Comment définir la saison de Bahrain-Merida ? L’équipe financée par le prince Nasser ben Hamed al-Khalifa a connu une première année tout en contraste. Janez Brajkovič, Enrico Gasparotto, Heinrich Haussler, Franco Pellizotti, Giovanni Visconti : un effectif beau comme une boutique d’antiquaire. Des grands noms, de vielles jambes. Dans ce décor désuet, un joyaux a brillé dans le noir et a sauvé une saison mal engagée : Vincenzo Nibali. Et la vitrine s’est finalement décorée de deux podiums en grand tour et d’un monument. Pas si mal.

Le top : Vincenzo Nibali

Le requin de Messine n’a pas rempli son objectif de la saison, celui remporter le centième Giro de l’histoire. Une déception immense, certes, mais le résultat n’a rien de catastrophique. Longtemps dans la course pour le rose, il a échoué à la troisième place battu de peu par les deux grands talents de la génération 1990, Tom Dumoulin et Nairo Quintana. Mais l’Italien s’offrait malgré tout un neuvième podium de grand tour en carrière qu’il a complété en septembre d’un dixième sur la Vuelta, où il aura menacé Chris Froome presque jusqu’au bout. Puis il a sucré sa fin d’année avec un second triomphe sur le Tour de Lombardie. Deux podiums sur trois semaines agrémentés de deux victoires d’étape, un monument et une cinquième place au classement UCI, Vincenzo Nibali a porté haut les couleurs de sa nouvelle formation. Pourtant, il n’a pas joui d’une armada très solide autour de lui. Seul le valeureux Franco Pellizotti, 39 ans, a réellement aidé le Squale quand il en avait le plus besoin, en haute montagne. C’est mince, et ça donne encore plus de relief à la performance d’une légende loin d’être éteinte.

Le flop : la vieille garde

Voilà pourquoi la saison de Bahrain-Merida est un contraste. Seul son leader a brillé. Un coureur dans le top 5 du classement individuel de l’UCI quand son équipe est quatorzième c’est très, très rare. Ramūnas Navardauskas en perte de vitesse depuis quelques années a poursuivi sa chute dans les abîmes cette année, Heinrich Haussler a subi une blessure trop tôt dans la saison, Janez Brajkovič demeure le fantôme énigmatique qu’il est depuis près de cinq ans, Enrico Gasparotto a vécu la pire saison de sa carrière pour son retour dans une équipe World Tour, Giovanni Visconti n’a que sa victoire sur le Tour d’Émilie pour se consoler d’une année morne… Le choix d’un recrutement de coureurs expérimenté pour entourer Vincenzo Nibali et le suppléer quand il était absent n’était pas le bon. Le zéro pointé sur la Grande Boucle en est la plus éclatante des illustrations. Il faut dire que la jeunesse n’a pas non plus rempli son rôle. L’espoir Niccolò Bonifazio est loin d’avoir effleuré le niveau que son potentiel laissait présager. Heureusement, Sonny Colbrelli et Ion Izagirre ont réalisé une saison honnête, histoire de ne pas laisser Vincenzo Nibali seul au monde.

La stat : 83 %

83 % des points de l’équipe Bahrain-Merida au classement UCI ont été marqués par le trio Nibali-Izagirre-Colbrelli. C’est le plus fort total pour une équipe World Tour devant le trio Kristoff-Spilak-Zakarin de Katusha (75%) et bien loin d’écuries aux effectifs pléthoriques que sont la Sky (54% pour Froome-Kwiatkowski-Henao), Quick Step (43% pour Martin-Gilbert-Alaphilippe) ou Orica (37% pour les frères Yates et Albasini).

Les notes 2017 (sur 20)

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