Sans doute le savait-il déjà. Quand il s’est élancé trois minutes après Tao Geoghegan Hart, lors du dernier chrono du Tour d’Italie, Jai Hindley devait se douter que les quinze kilomètres dans les rues milanaises seraient pour lui un long chemin de croix. Pourtant, autant lors des cérémonies protocolaires et médiatiques du samedi soir que dans son box d’échauffement avant de s’élancer pour les vingt minutes les plus importantes de sa vie, l’Australien souriait, restait accessible et s’évertuait à savourer chaque instant en rose.
Légitime, enfin
« C’est un jour vraiment spécial aujourd’hui. Jai est vraiment relax, comme toujours, confiait Luke Roberts, directeur sportif de Hindley, avant l’exercice chronométré décisif. C’est un gars très cool, il profite de chaque moment de ce Giro. » Le patron n’était finalement pas surpris par le caractère du coureur aimable, attachant et à l’allure encore juvénile. Australien lui aussi, Luke Roberts connait bien son poulain. C’est lui, notamment, qui l’a convaincu de signer son premier contrat professionnel avec Sunweb plutôt que Mitchelton-Scott, où Hindley avait décroché ses premiers grands résultats en Continental.
Mais il y avait sans doute une explication à la sérénité de Jai Hindley au moment de s’élancer, maillot rose sur le dos. Sur la Piazza del Duomo, le garçon avait en fait déjà remporté le combat le plus important de sa carrière naissante : celui de la légitimité. Ses exploits dans la Botte, qui l’ont vu pêle-mêle boxer dans la même catégorie que l’une de ses idoles de jeunesse, Vincenzo Nibali, puis le supplanter et regarder tous les favoris dans les yeux, remporter sa première victoire World Tour à l’occasion de l’étape mythique du Stelvio puis avoir l’honneur de revêtir le maillot de leader le jour de l’arrivée, ont agi comme une forme de soulagement. Ses accomplissements sont un témoignage de ses capacités, une preuve, pour lui-même comme pour tous les autres, qu’il est enfin à sa place et que tous les sacrifices finissent un jour par porter leurs fruits. Un soulagement d’autant plus marqué que Jai Hindley vient de loin. De très loin.
Jayco-AIS pour quitter Perth
À plusieurs milliers de kilomètres des températures négatives rencontrées en haut de la Cima Coppi, Hindley a grandi à Perth, une ville carte postale à l’extrémité occidentale de l’Australie. Isolé géographiquement, puisque la ville d’envergure la plus proche de Perth est Adélaïde, à plus de à 2 000 kilomètres de chez lui. Coincé entre la mer et l’implacable désert australien, dès 6 ans, l’enfant commence à monter à vélo avec les copains pour s’évader de son quotidien et voir du pays. Ses futures pérégrinations adolescentes le mènent principalement à Margaret River. Un vrai coin de paradis en bordure de Perth où il peut s’adonner au surf, à des barbecues entre amis à la belle étoile et, entre deux anecdotes humoristiques sur les Simpson, sa série préférée, se rêver en cycliste professionnel.
Ses excellentes performances au sein des clubs locaux tapent dans l’œil de la Jayco-AIS World Tour Academy, qui lui propose en 2016 un contrat d’un an. Une opportunité inespérée qu’il accepte sans hésiter. Programme d’élite australien qui a déjà permis à des coureurs comme Michael Matthews, Caleb Ewan ou Rohan Dennis de progresser puis d’accéder à l’échelon World Tour, la Jayco-AIS World Tour Academy jouit d’une réputation flatteuse et offre aux meilleurs espoirs australiens la possibilité de courir sur toutes les courses majeures du calendrier européen. Plus que le simple matériel et l’accompagnement tactique bienvenu, le programme permet de créer un cadre, un esprit d’équipe et surtout de prendre en charge les interminables déplacements, qui pourraient freiner plus d’un jeune talent de l’île. Une aide salutaire donc, pour Jai et ses compatriotes les plus doués.
Les débuts et les doutes
Les années 2016 (5e du Tour de l’Avenir, juste devant un certain Tao Geoghegan Hart) puis 2017, à la Mitchelton-Scott Continental (2e au milieu des professionnels de la Herald Sun Tour, 3e du Baby Giro) marquent son éclosion et lui ouvrent les portes du World Tour. Une fois ce rêve d’enfant réalisé vient alors le temps des doutes. Déménager à l’autre bout du monde et quitter son cocon familial, puis découvrir Sunweb, une structure germanique en tous points différente de la Mitchelton, les défis sont immenses pour un jeune homme de 21 ans. Rassuré par son futur directeur sportif et par le contingent d’Australiens présents dans l’effectif et le staff, Hindley effectue le grand saut, à la fois inquiet et excité. « Aller dans une équipe étrangère peut être une bonne chose pour l’expérience, mais on n’est pas forcément à l’aise tout de suite, explique-t-il alors à Cyclingnews. C’est bien d’avoir d’autres Australiens autour de soi, mais c’est aussi bien de découvrir d’autres pays et d’autres cultures. »
Les deux premières saisons professionnelles sont difficiles. Le plus souvent équipier, Jai Hindley ne se distingue que par séquences (5e de l’étape principale de montagne du Tour de Californie 2018 ; 3e du Tour de Pologne 2019, grâce à une échappée au long cours) et ne montre que trop peu les promesses affichées aux échelons inférieurs. À l’orée 2020, alors que bon nombre de jeunes prennent déjà le pouvoir dans une saison 2019 décomplexée, les doutes s’accentuent pour et sur l’Australien, conscient de se trouver à l’aube de la dernière de ses trois années de contrat. « Il y a beaucoup de pression tout au long de l’année avec tous les grands tours, et vous devez faire beaucoup de travail pour les leaders, souligne-t-il, toujours pour Cyclingnews. Vous êtes tellement concentré que vous n’aimez pas vraiment ça. C’est bien que le contrat soit verrouillé pour la saison 2020, mais je préfère ne pas penser à l’éventualité que cela puisse mal se passer »
L’éclosion, la déception, avant la confirmation ?
D’un naturel calme et décontracté, le jeune grimpeur change pourtant de nature, se met la pression et redouble d’efforts à l’entraînement. Objectifs ? Gagner, rendre concrète cette ambition qui l’obsède et prouver à tous, dont à lui-même, qu’il peut être un coureur qui compte au niveau World Tour. Ses deux premières victoires professionnelles arriveront dès début février, avec l’étape reine puis le classement général du Herald Sun Tour. La coupure de la saison n’infléchit pas sur sa motivation, Hindley revient en août avec le couteau entre les dents. Après une mise en jambes ponctuée d’accessits en Pologne et à Tirreno, il se dirige vers le grand objectif de sa saison, le Tour d’Italie, qu’il s’apprête à marquer avec fracas.
Deuxième d’un Giro qui fera longtemps débat, Hindley sait que la confirmation qui l’attend s’annonce cruciale. À l’arrivée milanaise, lucide et souriant malgré une évidente déception, il se projetait déjà avec impatience vers 2021. « J’espère que ce n’est que le début, dit-il alors. C’est certainement ma meilleure performance et j’espère que c’est un pas dans la bonne direction pour les choses à venir. Je veux continuer à progresser » Prolongé par Sunweb, délesté du poids encombrant de Wilco Kelderman, leader historique de l’équipe, l’Australien de 24 ans a l’avenir devant lui et les doutes loin derrière. En attendant de remonter sur un vélo, Jai Hindley promet de rentrer passer du temps en famille à Perth, avant de reprendre la route de son domicile espagnol, à Gérone. Un cadre rêvé pour cet amoureux des grands espaces. La plage et la mer non loin se mêlent à une douceur de vie qu’il affectionne tant. Au fond, dans le nord-est de l’Espagne, il est un peu chez lui. Son éternel sourire, son ambition, son calme et son insouciance à toute épreuve l’accompagnent partout. Le soulagement aussi, désormais.
« Prolongé par Sunweb, délesté du poids encombrant de Wilco Kelderman, leader historique de l’équipe, l’Australien de 24 ans a l’avenir devant lui et les doutes loin derrière. »
Kelderman part, mais Bardet arrive, est-ce que c’est vraiment mieux pour Hindley. La différence, c’est que Bardet n’est pas meilleur en chrono qu’Hindley, l’Australien pourra peut-être revendiquer plus facilement son leadership. Ceci-dit, il faudra déjà sur quelles courses ces deux-là seront alignés, il n’est pas sûr qu’on les voit beaucoup courir ensemble. La Sunweb alignera sans doute l’un des deux sur le Giro et l’autre sur le Tour.
Je n’ai pas la réponse, mais parmi l’effectif futur de la Sunweb, quel coureur serait le meilleur choix comme leader pour le Tour 2021 ?
A moins qu’ils jouent les étapes, ce qui ne leur a par trop mal réussi en 2020. Mais je n’y crois pas trop.
Bardet serait tout à fait légitime au Tour (en dépit du parcours avec les chronos). Il a tout de même plus de références que Hindley, deuxième d’un Giro au niveau très faible.
Encore une belle victoire de Gaudu aujourd’hui ! Deux victoires d’étapes et un top 10, en un mot : Bravo ! Il réalise une très belle Vuelta en étant en forme lors de la 3e semaine. La prestation est d’autant plus remarquable qu’il n’a pas été épargné lors de cette saison post 1er confinement. Il confirme qu’il est un très bon coureur français pour aller chercher de grand résultats sur les courses World Tour. Cette Vuelta pourrait complètement constituer un déclic qui lui permettra de franchir un pallier dans sa progression.
Félicitation également à Armirail qui réalise une excellente Vuelta. C’est l’une des grandes révélations de cette équipe FDJ cette saison. Il se positionne clairement comme un coureur important pour venir aider ces leaders et pour obtenir de belle victoire sur les grandes courses. Une bien belle progression cette année autant en montagne qu’en chrono.
En tout cas une bien belle saison pour cette équipe FDJ finalement. Car à l’exception de Pinot et de son tour de France ils ont obtenu pas mal de bon résultat avec Démare (et son train), Gaudu et Kung auquelle il faut rajouter les progressions de Armirail et Scotson mais aussi les saisons pleines de promesses de Gugliemi et Brunel. Par ailleur même Pinot ne fait pas une mauvaise saison finalement avec des résultats honorables et une deuxième place au dauphiné qui est obscurci malheureusement par un goût amer. Une équipe beaucoup critiqué (un peu trop selon moi) qui obtient malgré tout toujours de beau résultat. En tout cas il joue beaucoup plus souvent dans la cour des grands que les autres équipes françaises qui cumulent les piètres performances depuis maintenant plusieurs saisons.
Tout a fait d’accord. Groupama s’est bien racheté au Giro et en fin de Vuelta de son Tour de France affreux. Ils ont la chance d’avoir le trio Demare Gaudu Kung entre autres qui compense les hauts et surtout les bas de l’imprévisible Pinot.
Ce n’est pas le cas des AG2R qui ont livré des prestations indignes d’une équipe de World Tour au Giro et à la Vuelta, malgré la bonne tenue des jeunes Paret Peintre et Champossin. On se demande à quoi leur sert d’avoir 30 coureurs pour produire une pareille débandade. Les seuls à sortir du lot sont Cosnefroy et Nans Peters, je me demande s’ils font le bon choix de rester dans cette équipe.
Cofidis serait à mettre dans le même sac s’il n’y avait le valeureux Martin qui a porté l’équipe à lui tout seul en 2020. Outre le naufrage de Viviani, qui rappelle celui de Bouhanni avant lui,les Cofidis sont vite portés aux abonnés absents auprès de Martin dès que la vraie bagarre commence.
Pour ces 2 formations, il y a visiblement depuis plusieurs années un problème de management, et non pas de moyens financiers.
Chez Groupama, la direction laisse aussi à désirer, même si ce n’est pas aussi catastrophique Demare qui perd le maillot à points du Giro l’an dernier, Pinot qui termine le Tour en vrac, au lieu d’arrêter et de se préparer pour le Giro ou la Vuelta. La liste est longue aussi des erreurs stratégiques.
Pinot aurait clairement dû arrêter le Tour et il est incontestable que la FdJ fait pas mal d’erreurs. D’un autre côté, ils ont réussi à monter autour de Pinot une équipe cohérente et solide – loin des Ineos et des Jumbos bien sûr, mais ils ont bossé les chronos par équipes et recrutés des grimpeurs de bonne qualité. Le train qui accompagne Démare est aussi devenu très bon. En ce qui concerne Pinot, souvenez-vous du coureur de 2014-2015 : bon en montagne certes, mais il se prenait des 3 minutes en chrono et ne savait pas descendre. Aujourd’hui, il est plutôt sur le dessus du paquet des coureurs de grand tours en chrono et les descentes ne sont plus une faiblesse.
Bref, moi je vois un travail sérieux et solide qui est sans doute dû pour une bonne part à la direction.
C’est vrai que en course c’est pas tout à fait ça par contre.
Il ne faut pas oublier que Pinot est tombé sur le Tour et que l’on ne peut pas apprécier sa saison à l’aune du Tour exclusivement. Si on enlève le Tour, il fait Top 5 de Paris Nice et Deuxième du Dauphiné et bien moi je dit pas mal finalement car le reste ne peut pas compter dans la mesure où il est blessé. Que ce serait il passé s’il n’était pas tombé ? Je pense que si on en juge à partir de sa forme avant Tour on peut extrapoler sur une bonne performance sur les routes du Tour sans sa blessure. Je pense à un podium mais pas à la victoire car elle était impossible au vue des performances des deux extraterrestres.
Roglic a quand même réussi la prouesse d’avoir un pic de forme sans discuontinuité de Juillet à Novembre, C’est prodigieux… Mais aussi très inquiétant. Même Valverde n’avait pas réussi à réaliser cela.
Roglic a un pic de forme permanent, punche comme les meilleurs, grimpe comme les meilleurs, et est l’un des meilleurs spécialistes du chrono mais tout est normal.
Belle Vuelta de Gaudu, mais il ne faut pas s’emballer non plus. Il a gagné ses étapes en partant dans des échappées, à la pédale, il n’aurait pas pu s’imposer. Bien qu’il n’a pas été autant en réussite, j’ai trouvé Vlasov plus costaud que Gaudu. Quand on lit sur des forums des commentaires qui font de Gaudu un type plus fort que Pinot, c’est aller vite en besogne. Plus régulier sans doute, mais je ne le vois pas (encore) faire ce qu’à réalisé Pinot au Tourmalet par exemple Il reste beaucoup de route à Gaudu, TGH qu’il battait chez les amateurs a déjà un Giro lui. Et ne parlons pas de Bernal ou Pogacar…
Il n’est effectivement pas et loin du niveau de Pinot ces dernières années. Mais il n’a finalement que 24 ans, un âge ou il y a même pas 5 ans on aurait dit que ces performances sont extrêmement précoces. Pour moi le comparer avec deux coureurs d’Inéos et Pogacar n’est pas véritablement pertinent dans la mesure ou leurs performances sont plus que douteuses et appartiennent à des équipes pour le moins sulfureuses. Quant à Vlasov il termine finalement une Vuelta 3 places derrières Gaudu et sans victoires d’étapes. Ce qui signifie qu’il lui était quand même supérieur. Mais leurs performances respectives sont difficile à comparer. Ils n’ont pas eu la même stratégie. L’un a attendu le plus longtemps avant d’être distancé quand l’autre prenait les échappés. Pour ma part je pense que lorsque l’on est dans les disposition de ces deux coureurs la stratégie de la FDJ était la meilleur. En outre sur un grand tour de trois semaine je pense que Gaudu fini devant Vlasov surtout car il était plus costaud. Il ne faut pas oublier que Gaudu prend un sérieux éclat à l’Angliru car il était échappé la veille. Rien ne laisse penser qu’il n’aurait pas été en mesure de faire mieux que Vlasov si il avait suivi la même stratégie d’attendre le point de rupture.
Après, l’objectif d’une course est aussi de finir le mieux classé possible. Et c’est la stratégie qui permet de palier les possibles « faiblesses » physiques.
Donc, bravo à Gaudu et à la FDJ !
Il a quand même battu des types comme Soler ou De la Cruz dans ces échappées, donc pas des peintres non plus.
Et au même âge Pinot ne dominait pas non plus les cadors en montagne…
Justement si, sur le tour en 2014 et donc a 24 ans, y’a vraiment que Nibali au dessus du lui, et avec Froome et Contador qui abandonnent et Quintana sur le giro il est clairement top 5 mondial.
Quand on voit que Thomas finissait 22eme et Dumoulin 33eme..
Que de progression fulgurante !