Révélation du Tour de Suisse qu’il a remporté l’an passé, le Colombien Miguel Ángel López a malheureusement enchaîné les galères depuis. Muni du dossard numéro un, le jeune grimpeur de 23 ans va tenter de se rassurer sur les terres de son premier exploit majuscule. Si le rythme lui manquera certainement cette semaine, ces neufs jours dans le massif des Alpes seront l’occasion pour lui de se rassurer sur le vélo. Et face à une adversité relativement faible, Lopez pourrait vite retrouver les sommets.

Les malheurs de Lopez

Hier, Miguel Ángel López a terminé à la soixantième place du GP du canton d’Argovie en Suisse. La performance est anecdotique mais elle a marqué le retour à la compétition de l’un des plus grands espoirs du cyclisme mondial. Le gamin de Pesca a en effet participé à sa première course depuis son abandon sur le Tour de Lombardie, en octobre dernier. Huit mois d’arrêt forcé qui auraient presque fait oublier son génial coup de pédale. Lui, fils d’une famille de paysans pauvres, dont l’histoire, comme celle de beaucoup de ses compatriotes cyclistes, a des accents exotiques de longues chevauchés à vélo vers les bancs de l’école. Mais si Lopez a eu la chance d’être béni par le talent, la poisse s’est aussi penchée sur son berceau. Pendant ses premières années de cycliste, il a enchaîné accidents à l’entraînement et chutes en courses. Pire, agressé par des voleurs qui voyaient dans son vélo un butin intéressant, Lopez avait reçu un coup de couteau dans la jambe. De cet épisode, le garçon a gagné son surnom de Superman, après avoir fait fuir les assaillants. Une force mentale.

Passé professionnel en 2014, il n’a pas mis longtemps à devenir le coureur incontournable de sa génération. Plus que jamais quand, il y a pratiquement un an, il remportait le Tour de Suisse en impressionnant les observateurs. Mais voilà, les malheurs de Lopez ont continué quelques mois après son succès à Davos. En août, le lauréat 2014 du Tour de l’Avenir était incapable de finir la course en ligne des Jeux Olympiques. En septembre, il abandonnait sur les routes de la Vuelta, son premier grand tour, où tout le monde l’attendait. Et en octobre, l’éclaircie de sa belle victoire sur la classique Milan-Turin était un îlot de joie dans un océan d’abandons. La poisse du Colombien s’est poursuivie à l’intersaison lorsqu’en novembre, il se fracture un tibia en tombant à l’entraînement. Six mois d’arrêt minimum, une éternité pour un coureur en pleine progression comme lui. Le retour était prévu en avril, finalement, la convalescence s’est même prolongée jusqu’en juin, jusqu’à hier, en Suisse, terre de ses plus grands exploits.

Suisse, sa terre d’exploit

Quand à 21 ans, il avait terminé à la septième place du Tour de Suisse devant des coureurs comme Rafal Majka, Warren Barguil ou Robert Gesink, beaucoup s’étaient dit que le gamin avait un talent certain. Lorsque l’année suivante, à 22 ans, il s’y imposait avec la manière, cela ne faisait plus aucun doute, on tenait là un futur vainqueur de grand tour. Certes, tout n’a pas été rose depuis ce premier grand succès, notamment sa première course de trois semaines, la Vuelta, qu’il n’a pas terminée. Mais Lopez a toujours l’étoffe d’un géant. Celui que l’on voyait déjà truster les podiums du Tour aux côtés de ses compatriotes Quintana et Chaves n’est pas mort.

Cette semaine pourrait d’ailleurs le démontrer. Si son manque de rythme devrait l’handicaper, le parcours montagneux lui convient parfaitement. D’autant que l’an passé, il a mis une claque à sa prétendue faiblesse dans l’effort individuel en terminant deuxième du contre-la-montre vallonné et en altitude de Davos. Cette année, le chrono sera moins à son avantage mais le Colombien peut aisément y limiter la casse. Surtout qu’en face de lui, le magnifique plateau du Tour de Suisse (Sagan, Van Avermaet, Gilbert…) ne lui oppose finalement pas beaucoup de rivaux. Tom Dumoulin, tout juste auréolé du Giro, devra composer avec la fatigue, tout comme Domenico Pozzovivo. Quant à Rui Costa, triple vainqueur de l’épreuve, il n’est plus que l’ombre du champion du monde qu’il a été. Ion Izaguirre, lui, fait une belle saison mais n’a pas franchi ce palier qui lui permettrait de s’imposer en tant que favori. Même si depuis sa place de dauphin en 2016, l’Espagnol a confirmé ses prédispositions. Alors sait-on jamais, Lopez peut rêver de doublé. Le génie n’a jamais de règle. Mais sa reprise sera surveillée, encore plus ici, à moins d’un mois du départ du Tour de France.

Nos favoris

**** : Tom Dumoulin, Ion Izagirre
*** : Simon Spilak, Steven Kruijswijk, Rui Costa
** : Miguel Ángel López, Rohan Dennis, Mikel Nieve
* : Domenico Pozzovivo, Mathias Frank, Tejay Van Garderen, Wout Poels

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