A 29 ans et après avoir quasiment tout connu avec Sunweb (anciennement Argos, où il est arrivé en 2012), Tom Dumoulin veut voir plus grand. Alors qu’il bute depuis quelques années sur le Tour de France, il a rejoint cet hiver l’armada Jumbo-Visma pour enfin vaincre Ineos et revêtir le maillot jaune.
Une bonne idée par Robin Watt
Depuis qu’il a remporté le Giro en 2017, on attend de Dumoulin qu’il se frotte au Tour de France. Mais jusqu’à maintenant, il n’a jamais pu tout miser sur la Grande Boucle. En 2018, il a terminé deuxième du Giro et du Tour, performance prodigieuse mais frustrante, car on se demande ce qu’il aurait pu faire de mieux en juillet s’il n’avait pas lâché autant d’énergie en mai. Vivement que le Néerlandais se concentre sur un seul grand tour, se disait-on alors. Sauf qu’en 2019, il était encore question de doublé et une grave chute en Italie a hypothéqué ses espoirs de l’été. L’équipe Sunweb, qui n’a qu’un seul leader de renom pour les grands tours, a logiquement voulu exploiter au maximum le potentiel de Dumoulin. Mais résultat, depuis son Giro victorieux il y a bientôt trois ans, le garçon n’a pas réussi à concrétiser de nouveau sur trois semaines.
Ce départ vers une autre écurie est donc parfaitement sensé. Dumoulin n’a pas besoin d’une équipe uniquement centrée autour de lui, il a besoin d’une équipe qui lui laisse des libertés parce qu’elle peut se reposer sur d’autres leaders. C’est exactement ce qu’il va trouver chez Jumbo-Visma, où Primoz Roglic est désormais lui aussi un vainqueur de grand tour et où Steven Kruijswijk est monté sur le podium en juillet dernier. L’armada a fière allure et l’encadrement a déjà annoncé que le trio serait envoyé ensemble sur les routes du prochain Tour de France. Pour Tom Dumoulin, tout va changer. Lui qui s’était heurté il y a un an et demi à la stratégie à deux têtes de Sky, avec Froome et Thomas, va pouvoir opérer de la même manière désormais – avec Roglic davantage qu’avec Kruijswijk, imagine-t-on. Après avoir perdu plusieurs fois face aux Britanniques, le Néerlandais a logiquement compris qu’il lui fallait une approche différente pour espérer l’emporter. Il lui reste désormais à s’assurer qu’il sera bien l’option n°1 de sa nouvelle équipe.
Une mauvaise idée par Romain Puissieux
Chez Sunweb, Tom Dumoulin avait toute une équipe dévouée à sa cause et à son rêve jaune. En arrivant chez Jumbo-Visma, le Néerlandais intègre une formation possédant de multiples leaders ayant le même objectif que lui, et surtout le même style que lui. Si Ineos a prouvé que la cohabitation de leaders pouvaient porter ses fruits, beaucoup d’équipes se sont cassées les dents avec des monstres à deux ou trois têtes au départ d’un grand tour. Tom Dumoulin va donc devoir faire sa place individuellement au sein de cet effectif pléthorique. Suite à une saison blanche en 2019, le Batave n’arrive pas en terrain conquis et va être dans l’obligation d’apporter des garanties sur son retour en forme. En face de lui, Steven Kruijswijk et surtout Primoz Roglic sont des exemples de régularité depuis plusieurs années et vont aborder la saison avec habitudes et certitudes.
C’est d’ailleurs principalement le Slovène qui risque de mettre des bâtons dans les roues de Dumoulin dans sa quête de maillot jaune. Les deux hommes proposent des qualités similaires avec un léger avantage pour le dernier vainqueur de la Vuelta lorsqu’il s’agit de changer de rythme en haute montagne ou de faire preuve de punch sur de forts pourcentages. Autre point qui laisse perplexe sur le choix de Dumoulin, en rejoignant l’équipe de Roglic, il se trouve en concurrence interne avec un coureur aussi fort que lui dans l’exercice solitaire. De fait, il n’est pas certain de se retrouver en position de force au général suite à un contre-la-montre individuel, chose qui aurait été le cas dans la quasi totalité des autres équipes. Si Jumbo-Visma suit la logique Ineos, à savoir ne pas attaquer l’homme le mieux placé au général, le risque est fort pour Dumoulin de se retrouver dans une situation d’attente derrière un Roglic qui monte en puissance année après année et fait preuve d’une grande régularité en montagne.
C’est une bonne idée pour Jumbo-Visma (le néerlandais reste un coureur très fiable quand il est en forme), beaucoup moins pour Dumoulin (sauf s’il a des objectifs différents de Roglic)
Personnellement, je suis convaincu que le but de l’équipe néerlandaise Jumbo Visma est de mettre un néerlandais au palmarès du Tour de France en l’occurrence Tom Dumoulin et celui-ci le sait.
Alors qu’il aurait pu choisir le « facilité » du Giro et ses nombreux km de contre la montre, Dumoulin a le mérite de réaffirmer son objectif de gagner le tour de France et se faisant, de se frotter à l’adversité interne sur cette course. Je ne serais pas étonné s’il prenait le pas sur son coéquipier Roglic s’il travaille sur le punch qu’il a perdu au fil des dernières années (je me rappelle de son finish sur le grand prix de Québec en 2014).
En tout cas, une chose est sûre, Inéos va trouver une équipe très complète et homogène à sa mesure sur les routes françaises en juillet prochain !
Malheureusement pour lui il est vraiment moins fort que Roglic en montagne. Quand il est en forme il peut suivre les meilleurs, mais au vu de la physionomie du prochain TdF, le candidat a la victoire finale ne pourra se contenter de suivre les meilleurs, car aucun le seul contre la montre n’est pas favorable aux rouleurs. Roglic lui est un coureur très complet, car il n’a pas qu’un gros moteur, il a du punch et pourrait même viser des classiques comme Liège (mais s’il n’a pas les qualité d’un Julian Alaphilippe sur les ardennaises) ou plus probablement le Lombardie ou les Championnats du Mondes / JO en 2020 !!
Mon vote: c’est une bonne idée. Une nuance toutefois, Dumoulin n’avait pas le choix, il n’aurait pas pu continuer avec Sunweb et inutile d’épiloguer là-dessus. Donc, si ce n’est pas une bonne idée, c’en n’est certes pas une mauvaise. On verra sur le terrain. Je souhaite que Jumbo-Visma pulvérise Ineos, mais mon rêve le plus fou: Pogačar se faufile à travers toutes ces grosses équipes qui se prendront à la gorge et crée la surprise.
Ou Pinot…
C´est quand mème un tantinet tiré par les cheveux de vouloir opposer Kruijswijk à Dumoulin. Hormis les avatars, l´évolution de la saison et des premiers jours du Tour donneront plus d´indications entre Roglic et Dumoulin. Le slovène va etre fort, trés fort; mais la saison 2019 du batave doit en principe lui avoir permis de récupérer de ses blessures et d´une saison 2018 énorme; une franche coupure qui peut etre à son avantage dans sa préparation et dans son niveau de fraicheur en Juillet .
Attention en 2018, le tour était plus « facile »: seulement 3-4 grosses étapes de montagne et un chrono de 31 kms favorables aux rouleurs. Le tour 2020 sera comme le tour 2019, voire même plus dur… donc pour lui comme pour Thomas, ce sera sans doute trop dur
Évitons de porter le mauvais oeil à Dumoulin et aux Jumbo en parlant d’armada. La véritable Armada avait voulu elle aussi s’attaquer aux anglais et elle a très très mal fini…
C’est une bonne idée.
Un incontestable renfort pour Jumbo, d’une part.
Plus complexe pour Dumoulin, que je ne vois pas lutter pour le podium du Tour dès 2020, après tant de blessure et de temps passé loin des competitions. Mais aurait-il fait mieux sans transfert ? Bien sûr que non ! Aura-t-il une équipe plus forte que Sunweb pour l’accompagner sur ses objectifs ultérieurs ? Je le pense.
Tom Dumoulin offre beaucoup moins de garanties que Roglic sur un grand tour. Certes il est un tout petit peu plus fort sur CLM (quoique), mais il demeure beaucoup moins performant en haute montagne. La preuve: son seul grand tour remporté (Giro 2017) l’a été seulement de 31s face a Quintana (un rouleur « médiocre », il avait concédé plus de 4 min 30 face a Dumoulin sur le CLM de ce Giro) malgré 70 kms de CLM. Roglic en était quasiment aussi bon en CLM offre bien plus de sécurité en haute montagne, même si ça victoire de la vuelta doit être tempérée du fait que Quintana et Valverde sortaient du tour et que Pogacar decouvrait son premier grand tour. Sur le prochain tour, la multiplication des étapes de montagne tout au long des trois semaines (surtout en premiere) et l’absence de contre la montre pour rouleur vont rebattre les cartes, et des purs grimpeurs comme Bernal, Pinot, Carapaz et Quintana devraient trouver un terrain favorable pour se jouer la gagne.
Roglic est selon moi le favoris du prochain Tour de France, car il a montré sur le dernier Tour d’Espagne qu’il savait être dans le coup dès le début de l’épreuve, qu’il sera plus à l’aise que les rouleurs-grimpeurs sur les nombreuses étapes accidentées et qu’il aura quand même l’avantage sur le grimpeur lors du chrono final (parce le début de l’étape est quand même roulant et que la Planche des Belles Filles est une ascension qui lui convient a priori très bien). Dumoulin devrait se concentrer sur le Tour d’Italie.
Sauf que sur ce Giro, il a perdu 3 minutes sur un incident gastrique, et ce quintana n’avait rien avoir avec celui d’aujourd’hui… Arrêtez de dire que dumoulin est fini, qu’il a passé trop de temps hors compétition etc… Il a juste chuté au giro et n’a pas su s’en remettre à temps pour la fin de saison. Il sera assurément en forme en 2020. Il présente bien plus de garantie que votre puceau de Pinot. Maintenant il ne gagnera peut être pas ce tour montagneux mais sans incident fera aisément un top 3.
+1
Et j’ajoute qu’il n’avait pas vraiment d’équipe non plus quand il gagne le Giro.
En effet le profil du prochain tour reste compliqué pour les non purs grimpeurs. La nouvelle coqueluche Roglic l´a bien compris au dernier giro…Il est clair qu´un gars comme Bernal partira avec les faveurs du pronostic.
Dumoulin est le meilleur en contre la montre, y compris je pense sur celui proposé lors du prochain tour de France. Il a une très bonne capacité à bien passer la montagne, y compris la très haute et sa victoire au giro l´a démontré car ne nous y trompons pas la Vuelta n´est pas le Giro puiqu´on veut absolument comparer Dumoulin, Kruijswijk et Roglic. Quand on parle de montagne il faut bien préciser les choses et faire le distinguo entre les différents cols selon leur altitude, leur longueur et la régularité de leurs pourcentages. Steven a été plus en capacité de gagner le Giro que Roglic. Dans votre article on fait fi un peu vite je trouve des chances de Kruijswijk, le moins bon rouleur des 3 mais ultra endurant, très régulier en haute montagne et qui sait etre offensif. Et je pense que sa motivation est portée par une grande ambition.
C´est bien le problème pour Tom Dumoulin qui est un très grand coureur et sans doute un grand monsieur tout simplement, porteur des bonnes valeurs du sport. Il sera en compétition avec ses propres coéquipiers, très ambitieux. Pour ce qui me concerne j´ai les plus grands doutes sur les capacités de Kruijswijk et Roglic à se mettre au service d´un collectif. Je les vois plutot se retirer dès que leurs chances seront restreintes, tenter des coups du genre victoire d´étape ou maillot distinctif voire meme rouler ou faire rouler derrière un coéquipier qui pourrait menacer leur position au sein de l´équipe s´ils sont encore dans le coup. Je n´aimerais pas avoir de tels « équipiers » avec moi. Je crains beaucoup pour Jumbo Visma un destin à la Movistar et son fameux triangle Valverde-Quintana-Landa (sans comper Carapaz…) dont a vu le comportement parfois grotesque.
A mon avis Tom se trompe de destination avec Jumbo Visma…