Le temps, parfois, aide à accepter le changement. Mais même cinq ans après, la pilule du contre-la-montre par équipes de marques aux championnats du monde n’est pas passée. Certains, Tony Martin ou Rohan Dennis en tête, ont pourtant mis toutes leurs forces dans la bataille. Mais l’épreuve continue de susciter un intérêt proche du néant.

Ultime supplice ?

Voyons les choses du bon côté : ce dimanche, c’est peut-être la dernière fois que l’on assistera à ce chrono sans saveur, censé lancer les Mondiaux mais qui n’ameute en réalité personne, ni sur le bord des routes ni devant la télé. L’élection de la semaine prochaine pour la présidence de l’UCI pourrait en effet régler le problème. Si David Lappartient, challenger du président sortant Bryan Cookson, venait à être élu, il retirerait purement et simplement l’épreuve du calendrier. Alors oui le reste du programme des deux hommes est à débattre, mais cette mesure, pour le coup, fait consensus. Y compris chez les équipes. Année après année, l’engouement de la nouveauté retombant, peu de formations décidaient d’aligner des hommes dans cette épreuve. L’an passé au Qatar, il n’y avait que dix-sept équipes au départ, dont dix World Tour.

Il faut dire que dans une semaine rythmée par les équipes nationales, voir revenir les maillots de Quick-Step, BMC, Orica et quelques autres n’a rien de très glamour. Il y a en revanche une sorte de négation des traditions, installée en plein cœur de l’évènement où le cyclisme aime le plus ressortir ses vieilles histoires de rivalités nationales, souvent les plus dramatiques. Quand un chrono par équipes nationales apporterait, si ce n’est un énorme intérêt que tout le monde ne reconnaît pas, de l’excitation dans une semaine qui n’en manque déjà pas, celui par équipes de marques est voué à ne pas fonctionner. Jamais cette mayonnaise ne prendra, les cinq dernières années suffisent à le prouver, même à ceux qui y croyaient dur comme fer. Tony Martin et Rohan Dennis, respectivement trois et deux médailles d’or dans l’épreuve, sont des portes drapeaux parfaits de l’inintérêt de cette course : personne n’a jamais trouvé nécessaire de préciser ces titres dans leurs palmarès.

Vivement la suite

Idem pour Sylvain Chavanel, titré deux fois avec Etixx Quick-Step, en 2012 et 2013. Le Français se considère-t-il pour autant champion du monde de quoi que ce soit ? En tout cas, on a bien plus souvent mentionné sa dixième place en individuel à Varèse, en 2008. Aussi soutenu soit-il par les instances et les coureurs – en façade – depuis sa création, le chrono par équipes de marques, très loin de faire l’unanimité, n’a même pas réussi à susciter un début d’intérêt. Cette année encore, on regardera avec un œil distrait. Tony Martin a changé d’équipe, et en vérité, on a un peu envie de savoir si avec Katusha, il peut aller chercher un titre qu’il décrochait presque naturellement avec Quick-Step. Pour le reste, difficile de s’impatienter. Ou plutôt si, on est impatient de voir arriver les courses qui comptent.

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