Après plusieurs mois de réflexion, la fédération a fait part de son choix pour le poste de sélectionneur de l’équipe de France : ce sera Cyrille Guimard. Une collaboration avec Jean-Christophe Péraud fut un temps au programme, avant que le récent retraité décline l’offre. Guimard, 70 ans, sera donc seul aux manettes. Un choix qui fait débat au sein de la rédaction de Chronique du Vélo.
Une bonne idée par Robin Watt
Cyrille Guimard. Rien que le nom suffit à imposer le respect. Et tant pis pour ses 70 ans, ils importent finalement peu dans cette histoire. Ce qui compte, c’est l’expérience de Guimard. Pendant une vingtaine d’année, il a été un directeur sportif qui compte dans le peloton. Il a façonné Bernard Hinault et l’a mené à quatre de ses cinq victoires dans le Tour de France. Idem avec Laurent Fignon, qui a remporté deux fois la Grande Boucle, toujours avec Guimard comme patron. Enfin, le Nantais a aussi formé Greg Lemond, même si l’Américain a gagné sans lui. Oui, c’était il y a un sacré bout de temps, mais s’il a réussi à gérer ces champions-là, alors il peut gérer n’importe qui. Et surtout, avec une telle carte de visite, il n’aura rien à faire pour que les Bleus d’aujourd’hui boivent ses paroles.
On ne l’appelle pas le Druide pour rien. Oui, Guimard n’était plus un directeur sportif d’envergure depuis qu’il a quitté Castorama, en 1995. Mais il n’est pas parti s’isoler dans une campagne reculée en faisant une croix sur le vélo. A la télé ou à la radio, il n’a quasiment pas cessé d’être un consultant reconnu depuis bientôt vingt ans. Alors le cyclisme d’aujourd’hui, il le connaît. Les loustics qu’il va rencontrer prochainement, aussi. Il n’aura pas la proximité qu’aurait pu avoir un Jean-Christophe Péraud avec les tricolores actuels, mais il a une aura qui peut quasiment tout compenser. Si lui ne parvient pas à mener cette équipe de France jusqu’où son potentiel doit la mener, alors ce sera à se demander si quelqu’un sur cette terre en est capable.
Une mauvaise idée par Baptiste Allaire
Cyrille Guimard est l’un, si ce n’est le meilleur directeur sportif de l’histoire du cyclisme français, ses résultats parlent pour lui. Mais le voilà aujourd’hui à la tête d’une équipe de France avec des coureurs qui pour la plupart n’ont pas vu sa dernière victoire sur le Tour de France avec Laurent Fignon en 1984. A 70 ans, le Nantais est-il encore l’homme de la situation ? Si Guimard travaillait encore jusqu’ici comme consultant sur RMC ou comme directeur sportif chez Roubaix Métropole, il s’est retiré du haut niveau il y a vingt ans. On peut donc légitimement se demander s’il est encore en phase avec le cyclisme moderne. Cette nomination, en fait, arrive peut-être juste quelques années trop tard.
Les Bardet, Pinot, Alaphilippe et tous les autres ne sont pas des coureurs des années 1980. La période Bourreau avait déjà souligné les problèmes générationnels entre sélectionneur et coureurs. Une co-gestion entre Guimard et un jeune retraité aurait permis de mêler flair tactique et science du cyclisme moderne. Péraud a longtemps tenu la corde, mais il a finalement refusé. Jean-Patrick Nazon et Jacky Durand avaient également déposé leurs candidatures, mais la FFC n’a pas donné suite, préférant s’appuyer sur l’illustre passé de Guimard. Comme une impression d’un choix par défaut, alors que la nomination d’un nouvel homme aurait permis la création d’un véritable projet autour de l’équipe de France. Après son départ de la FFC en 2015, Guimard avait taclé Bourreau dans les colonnes du Parisien, critiquant son approche du rendez-vous olympique. Mais sera-t-il vraiment capable de faire mieux ?
Guimard a beaucoup parlé. Reste à voir les actes. Le druide a sublimé de grands coureurs. Peut-il faire de coureurs moyens des cracks le temps d’une course? Pas sur. Après il va profiter, contrairement à ses prédécesseurs, d’une belle génération. Latour, Bardet, Alaphilippe, Gaudu… La co gestion aurait néanmoins été meilleure.