Un duel entre compatriotes, avec neuf ans d’écart et à peu près tous les éléments qui jouaient contre Pogacar.
Chute interdite
Mais le Tour a choisi son coup dans un contre-la-montre à couper le souffle. Maillot blanc contre maillot jaune, l’horloge a tranché et largement. En attendant qu’un jour, peut-être, Roglic remporte le Tour, Pogacar a enfilé le costume du bourreau et l’a privé du plus beau jour de sa carrière sportive. Un crève-cœur pour les deux, finalement. « Entre quinze et vingt ans, je criais devant ma télé pour qu’il gagne », disait le jeune Tadej à propos de Roglic, il y a quelques jours dans L’Equipe. Il faut s’arrêter quelques secondes sur ces mots pour réaliser. Pogacar est tellement jeune qu’il a eu le temps d’apprécier la montée en puissance de son idole à une époque où lui n’était même pas coureur professionnel. Mais surtout, Pogacar est tellement rapide qu’il a pu rejoindre le World Tour, s’aligner sur le Tour et le gagner avant que son aîné, qui court après depuis des années, jusqu’à en devenir le grandissime favori, n’ait eu le temps de s’octroyer ce que tout le monde lui prédisait.
Battre des records de précocité devient alors anecdotique. Tadej Pogacar a presque fait oublier Egan Bernal, à qui l’on promettait un règne de dix ans sur le Tour il y a douze mois et dont certains se demandent aujourd’hui s’il n’a pas déjà atteint son potentiel maximal. Qui sait, dans un an peut-être écrirons-nous ces lignes au sujet de Remco Evenepoel, qui aura mis un mouchoir sur les noms de Bernal et Pogacar et remporté le Tour en étant plus jeune de quelques mois. Ce ne sont ni les Colombiens ni les Slovènes qui sont à la mode, seulement les jeunes. Tout le monde veut son prodige à tout prix puisque cela semble être la recette pour gagner le Tour de France. Pogacar, lui, sait ce qui l’attend : aucun droit à l’erreur. Le monde du vélo a enterré Bernal aussi vite qu’il l’avait starifié et les suivants auront droit au même traitement. Il y a trop de jeunes coureurs qui poussent pour que l’on s’attarde sur ceux dont la progression ralentit. Bienvenue dans le nouveau monde.

Qui d’autre que lui ??
Malgré une saison XXL de Remco sur un court laps de temps et la jolie révélation offensive de Hirschi, on ne peut définitivement pas lutter avec le succès plantureux du jeune Slovène.
A moins de 22 ans, il remporte la + grand épreuve cycliste du monde, il en ressort avec 3 maillots distinctifs et 3 victoires d’étape (chacune dans un registre bien distinct), le tout avec une équipe loin du niveau des armadas que l’on connaît depuis trop longtemps. Ajoutez-y le panache qu’on lui a connu, un tour de Valence enlevé haut la main, une seconde place au Tour UAE, le championnat nation CLM, un podium à Liège. Je ne pense pas qu’il soit décent de vouloir comparer son palmarès 2020 avec celui des autres jeunes de -23 ans
Pour une fois, je suis d’accord avec vous : Pogačar est bien le meilleur jeune de cette saison 2020.
En 2018, j’aurais choisi Mas et non Bernal, en 2019 Pogačar et non Evenepoel
Mème en essayant d´y metttre de la bonne volonté, je dois admettre que je n´arrive décidement pas à m´emballer pour les performances des deux Slovénes.
Je suis par ailleur admiratif aux avis différents du mien et à ceux qui arrivent à s´extasier sur ces athlétes pendant que nos francais galèrent pour accrocher un top 10..
Alors oui ils s´entraineraient mieux; ils auraient de meilleurs génes; ils benificieraient d´un encadrement plus performant en Slovénie; et bientot leurs fabuleux talents seront détectés avant mème la naissance.. Cependant une question me turlupine: mais que font donc les marmottes pendant les fétes ? Bon allez.. Joyeux Noel ..
« Désormais, on peut gagner la plus grande course du calendrier à un âge où certains n’ont pas encore terminé leurs études. »
C’était déjà le cas avec des vianqueurs de 29 ans ! Bonnes fêtes à tous.
Mettez moi tous les moins que vous voulez mais le contre la montre meteorique de la planche des belles filles me reste toujours en travers de la gorge.