Le scénario était écrit, Peter Sagan en a réalisé un film parfaitement maîtrisé. Ou presque, la faute à une petite frayeur à 300 mètres de l’arrivée, quand le Slovaque a déchaussé. Il fallait au moins cela pour que le sprint final soit disputé.

Dessinée pour lui

Comme si l’étape avait été faîte pour lui. Légèrement vallonée, avec un final en replat suite à une bosse trop difficile pour les grosses cuisses du sprint. À chaque fois qu’une étape du Tour rentre dans ce moule, il n’y a aucune surprise, Sagan l’emporte. Aujourd’hui, celui que l’on surnomme Hulk a même semblé plus fort que jamais, d’une facilité implacable. Richie Porte avait pourtant lancé la bataille à 800 mètres, creusant même un petit trou. Bien vite comblé par un Sagan assis sur son vélo. Puis le Slovaque a pris le contrôle, s’installant en tête et observant, temporisant alors même que tous les autres tiraient la langue. Impérial. Mais à 300 mètres de la ligne, alors qu’il se prépare à enclencher son effort, sa pédale vrille, il déchausse. Beaucoup auraient perdu leur sang froid. Pas lui. Il se redresse tout de suite, rechausse et accélère. Seul Matthews, bien caché pendant la majeure partie de la dernière côte, réussit à le faire douter sur la fin. Enfin, à faire douter les spectateurs car les acteurs savaient, Sagan est un roi sur ce genre d’étape.

Tour de France 2012, première étape en ligne, première chance pour Sagan de se montrer pour son premier Tour. Et première victoire. L’étape entre Liège et Seraing est exactement construite comme celle d’aujourd’hui. Départ en Belgique, arrivée sur une petite côte. Face à un grand Cancellara, Sagan, cheveux courts et bouille d’ado, s’impose et montre les muscles. Premier coup d’éclat du génial slovaque. Grande Boucle 2016, même histoire lors de la troisième étape qui termine à Cherbourg-en-Cotentin. Cette fois, Sagan ne peut lever les bras, la lutte a été rude face aux deux spécialistes du Mur de Huy, Alejandro Valverde et Julian Alaphilippe. Mais la victoire est là, devant les meilleurs.

Qui est meilleur que Sagan ?

Cette année, le Slovaque s’offre un huitième succès sur le Tour. Ce ne sera pas le dernier. Sa domination de main de maître permet d’être péremptoire. Même son grand rival, sa bête noire, son meilleur ennemi Greg Van Avermaet n’a rien pu faire. Le Belge, favori de cette étape qui partait de son pays n’a pu concurrencer le Slovaque, trop fort. Sur ses sprints du Tour de Suisse il y a quelques semaines, Peter Sagan avait montré qu’il était en forme. Le sprint d’hier à Liège aurait pu en faire douter, mais le double champion du monde a remis les points sur les i ce soir. « Le meilleur coureur du monde », selon Erik Zabel, a une nouvelle fois démontré que le maître du vélo, c’était lui.

Tant pis s’il n’a pas brillé comme espéré au printemps, depuis le Tour de Californie, rien ne lui résiste. Aujourd’hui il bat, en déchaussant, Michael Matthews, Dan Martin et Greg Van Avermaet. La crème de la crème. Néanmoins, il est impossible de comparer grimpeurs, rouleurs, coureurs de grands tours, chasseurs de classiques ou sprinteurs. Alors, au lieu de chercher s’il est le plus grand, apprécions ce formidable champion. Peter Sagan, l’ovni médiatique, le fascinant double champion du monde est avant tout un très grand cycliste, un immense champion.

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