Il s’en est fallu de peu que pleuvent les louanges sur l’équipe Groupama-FDJ, en cette fin de saison. Tout se joue finalement sur une étape et sur l’abandon de Thibaut Pinot, lors du Tour de France, alors que tout un pays se mettait à rêver de maillot jaune. La question, alors, est de savoir si la fin tragique efface forcément ce qui a précédé.
Le top : le Tour de France
Une superbe impression sur la Planche des Belles Filles puis un coup de maître à Saint-Etienne, en compagnie de Julian Alaphilippe, c’était suffisant pour placer Thibaut Pinot à la troisième place du Tour de France et en faire, en plein mois de juillet, un candidat plus que crédible au maillot jaune. Une bordure plus tard, tout semblait perdu, mais un bon chrono, un récital – et une victoire de prestige – au Tourmalet puis un autre le lendemain, à Prat d’Albis, ont laissé entrevoir les rêves les plus fous. L’espace de quelque jour, Thibaut Pinot est devenu non pas celui qui pouvait gagner le Tour, mais celui qui allait le gagner. C’était écrit, il était le plus fort, rien ne pouvait plus arriver avec seulement de la montagne au programme, là où le Franc-Comtois devait faire la différence. La fin n’a pas été celle espérée, mais de cette saison, on retiendra forcément cette excitation qui est montée à un niveau jamais vu au XXI siècle. Le Français a fini par craquer mais a fait vibrer comme jamais ceux qui ont aujourd’hui moins de trente ans.
Le flop : le Tour de France
On ne court pas le Tour de France pour y faire bonne impression, du moins pas quand on s’appelle Thibaut Pinot. Malheureusement, à la sortie, il ne reste que cette victoire d’étape au Tourmalet, magnifique mais insuffisante pour faire passer la déception. « Solo la vittoria e bella », c’est la phrase tatouée sur le biceps droit du tricolore. Quand on vise le maillot jaune, n’importe quoi d’autre est un drame. Certains se rappelleront longtemps de cet été idyllique puis maudit. La faute à une blessure inexplicable sur le moment et toujours inexpliquée trois mois plus tard. Une lésion au niveau de la cuisse, courante chez les footballeurs, absolument pas chez les cyclistes. Les larmes de Pinot, sur le vélo, auront marqué les téléspectateurs pour un paquet d’années. En même temps que le point le plus fort émotionnellement de l’année, pour l’équipe Groupama-FDJ mais peut-être aussi pour le cyclisme français, cette Grande Boucle est donc aussi le point le plus dramatique, celui qui a vu les espoirs d’une année s’envoler en un rien de temps et dans l’incompréhension.
La stat : 1
Sur cinq victoires au total, Arnaud Démare n’en a décroché qu’une seule en World Tour, sur le Giro au mois de mai. Un si faible total, ça ne lui était plus arrivé depuis 2015 (2 victoires, 0 en World Tour).
C’est exactement ça : on a eu la FDJ la plus forte de ces dernières années collectivement même si les résultats sont décevants. Il faut souligner le très bon chrono par équipe (merci kung !) et des jeunes prometteurs (madouas, gaudu bien sûr, le champion de France de chrono…)
Décevant aussi par les aspects tactiques sur le Giro et le Tour (la bordure comme d’habitude, c’est pas comme si Madiot était un ancien Flandrien…). Pour le reste, Gaudu très fort (mais loin de Bernal ou Pogacar) et un peu seul en montagne dans le Tour. Mollard était vite lâché et la “garde suisse” n’a plus la splendeur d’antan. A-t-on recruté dans ce sens ?
Quant à Demare, il semble plafonner
Je suis globalement déçu.
Pinot formidable et Küng précieux. Mais pour une équipe WT c’est très peu.
Madouas et Gaudu progressent certes, mais quand même pas à un rythme enthousiasmant.
Oui, Gaudu a du souci à se faire quand on voit ce qui arrive derrière : Pogacar, Hirschi et Evenepoel notamment. Qu’il semble loin le temps où il pouvait dominer un Bernal en montagne.
attention a ne pas tout mélanger. Evenepoel et Hirschi ne sont pas des grimpeur même si ce dernier a quelques référence dans les courses de cotes. Gaudu progresse a son rythme et en tant que lieutenant de Pinot sur le tdf la ou Pogacar un déjà un rôle de leader/ chasseur d’étapes/ electron libre .
Evenepoel n’est peut-être pas un pur grimpeur mais ça ne l’empêchait pas de surclasser les autres juniors en montagne, notamment lors des championnats d’Europe 2018 où il gagne avec 10 mn d’avance mais surtout lors des mondiaux la même année à Insbruck.
De surcroît, il a montré dès cette année qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs sur de forts pourcentages. Sur la Classica San Sebastien, il ne perd quasiment rien sur la dernière ascension de 2km à 11%.
Quant à Hirshi, tout dépend de l’orientation qu’il souhaite donner à sa carrière car il est polyvalent mais il a été champion du monde espoirs à Insbruck donc ses qualités de grimpeur sont évidentes.
Note très gentille comme d’habitude pour les équipes francaises.
Un 10 aurait été plus en rapporr avec les résultats ( ou plutôt l’absence de) )obtenus
J’attends avec curiosité la note des ag2r Après leur mirobolante saison.
IL me semble que j’avais mis 10 à Fdj et 12 à AG2R (pa tjr objectif avec AG2R je dois avouer^^) mais au final en terme de résultats Pinot n’a pas terminé le Tour et Démarre a perdu le maillot sur le Giro et Küng fait 3 aux championnats du monde quand AG2R fait 2 maillots distinctifs sur 2 Tour, Naesen fait 2 à San Remo.
Pour la FdJ, je dirais que la difficulté de la note repose sur la vision du verre à moitié plein ou à moitié vide… Et je n’arrive pas à me décider. J’espère que Pinot pourra “enfin” avoir une grosse forme sur un Tour et ne pas se blesser/tomber malade pour qu’il n’ait pas de regrets à la fin de sa carrière.
Le maillot distinctif par défaut de Bardet est un lot de consolation qui a infiniment moins de valeur que l’étape de Pinot. Sincèrement, qui peut prétendre que Bardet a fait une meilleure saison que Pinot ? Il faut regarder la manière et pas seulement les résultats… L’un aurait (probablement) gagné le Tour sans une blessure ou au pire fait un podium, l’autre n’a eu les pois que parce que deux étapes ont été salement écourtées (sinon ils étaient pour Bernal).
Dit autrement : l’année prochaine, sur le Tour, quand Gaudu va se mettre à l’avant pour visser, tout le monde va s’inquiéter de l’attaque de Pinot. Personne ne s’inquiètera vraiment ni de Bardet ni d’Ag2r.
En terme de resultat, la saison de Bardet, meme avec un maillot a pois, est moyenne (au mieux) mais au final le sponsor peut “vendre” quelque chose en terme de relations publiques mais je suis a 100% d accord que Pinot a fait tres forte impression et que son equipe a gagne en credibilite. Mais comme dit plus bas, dire que Pinot aurait gagne ou fait podium on ne sait pas, car a chaque fois qu il s est retrouve en position de jouer la gagne sur un grand tour il a ete soit blesse soit malade (malheureusement) et sur le papier la FdJ parait meilleure qu AG2R a l heure actuelle. Mais j aime bien ce petit renversement entre Ag2R qui etait plus attendu que la FdJ sur les precedents TdF et maintenant l inverse. En tout cas j espere que Pinot pourra assurer autant de spectacle l annee prochaine, comme Bardet, avec plus de reussite pour les 2 :)
Quand est-ce que Pinot a été en mesure de jouer la gagne sur un grand Tour à part cette année ? Par contre chaque fois qu’il a fini un GT il a été plus fort sur la troisième semaine qu’en début de Tour (en 2014 il lâche Nibali tout à la fin, en 2016 il gagne en dernière semaine, en 2017 pareil, en 2018 il monte en puissance tout au long du Giro avant d’abandonner, et sur la Vuelta il gagne les 15èmes et 19èmes étapes.
Bref, si vous sortez des stats, moi aussi !
Un manque de reussite; un manque de chance; qqs erreurs; Le podium du Tour leur tendait les bras; idem pour le cyclamen; Kung a pesé au mondiaux ; les gars etaient présents sur ces enormes rendez vous bien que l´equipe soit indéniablement un cran en dessous des top teams .
Qui à fait mieux chez les equipes de niveau équivalent ?
Lotto Soudal, Trek, Education First notamment.
Est-ce que l’on doit prendre en considération les résultats obtenus sur les championnats du Monde et d’Europe ? Certes, Kung est salarié de Groupama FDJ, mais sur les championnats du Monde ses équipiers sont Suisses. Pour ma part, j’ai mis de côté les résultats sur ces championnats. La victoire de Pedersen n’a pas influé sur la note que j’ai donné à Trek.
L’année dernière tout le monde a mis une super note à Movistar qui avait tout raté parce que Valverde a gagné le maillot arc-en-ciel…
Ca sera interessant de voir comment la redaction et les lecteurs dans l´ensemble prendont en compte les resultats de ces mondiaux .
Et même plus que le podium du Tour. Sur ce qu’on a vu dans le premier massif, sans la blessure, je ne vois pas comment le Tour aurait échappé à Pinot. Il était devant Bernal et largement plus fort que Thomas.
@Pierre : c’est du cyclisme fiction…
D’une part Bernal était avec le paquet dans les Pyrénées et volait loin devant dans les Alpes.
D’autre part concernant Pinot, la vérité d’un massif se vérifie rarement dans l’autre. La forme de Pinot dans les Alpes est une totale inconnue.
Dans le Galibier, quand Thomas part, Pinot revient dessus sur une jambe.
Bernal était peut-être “avec le paquet” dans les Pyrénées, mais le paquet perd entre une minute et une minute trente sur Pinot sur ces étapes, c’est énorme dans le contexte du Tour. Aujourd’hui un écart de trente seconde ou une minute c’est un très gros écart en montagne.
Bernal volait dans les Alpes, certes, mais après que le seul coureur qui lui était supérieur dans les Pyrénnées a abandonné. Effectivement, on ne saura jamais, mais dire que Pinot aurait été sur le podium est aussi de la fiction. Peut être qu’il aurait chuté ailleurs ou qu’un autre coureur aurait bénéficié du marquage Pinot-Bernal, etc.
C’est autant de la fiction de dire que Bernal aurait battu Pinot sans la blessure que le contraire. Mais au pied des Alpes les bookmakes donnaient Pinot favori et j’ai tendance à faire confiance à ces escrocs sans scrupules.
Les moments marquants de la saison pour cette équipe sont assez ambigus au moment de tirer un bilan. L’abandon de Pinot et la bourde tactique qui leur fait perdre le classement par points sur le Giro sont pour moi très révélateurs. En effet, l’équipe peut avoir beaucoup de regret sur ces deux points, mais en même temps pour avoir des regrets il faut avoir fait de belles perfs avant. Alors, que retenir ? La bonne tenue globale de l’équipe sur ces deux gros rendez-vous ? Ou la fin en eau-de-boudin ?
Sinon, à titre individuel je dirais que la déception de la saison c’est Démare, la satisfaction c’est plutôt David Gaudu
Effectivement, je pense aussi que la déception sur le Tour et à un degré moindre sur le Giro avec Démare, a été aussi grande que l’avaient été les espoirs juste avant. Sur le Tour, on a pu constater que bien constituée, cette équipe Groupama pouvait faire peur. Non seulement Pinot a été un vrai leader, dangereux pour tous les autres (ce que tout le monde avait déjà entrevu depuis pas mal d’années) mais en plus, il a eu une équipe autour de lui qui a dû inspirer le respect aux autres formations qui ont l’habitude de jouer des podiums sur les grands tours. Et honnêtement, à part l’épisode de la bordure où les capitaines de route de l’équipe n’ont pas totalement rempli leur mission (Bonnet et Ladagnous notamment et ce sont pourtant des gens pour qui j’ai énormément de respect), j’ai trouvé que l’équipe avait fait un très bon Tour. En gros, j’ai trouvé que l’équipe de Madiot avait pris une autre dimension sur ce Tour 2019. Malheureusement, le résultat fut bien triste et comme en plus, la saison ne se résume pas à trois semaines en juillet, difficile de gratifier la Groupama FDJ d’une très bonne note. Dommage.
Justement, c’est pour moi la rupture majeure de cette année (en fait depuis le Tour de Lombardie l’année dernière) : Pinot et la FdJ, pour la première fois, on pu faire peur aux équipes qui jouaient la victoire et faire la course au lieu de la subir. Cela n’avait jamais été vraiment le cas jusqu’à présent, même sur le Giro 2017 où il n’avait jamais vraiment été en mesure de peser sur la course, d’obliger ses adversaires à réagir à ce qu’il faisait, et de les faire douter. On se souvient du trio Nibali-Quintana-Dumoulin le laissant filer prendre une minute… cette année, quand il est parti dans les Pyrénées, c’était complètement différent !
Pour moi on peut dire que la FdJ, malgré les déceptions, a réussi sa saison au sens ou l’équipe fera clairement plus peur à ses rivaux en 2020 qu’en 2018. Là où on voyait fréquemment Pinot snobé dans les listes de favoris des sites anglophones en faveur de coureurs comme Porte ou Landa, je suis à peu près certain que ça ne sera pas le cas l’année prochaine.
Réduire tout une équipe à un seul coureur montre au contraire que collectivement la saison a été mauvaise.
Au contraire. En admettant que Pinot ait pris une autre dimension cette année sur le Tour (et je ne parle ici que de sa performance sur le Tour, je mets de côté sa magnifique victoire au Lombardie en 2018), j’ai trouvé que son équipe était au diapason. L’équipe a peut-être moins gagné que la saison passée (c’est à vérifier mais j’avoue que là, tout de suite, j’ai la flemme. Mais on peut déjà se souvenir qu’en 2019, Groupama FDJ n’a pas remporté leur habituel titre de champion de France sur route). Et j’ai trouvé que les performances de Madouas sur le Giro et de Gaudu sur le Tour étaient très intéressantes. Malheureusement pour ces deux derniers, on a une telle génération de phénomènes ces dernières années que leur performances sembleraient presque banales…
Bref, tout ça pour dire que j’ai trouvé qu’au contraire, en 2019, la Groupama FDJ avait franchi un cap dans la faculté à accompagner un leader sur un grand tour.
Au niveau des résultats ce n’est pas bon, mais de nombreux coureurs ont fait très forte impression. Outre un Pinot fort comme jamais sur le Tour et un Démare qui gratte quand même une étape sur le Giro, on a vu :
1) un Gaudu sensationnel sur le Tour, qui a par exemple fait sauté Valverde, Porte et Mas sur le Tourmalet. En complément de Reichenbach il a fait de la FdJ l’une des équipes les plus fortes en montagne.
2) Kung, qui fait une super saison et a eu un effet décisif sur les contre-la-montre par équipes. Depuis quand on n’a pas vu un rouleur aussi fort dans une équipe française ?
La FdJ fait un très bon chrono sur le Tour, c’est bien une perf collective…
3) Molard et Madouas font de bonnes saisons. Benjamin Thomas est champion de France de chrono.
Au total on a donc le meilleur Pinot qu’on ait pu voir, et pas moins de 5 équipiers qui font des bonnes saisons. Les résultats ne sont pas à la hauteur, mais la FdJ a été plus forte que l’année dernière.
Pour ceux que cela peut intéresser,voici le nombre de victoires obtenues par équipe sur le world tour 2019 (37 courses):
Quickstep 35 bora 30 jumbo 27 Astana 16 mitchelton 13 emirate et lotto 11 ineos 8 Movistar et bahrain 7 sunweb 6 education 5 groupama 4 ccc et ag2r 2 dimension data et et katusha 1, ont aussi gagné les conti corendon 2 cofidis vini androni murias et burgos 1 chacune
Les victoires ne se valent pas bien sûr. Ineos par exemple fait le double dans le Tour et gagne paris nice le tour de pologne et le tour de suisse avec seulement 8 succès tandis que bora gagne essentiellement des étapes ( et 2 classements par points au giro et au Tour).
Mais cela reste quans même un bon thermomètre.
Ca fait quand même peu pour les équipes françaises et la Movistar qui paie la saison en demi teinte du taulier Valverde.