Personne, chez Quick-Step, ne peut se réjouir du forfait de Julian Alaphilippe pour les ardennaises. Pas même Petr Vakoc. Et pourtant… Si un homme peut profiter de l’absence du Français, c’est bien le Tchèque. Jusque-là cantonné à un rôle de lieutenant pour un Alaphilippe impressionnant depuis deux ans, il va enfin avoir l’opportunité qu’il attendait. Celle qui lui permettra peut-être de prouver qu’il a lui aussi la carrure d’un leader.

Doucement mais sûrement

Tête basse en passant la ligne, Petr Vakoc avait le visage d’un homme très déçu. Comme s’il avait manqué un grand objectif. Pourtant, ce mercredi, ce n’était « que » la Flèche Brabançonne. Et il n’a terminé « que » deuxième, un résultat loin d’être catastrophique. Mais cette course est pour lui particulière. L’an dernier, c’était là qu’il avait décroché ce qui reste aujourd’hui comme son plus grand succès. Alors il rêvait de doublé, à quelques jours d’un triptyque ardennais lors duquel il a beaucoup à gagner. « C’est ma course préférée de l’année. Je voulais vraiment la gagner », confiait-il un peu plus tard en interview. Ce n’est pourtant pas mercredi qu’il jouait sa saison. C’est en revanche à partir de dimanche, sur l’Amstel, qu’il pourrait prendre une autre dimension. Ces deux dernières saisons, il n’a jamais pu jouer sa carte personnelle lors de la semaine ardennaise. Mais depuis un an, dès que Quick-Step décide de lui faire confiance et que des bosses sont au programme, il répond présent.

Des qualités qu’il développe depuis ses années amateurs. « Il était excellent dans les efforts lactiques (sprints longs) et les efforts de cinq minutes », expliquait au Dérailleur Jérome Gannat, directeur sportif au CC Etupes et qui a vu passer Vakoc le temps d’une saison. Alors les débuts en Europe ont beau avoir été difficiles, le Tchèque, malgré son mal du pays, a persisté. Jusqu’à rejoindre la réserve de l’équipe Quick-Step en 2013, puis le groupe pro l’année suivante. A l’époque, le garçon n’a pas grand chose d’un espoir de premier plan. Son palmarès lui donne une certaine crédibilité, champion de République tchèque contre-la-montre espoirs, deuxième de la Course de la Paix et médaillé d’argent aux Championnats d’Europe espoirs. Le tout entre 2010 et 2013. Mais face aux autres néo-pros de la génération 1992, dont fait partie Julian Alaphilippe, d’un mois son aîné, il ne fait pas toujours le poids. Alors Vakoc a mis plus de temps à prendre la lumière. Mais sans se presser, son heure est venue.

Une semaine, un destin

Il y a eu ces étapes en Pologne ou en Grande-Bretagne, cette victoire à la Flèche Brabançonne, bien sûr, celles acquises en France, l’an dernier, sur les deux épreuves des Boucles Drome Ardèche. Et quelques accessits au moins aussi significatifs, comme lorsque le Tchèque termine cinquième des Championnats d’Europe à Plumelec, cinquième aussi des Strade Bianche, ou neuvième du GP de Québec. Rarement, pourtant, il peut compter sur une équipe à sa disposition. La bande à Patrick Lefevere est bien trop pléthorique pour en faire son unique leader. Mais Vakoc s’en accommode, et ne laisse pas passer les opportunités. Celle qui se profile, de l’Amstel à Liège, est sûrement la plus improbable mais aussi la plus importante de sa jeune carrière. L’indiscutable Alaphilippe sur la touche, le Tchèque sera le deuxième homme derrière Dan Martin. Et quand on sait à quel point Quick-Step aime se laisser la possibilité de jouer deux cartes différentes, Vakoc pourrait être un peu plus qu’un simple lieutenant. Il ne tient qu’à lui, désormais, de monter en grade.

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