Avec plus de vingt ans d’existence, le Tour Down Under, épreuve désormais considérée comme le coup d’envoi de la saison cycliste, aura eu en quelques années le temps de se fabriquer de beaux souvenirs. Certains remontant déjà au siècle dernier, d’autres bien plus frais avec des champions qui nous concernent toujours. Retour sur les petites et grande histoires du « TDU », en cinq dates.
24 janvier 1999: Tour Down Under, première
C’est un podium de flandriens qu’on honore. La première édition du Tour Down Under, achevée dans les rues d’Adélaïde, consacre alors un Australien reconnu, Stuart O’Grady, qui remportera quelques années plus tard Paris-Roubaix. Idem pour le coureur achevant la course à la troisième place, le géant suédois Magnus Bäckstedt. Entre les deux, un Danois, Jesper Skibby, habitué aux avants postes notamment sur le Tour des Flandres. Mais ici, en Australie, pas de temps de cochon ou de pavés à se mettre sous les roues. On a plutôt affaire à un chaud soleil sur un parcours ne présentant pas de grosses difficultés. Pour la première édition d’une épreuve australienne d’envergure, l’heure est à la découverte, avec quelques équipes européennes venues rouler dans ces contrées lointaines. Les coureurs du Crédit Agricole auront bien rentabilisé leur semaine, puisque O’Grady et Bäckstedt en sont alors de brillants pensionnaires. Avec deux victoires d’étapes et le succès final, le natif d’Adélaïde, maillot jaune sur le Tour l’année précédente, inaugure le palmarès de manière remarquable. Avec un tel porte-drapeau, l’épreuve pouvait difficilement mieux naître.
23 janvier 2000: un Frenchie chez les Aussies
Cette fois, Stuart O’Grady n’a pas eu le dernier mot. A l’autre bout de la planète, ce sont deux équipes françaises qui se placent aux deux premières places du podium : AG2R Prévoyance et le Crédit Agricole. O’Grady est cette fois devancé par Gilles Maignan, alors âgé de 31 ans et double champion de France en titre du contre la montre. Le coureur d’Argenteuil décroche ici la seule victoire de sa carrière à l’étranger. Bien placé au terme de la deuxième étape, battu seulement par Michael Rogers et René Jorgensen, le coureur d’AG2R s’empare du commandement de la course au terme de la quatrième étape à Modbury, achevée dans un groupe d’une dizaine de coureurs. Le leader, Michael Rogers, finissait loin derrière, largué à plus de vingt minutes. La route s’ouvre alors jusqu’à Adelaïde pour Maignan. Les Français auront réussi une belle semaine, avec la victoire de Stéphane Bergès en solitaire lors de la troisième étape et les belles places d’honneur de Magnien ou encore Turpin. Au palmarès, Gilles Maignan est à ce jour le seul tricolore vainqueur du Tour Down Under.
20 janvier 2009: le come-back du cow-boy
Un retour à près d’un million d’euros. Et un accueil digne d’une rock star. Rarement le Tour Down Under n’aura autant été sous les feux des projecteurs qu’en cette année 2009. Et pour cause, c’est l’un des personnages les plus médiatiques du cyclisme qui refait son apparition, à savoir l’Américain Lance Armstrong. Sorti de sa retraite pour un improbable come-back après trois années loin des pelotons, celui qui est encore à cette époque septuple vainqueur du Tour nourrit l’ambition affichée de gagner une huitième Grande Boucle. Bien évidemment, l’épreuve australienne en tire ici une visibilité probante, mais chèrement monnayée. Dix ans plus tard, on apprendra que le gouvernement d’Australie du Sud aura sorti le carnet de chèque et un joli montant d’1,5 millions de dollars australiens. Voilà pour le business. Coté sportif, le Texan aura été plus discret. Dans une épreuve ayant vu toutes ses étapes s’achever au sprint, celui ci n’aura pas une seule fois intégré le top 10, faisant tout de même bonne figure lors de l’ultime étape en se portant quelques temps aux avants postes. L’essentiel était toutefois ailleurs: le come-back de l’Américain aura fait parler.
21 janvier 2010: la révélation de Terminator
Stirling, 3e étape du Tour Down Under 2010. Sous une chaleur accablante, c’est un outsider pas vraiment attendu qui s’impose au nez et à la barbe dans ce long faux plat d’arrivée, devenu un classique de l’épreuve australienne. Derrière Manuel Antonio Cardoso, il y a du lourd : Alejandro Valverde, le champion du Monde Cadel Evans, et un maillot Liquigas, alors quasi inconnu au bataillon. Il est Slovaque et possède donc une sacrée pointe de vitesse. Son nom : Peter Sagan. Impressionnant les suiveurs, celui ci semble ne pas avoir froid aux yeux du haut de ses 19 ans. Confirmation sera donnée trois jours plus tard lors de l’étape reine, tracée autour de Willunga. Lors de ascension de Willunga Hill, celui ci se permet de faire la course en tête avec Valverde, Evans ou encore Luis Leon Sanchez, qui remportera l’étape. Un peu court dans un final qui verra le peloton mourir à quelques hectomètres des fuyards, Sagan achève son étape en cinquième position. C’est sûr, on tient ici de la graine de champion. 29ème au classement final, impressionnant et sans complexes, l’histoire retiendra que le début de l’aventure Sagan aura commencé quelque part aux antipodes.
20 janvier 2019: Porte puissance six
Et de six ! Qui aurait pu imaginer une telle série ? Depuis 2014, Richie Porte est le maître de Willunga Hill, avec six succès consécutifs, série en cours. Assez peu sélectif dans ses premières années, le Tour Down Under présente enfin depuis 2012 une étape reine se terminant au sommet d’une vraie difficulté. La côte de Willunga est donc amenée à faire la différence. Mais elle est depuis devenue une véritable chasse gardée pour le coureur tasmanien. Avec sa parfaite connaissance des lieux, ses qualités de grimpeur assorties à un punch nécessaire pour conclure le travail, Richie Porte aura su profiter de son excellente forme à chaque début de saison pour ouvrir rapidement son compteur. Mais s’imposer au sommet de Willunga n’est pas forcément une garantie de succès final : alors sous les couleurs de la BMC, Porte n’aura remporté qu’une seule fois le classement général, en 2017, avec près de 50 secondes d’avance sur Esteban Chaves. C’était le temps de la démonstration. En cette année 2020, Porte aura t-il les ressources pour enchaîner la passe de sept?
“Au palmarès, Gilles Maignan est à ce jour le seul tricolore vainqueur du Tour Down Under. Vingt ans après, la statistique reste toujours valable.”
Ces deux phrases ne disent-elles pas la même chose ?
Le Tour Down est devenu un classique de début de saison, récompensant justement un pays parvenu dans les premiers rangs du cyclisme professionnel.
Le seul bémol à mes yeux est l’absence d’un contre la montre dans lequel excellent pourtant les coureurs australiens. Même sur une faible distance pour ne pas créer des écarts irréversibles, j’estime mais ça n’engage que moi , qu’une course à étape supérieure à 5 jours devrait comprendre un CLM, l’un des aspects incontournable du cyclisme. Je sais bien que ce n’est pas la tasse de thé des français, de plus en plus médiocres dans cet exercice ( à part la singularité de notre seul vrai champion actuel, Alaphilippe) et que le CLM est plus en plus délaissé par ASO ( en étant mauvais esprit, le fiasco des premiers cités expliquant la politique actuelle d’ASO, qui pour moi a de plus en plus la philosophie d’entrepreneur de spectacle que d’organisateur sportif) mais tous les super champions se sont révélés dans ce qu’on appelait très justement l’épreuve de vérité.
@chris83: je ne suis vraiment pas du tout d’accord avec toi! je trouve au contraire très bien d’avoir des courses par étapes world tour sans contre la montre! Cela permet d’avoir des scenarios plus variés. Je regrette d’ailleurs que le tour de Catalogne ait introduit un CLM cette année. C’est la variété des parcours, des scenarios de course qui font le charme du cyclisme. Dans ta logique d’uniformisation, pourquoi ne pas aussi imposer un % d’étapes plates? un % d’étapes de moyenne montagne, de haute montagne, de CLM, de CLM/equipes? Histoire d’avoir toutes les courses sur le même format! Par ailleurs il est clair que les CLM creusent proportionnellement bien plus d’ecart qu’il y a 20 ou 30 ans, il est donc nécessaire d’en reduire le kilométrage, c’est cela la logique d’ASO. Parler du CLM comme d’une “épreuve de vérité”, c’est très discutable! Le vélo est par essence un sport d’endurance long, les CLM sont eux des efforts relativement bref. Ils ont bien sur leur place, mais de la à dire que c’est des “épreuves de vérité”, non pas pour moi. Enfin, les CLM ne créent pas la légende du cyclisme, même si sur place c’est sympa de voir passer… Lire la suite »
Les CLM favorisent les courses d’attente et les grosses équipes qui peuvent protéger leurs rouleurs des attaques en montagne. Bref, ils rendent les courses moins intéressantes à suivre.
Le TDU est incontournable ? Je le trouve dispensable. On y retrouve chaque année les mêmes protagonistes qui y font invariablement les mêmes résultats.
Je m’attends toujours à voir le casque de Simon Gerrans débouler dans le peloton, c’est dire….
oui il faut appeler un chat un chat, le down under, comme toutes les courses avant les Strade Bianchi et le Het Nieuwsblad restent des courses de préparation, sauf bien sur pour les australiens qui sont chez eux
Remarquez, Henri, les Coureurs de l’équipe Jumbo Visma sont un peu chez eux aussi au Strade “Bianchi”…
Etonnante la façon dont le terme “aussie” a pu s’imposer chez les journalistes sportifs sans qu’on sache vraiment en quoi ça apporte quelque chose par rapport à “australien”. Qualifie-t-on Greipel de sprinteur german ?
Pendant ce temps au Gabon, les coureurs africains ont durement secoué les européens et Lille Roubaix remporte une nouvelle course à étapes devant des formations plus huppées