Un seul homme censé porter toutes les responsabilités, la stratégie peut être payante, mais elle est surtout très risquée. Un grain de sable dans l’engrenage et tout part en fumée. Cofidis l’a compris, et a donc décidé de répartir les responsabilités. Nacer Bouhanni reste le chef de file de l’équipe nordiste, mais il n’est plus le seul à devoir rapporter des bouquets.

Laporte s’émancipe

Cédric Vasseur voulait faire bouger les lignes. Mi-février, on comprend déjà où il veut en venir, et on ne peut que saluer une évolution qui semblait nécessaire. Nacer Bouhanni, recruté à prix d’or il y a trois ans, ne pouvait plus continuer à être le seul pourvoyeur de victoires d’une équipe Cofidis chaque année un peu plus discrète. « La seule équipe qui peut miser sur un seul coureur durant l’ensemble de la saison, c’est Bora avec Sagan », soulignait le nouveau manager à l’automne, dans les colonnes de L’Equipe. Il a donc confirmé Bouhanni en figure emblématique du projet, mais a aussi décidé d’offrir à Christophe Laporte un nouveau rôle. Il veut notamment en faire le leader unique pour les flandriennes, mais aussi lui permettre de jouer sa carte plus souvent sur les sprints. En ce début de saison, Laporte a donc couru un peu partout où Bouhanni n’était pas. Avec succès.

Une victoire sur l’Etoile de Bessèges, deux autres sur le Tour La Provence, le Varois a plus gagné en trois semaines qu’il ne l’avait fait lors de ses quatre premières saisons complètes chez Cofidis. « Pourvu que ça dure, lançait-il à DirectVelo, après son dernier succès. Avec Nacer, j’ai beaucoup appris. Le placement du sprinteur, j’ai montré que je savais faire, mais j’avais du mal à concrétiser. Là, j’ai montré que j’avais progressé dans ce domaine et que je savais comment gagner. » Désormais, cap donc sur les classiques. Grâce au jeu des invitations, dans lequel Cofidis a encore cartonné, Laporte sera au départ du Het Nieuwsblad, de Gand-Wevelgem, d’A Travers la Flandre, du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, en plus bien sûr de Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Un printemps entier pour montrer qu’en plus de sprinter, il sait se débrouiller sur les pavés. Il n’avait pas eu pareille opportunité depuis son passage chez les pros.

Herrada déjà au rendez-vous

Mais l’évolution du leadership chez Cofidis est allée encore plus loin avec le recrutement de Jesus Herrada. Un coup inattendu, mais qui là encore, élargit les horizons de Vasseur. Avec le champion d’Espagne en titre, les courses par étapes et les ardennaises deviennent des objectifs légitimes, où il ne sera plus question de faire de la figuration. Déjà dans les temps sur le Tour de Valence, où il avait terminé cinquième derrière les Valverde, Sanchez, Fuglsang et Yates, Herrada a remis ça à Oman, troisième au sommet de la Green Moutain et quatrième du général provisoire. Bien sûr, les résultats de début février sont à relativiser et l’Espagnol sera davantage jugé, dans quelques semaines, sur ses performances lors de Paris-Nice. Mais à l’approche des premiers grands objectifs, les projecteurs ne sont plus braqués sur un seul visage. Pour le plaisir de Laporte et Herrada, responsabilisés, et de Bouhanni, un peu moins sous pression.

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