On pouvait attendre une élection serrée, mais au moment de voter, il n’y a pas eu débat. David Lappartient est devenu le nouveau président de l’UCI en battant Brian Cookson 37 voix à 8. Voilà donc le Français embarqué dans un mandat de quatre ans, face à de nombreux défis.

1. Réformer (enfin) le World Tour

C’est ce que Brian Cookson n’a pas su faire. Il était prévu une grande réforme, avec un World Tour recentré sur l’essentiel, mais le Britannique a été incapable de l’appliquer, et face aux difficultés, il a même changé complètement son fusil d’épaule en élargissant l’élite du cyclisme mondial. En tant qu’ancien vice-président de Cookson, David Lappartient est en partie responsable de ce qu’est devenue cette réforme. Mais il conçoit ses défauts et veut la reprendre. Resserrer le World Tour, avec moins d’épreuves et un calendrier davantage hiérarchisé, est essentiel. Il envisage aussi de séquencer la saison selon le types des épreuves (grands tours, courses d’un jour, courses par étapes) et leur localisation, sans que l’on en sache beaucoup plus pour le moment. Au gré des interviews, le Français assure vouloir terminer cette réforme en 2018 et la mettre en place en 2020. Aussi ambitieux que ce qu’annonçait Brian Cookson lors de sa prise de pouvoir, reste à savoir si cette fois, le concret suivra.

2. Régler le cas Velon

Est-ce un problème ou non ? Velon, en tout cas, sera un dossier épineux supplémentaire pour David Lappartient. Dans la droite lignée de Cookson, il est opposé à une ligue fermée prônée par l’association qui regroupe aujourd’hui dix des dix-huit équipes World Tour. En revanche, le nouveau président de la plus grande instance du cyclisme pourrait faire évoluer les choses et pourquoi pas convaincre les formations aujourd’hui ralliées à Velon. Si les termes restent encore flous, Lappartient a en effet ouvert la porte à des négociations entre organisateurs et équipes professionnelles pour la répartition des droits TV (même s’il fait reposer ces arrangements « sur la base du volontariat »), l’un des chevaux de bataille de Velon. Une proposition qui s’inscrit dans une volonté d’améliorer le système économique du cyclisme, de pérenniser la venue des sponsors et d’offrir à tous le maximum de stabilité. Du Velon sans Velon ? Pas loin.

3. Rendre le cyclisme plus attractif

L’équipe Cannondale est passé pas loin d’une disparition, sauvée de justesse il y a quelques semaines par un investisseur apparu par miracle. Mais pour prendre moins de risques, l’évolution du modèle économique n’est pas suffisant. Il faut que le cyclisme attire. David Lappartient n’a pas trouvé le coup de génie qui pourrait tout changer, mais il veut mettre en place un groupe de travail dédié à l’attractivité des courses. Il souhaite aussi réfléchir au format des courses et réformer les championnats du Monde sur plusieurs points : supprimer le contre-la-montre par équipes de marques, interdire les oreillettes sur la course en ligne, organiser une fois tous les quatre ans des Mondiaux regroupant les disciplines olympiques (route, piste, VTT et BMX), et créer un championnat du Monde des petits pays. Plutôt alléchant, même si ce n’est sûrement pas ça qui convaincra immédiatement les sponsors de rappliquer – ou bien de ne pas partir.

4. Faire évoluer la lutte contre le dopage mécanique

S’il y avait un point positif à retenir du mandat de Brian Cookson, ce serait bien l’avancée de la lutte anti-dopage. Avec un petit bémol malgré tout sur la fraude technologique. L’UCI a mis en place ses contrôles avec tablettes, sans qu’ils fassent l’unanimité. Le sujet est donc devenu l’un des axes principaux de la campagne de David Lappartient. Renforcer les contrôles et les sanctions semble une priorité et on ne le contredira pas. Quand il parle « d’analyser les performances pour cibler les contrôles », on peut aussi y voir une initiative judicieuse. Mais pour le reste, pas de révolution au programme. Le Français prévoit simplement d’utiliser tous les outils à sa disposition (tablette, rayon X, caméra thermique) et de les faire valider par des laboratoires indépendants. C’est sans doute ce qu’on a envie d’entendre après le dernier reportage de Stade 2, mais il n’est pas certain que cela change grand chose.

Retrouvez le programme complet de David Lappartient ici.

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