L’image de Miguel Angel Lopez qui fait non de la tête à Thibaut Pinot, dans l’étape déjà historique du Finestre, quand le Franc-Comtois lui demande de prendre des relais, a relancé les comparaisons entre le Colombien et un rongeur de petite taille à dents pointues. Mais le meilleur jeune de ce Tour d’Italie a-t-il vraiment obtenu sa place sur le podium en « courant en rat » ?
Objectif atteint
« Le maillot blanc était mon objectif, ainsi qu’un top 5 au général », lâchait Lopez à Rome, pleinement satisfait. La manière de conquérir des victoires, ou d’essayer, a parfois plus d’importance aux yeux des spectateurs que les lignes sur le palmarès, mais les coureurs, eux, courent pour avoir des résultats. Et depuis dimanche, Miguel Angel Lopez peut se targuer d’avoir à son palmarès une troisième place sur le Tour d’Italie. Pourtant, sa route vers Rome a été semée d’embûches. Mal parti de Jérusalem, où ses chutes presque traditionnelles en première semaine l’ont repoussé bien loin au général, « Superman » a réussi à remonter tranquillement sur le podium. Un résultat certes obtenu grâce aux défaillances de Yates, Pinot et Pozzovivo, mais tenir trois semaines n’est-il pas le principal challenge d’un grand tour ?
Dans l’étape du Finestre, qui a vu craquer l’ancien maillot rose et le grimpeur italien, Lopez ne s’est cependant pas attiré la sympathie de ses principaux adversaires. A la poursuite de Chris Froome, l’ancien vainqueur du Tour de Suisse a refusé de passer des relais à Dumoulin et Pinot, invoquant l’excuse du maillot blanc à défendre. Résultat, Pinot a arrêté de rouler et chacun attendait la dernière montée pour faire des différences. C’est sûrement ce qui a permis à Chris Froome de ne jamais perdre de temps sur les 80 derniers kilomètres. Mais quel intérêt avait Lopez à rouler ? D’autant que les derniers hectomètres, où il n’avait pas tenu face aux attaques de Carapaz et Pinot, ont prouvé que le Colombien n’était pas dans une grande journée. Presque une constante dans ce Giro, où ses attaques ont rarement été tranchantes. Comme si le garçon avait toujours eu en tête de gérer plus que de tout renverser, sachant sa forme perfectible.
Une attitude coûteuse pour l’avenir ?
Avait-il donc intérêt à rouler davantage ? Pour aller chercher un podium dont il fut pendant bien longtemps éloigné, assurément non. En fin calculateur, il a su rester sagement dans les roues des coureurs mieux placés que lui au général qui défendaient leur position. Sans doute bien conseillé par un Vinokourov stratège, il n’est jamais tombé dans le piège de rouler pour défendre une place anecdotique, comme George Bennett certains jours. Cependant, à l’avenir, Dumoulin ou Pinot auront peut-être du mal à rouler avec le Colombien, surtout si ce dernier est dans une position plus favorable au général. Le Néerlandais aurait pu se parer de rose si tous les membres du contre s’étaient relayés, et l’ancien vainqueur au caractère bien trempé s’en souviendra forcément. Le peloton est aussi fait de petits arrangements réciproques.
L’image de Lopez en a peut-être pris un coup, et avec elle celle du cyclisme, où le calcul de chaque coup de pédale est presque devenu une obligation pour être dans le haut des classements. Thibaut Pinot, la veille de sa terrible défaillance, s’était exprimé sur la différence de conception qu’il avait du cyclisme avec Lopez. Pour le Français, rouler dans une échappée est la base de la course. Le Colombien, de son côté, n’en a peut-être que faire des principes du cyclisme et de tout ce qui est installé culturellement dans les attitudes des coureurs en course. Il est là pour faire des résultats, avec ses talents de grimpeur. Et en courant de la sorte, il vient d’obtenir le meilleur de sa jeune carrière surtrois semaines.
Article intéressant,, merci. C’est vrai que Lopez m’a sérieusement déçu par sa façon de courir sur ce Giro… Et je partage totalement le point de vue exprimer par Pinot. J’en avais fait au départ l’un de mes favoris mais je ne m’attendais pas à le découvrir ainsi… Sa guéguerre avec Carapaz pour le maillot blanc et le podium, comme une autre course dans la course, laissait à penser que ces deux là se croyaient « seuls au monde ». Cela à vraiment nuit à la qualité et au déroulement de la course et, même si la course au maillot rose n’était pas « leur » course ni leur problème, indirectement, leur attitude à forcément pesée et eu une influence sur le déroulement des étapes et le résultat de ce Giro, au profit, malheureusement, (et Dumoulin peut « en avoir gros ») de… qui on sait !
« Dumoulin en a eu gros « , j’aime votre référence.. normal lyonnais ? Plus sérieusement, je crois que Lopez n’avait pas le choix, et que sa rivalité avec Carapaz , par rapport au public sud Américain » justifiait son choix, et comme le dis l’article , il n’avait pas de jus. En plus a sa décharge a ce moment il ne savait pas que Pinot s’écroulerait le lendemain.. il ne courait a mon sens pas pour la 3 ème place , mais bien pour le maillot blanc
Il n’avait pas abandonné l’idée de finir troisième à mon avis. Dans le Jafferau, il attaque juste au moment où Pinot se fait reprendre. SI ce n’est pas un contre alors je n’y connais plus rien… En dépit des circonstances atténuantes que vous avez énoncé, ce n’est quand même pas très classe après avoir ratonné toute la journée.
Effectivement il n’a pas été très entreprenant, ni très coopératif. Toutefois, je lui donnerai au moins trois circonstances atténuantes :
– Sa chute et ses pertes de temps en première semaine ont dû refroidir son ardeur.
– Ainsi, sa troisième place tient du miracle, il n’a jamais vraiment montré la possibilité de faire mieux, d’autres ont d’ailleurs payé cher un surinvestissement.
– C’est son premier podium, même top5, je peux comprendre qu’il ne souhaitait pas risquer de tout perdre. Maintenant que c’est fait, j’espère qu’il ne va plus s’en contenter :)
Oui, c’est vrai que je suis peut-être « un peu » sévère… A 24 ans et pour son deuxième grand tour… Il y en a plus d’un qui doit rêver d’un tel résultat ! Mais bon…
Pour étoffer un palmarès, il va falloir quand même passer quelque fois la ligne d’arrivée en tête et là, il y aura du monde pour rouler derrière
je ne crois pas, les intérêts d’un jour, ne sont pas ceux d’une autre course; Dumoulin peut se trouver dans une situation ou il aura interêt a cooperer , et il le fera. Ce sont des pros qui ne font que suivre ce que les DS leur dise à l’oreillette
D’ailleurs Dumoulin n ‘avait pas l’air outré , et s’en prenait plutôt à lui même d’avoir attendu Reischenbach. Seul Pinot ralait .. Je n’ai pas vu Dumoulin montrer des signes d’impatience.
Une belle ratonnade mais ils n´avaient pas besoin de rouler puisqu´il n´y avait plus personne a distancer derrière; Un certain Froome en mode raid supersonique ayant éparpillé et poussé au point de rupture quasiment tous les autres prétendants . Ceci dit ils (avec Carapaz) auraient pu se fendre de qqs relais histoire de renvoyer un peu l´ascenseur et d´honorer leurs parts de travail au sein du groupe qui les emmenait tambour battant vers la ligne d´arrivée . Atitude de calculette en fin de compte .
Franchement dégoûtant de courir comme ça! Si lui et Carapaz collaboraient un peu, Dumoulin leur aurait peut être rendu la pareille à l’avenir…Surtout que ça ne leur coûtait rien car Pinot n’a plus roulé non plus! Même si j’apprecie pas nécessairement pinot qui régresse…
Par contre, on peut quand même dire que Froome est un grand champion! Il prouve que comme contador, il sait renverser un grand tour par n’importe quel moyen!
… »Par n’importe quel moyen »… Personne n’en doute !!! ;-)