C’est la plus ancienne des flandriennes. La dernière, aussi. La seule hors de Belgique, mais sans doute la plus mythique. Et comme les astres sont alignés, en 2017, l’Enfer du Nord sera aussi la dernière course d’un monument du vélo, Tom Boonen. Alors voici nos pronostics. Il ne s’agit pas forcément des cinq favoris de l’épreuve, mais de ceux que l’on imagine l’emporter.

Peter Sagan par Robin Watt

Revanchard. C’est dans cet état d’esprit que le Slovaque abordera la course, ce dimanche matin. Sur le Tour des Flandres, c’est un coup du sort qui l’a éliminé de la course à la victoire. Alors après sa chute, le garçon est resté calme, mais dans sa tête, il était déjà projeté sur Paris-Roubaix. Cette classique dont il rêve, presque en secret. En public, jamais il ne dit ouvertement que l’Enfer du Nord est le grand objectif de sa saison. Mais il l’est forcément. Sagan est un ogre, qui veut gagner partout. Mais surtout là où s’écrit l’histoire du cyclisme. Alors les pavés du Nord ne sont pas ceux du Ronde, qu’il avait dompté il y a de ça un an. Sur le vélodrome, d’ailleurs, il n’a encore jamais fait mieux que sixième. Mais Paris-Roubaix fait rarement de cadeau. Impossible de s’y cacher. Ca tombe bien, Sagan n’est pas du genre à filocher. Son heure est arrivée.

Tom Boonen par Alexis Midol-Monnet

L’ultime sacre de Tom Boonen pour la dernière prouesse de sa carrière, un Paris-Roubaix à 36 ans, remplirait à coup sûr les pages de l’histoire pour un bon paquet d’années. Tombé sur un estomaquant Mathew Hayman en avril dernier, le Flamand connaît méticuleusement tous les recoins des différents secteurs pavés. S’il s’avère que « Tommeke » bénéficie d’une exceptionnelle condition physique et mentale au départ de Compiègne, tout indique qu’il tentera de mettre le feu à la course en faisant valser les considérations tactiques. C’est une nation entière qui s’accordera derrière un seul homme dimanche, en encourageant le prince de la Quick-Step. Sans un problème mécanique dans le Taaienberg, il l’assure, il avait les jambes pour faire podium sur le Ronde. Alors, disputer la victoire sur le légendaire vélodrome André-Pétrieux ne paraît pas si utopique. On peut même certifier que tous ses adversaires douteront sévèrement d’eux-même s’ils devaient aborder le final en sa compagnie. Le charme doit l’emporter.

Oliver Naesen par Romain Puissieux

Le coureur d’AG2R est sûrement la plus belle révélation des flandriennes. On le savait fort mais on ne s’attendait pas à le voir à pareille fête cette saison. Il a été le seul à pouvoir répondre aux attaques Van Avermaet et Sagan lors de cette campagne pavée. Nul doute qu’il sera encore l’un des hommes forts ce dimanche. Roubaix est certainement la classique qui offre le scénario le moins prévisible. Le Belge a la vista et on l’imagine bien avoir en plus le petit brin de réussite qu’il faut pour gagner l’Enfer du Nord. On le sait, l’équipe Quick-Step va tout miser sur Tom Boonen pour son dernier Roubaix. Là où Naesen a pris le parti d’attendre les attaques de Van Avermaet et Sagan, il se pourrait bien que Tommeke soit la roue à prendre dimanche pour que Naesen offre le premier monument de son histoire à l’équipe AG2R.

Niki Terpstra par Théo Sorroche

Savez-vous d’où est sorti le Néerlandais dimanche dernier pour s’offrir un podium sur le Tour des Flandres ? On l’avait tous cru piégé, loin du compte, ou même à la dérive lorsque van Avermaet, Sagan et Naesen partaient à la poursuite de Gilbert. Une chute devant, un coup de rein bien placé derrière et l’Orange recollait puis coiffait son jeune compatriote Van Baarle pour la troisième place. C’est souvent comme ça avec Terpstra, personne ne le voit jamais arriver. Il suffit de se souvenir de son « hold-up » à Roubaix il y a trois ans… Alors certes, il semble avoir perdu son mojo roubaisien depuis (15e en 2015, abandon l’an passé) mais il est dans une très bonne forme cette saison, prouvant que sa puissance ne l’a pas abandonnée. Tapi dans l’ombre gigantesque de Tom Boonen, il pourrait encore une fois échapper à la vigilance des cadors et lever les bras sur le vélodrome. Ça ne serait pas une première.

John Degenkolb par Adrien Godard

La dernière fois que John Degenkolb est reparti du vélodrome de Roubaix, c’était en vainqueur. L’édition précédente, c’était après avoir réglé le sprint pour la deuxième place. Rien que cela justifie sa place parmi les protagonistes à la victoire sur l’Enfer du Nord. Et si c’était lui le grand favori ? La météo très clémente prévue ce dimanche, presque une habitude depuis quelques années, rendra plus compliquées les tentatives d’échappées dans le final. L’arrivée d’un groupe de plusieurs coureurs sur l’anneau roubaisien est donc le scénario le plus probable. Dans ce cas, difficile d’imaginer l’Allemand hors du coup et battu au sprint. Le leader de la Trek-Segafredo est toujours à la recherche d’un succès de référence depuis la mésaventure des Giant il y a plus d’un an et ses tops 10 sur Milan-Sanremo, Gand-Wevelgem et le Ronde prouvent que les jambes répondent présentes. Pourtant, aucune de ses courses ne correspondent plus à ses qualités que Paris-Roubaix.

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