Tout de suite après être entré dans la cour des grands, Richard Carapaz a décidé d’agir comme un cador. Révélé sous les couleurs de Movistar, le garçon a rejoint cet hiver Ineos, où les leaders ne manquent pas. Le risque est grand de se retrouver relégué au second plan mais l’Équatorien croit en ses chances de bousculer la hiérarchie et de prendre la succession, à court terme, de Froome et Thomas.
Une bonne idée par Alexis Midol-Monnet
Entré dans une nouvelle dimension suite à son sacre sur le Tour d’Italie, Richard Carapaz a sans doute mis un terme de la plus belle des manières à sa première partie de carrière. Âgé de 26 ans, celui qui disputait encore le maillot blanc du Giro à Miguel Angel Lopez en 2018 a patiemment construit sa victoire sur un grand tour tout au long des deux dernières saisons. Pas franchement attendu, il prit même de court ses coéquipiers, dont l’expérimenté Mikel Landa. Fort logiquement, sa côte sur le marché s’est envolée et l’ambitieux grimpeur a décidé de répondre aux sirènes de l’équipe Ineos, perçue comme la référence ultime pour les courses par étapes. Si la concurrence sera encore bien plus forte que celle qu’il a connu chez Movistar, le défi vaut à plus d’un titre le coup d’être tenté. Quand bien même il ne bénéficiera pas d’un statut de leader à part entière.
Car dans le fond, l’Équatorien apprécie cette position. Ses qualités ont largement été démontrées, et sa capacité à flairer les bons coups s’est opérée en l’absence de toute pression. Pas encore annoncé comme un candidat à la victoire sur un Tour de France, Carapaz doit rester dans les mêmes standards sur des épreuves comme le Giro et la Vuelta, tout en franchissant un palier dans une discipline comme le contre-la-montre, où ses résultats n’étaient jusqu’ici guère fameux. L’ancien protégé d’Eusébio Unzue pourra aussi trouver ses repères dans une formation qui s’est de plus en plus sud-américanisée, avec la présence d’Egan Bernal, mais aussi d’Ivan Sosa, de Sebastian Henao, et de son compatriote Jhonatan Narvaez. Ainsi, si l’on excepte le volet financier indéniablement avantageux dans cette transaction, Richard Carapaz semble avoir fait un choix potentiellement payant à long terme. En capitalisant rapidement, le garçon rêve sans doute de pouvoir bénéficier, lui aussi, de la formidable recette britannique sur trois semaines.
Une mauvaise idée par Robin Watt
Ils sont nombreux, ces dernières années, à avoir cru qu’ils auraient leur chance chez Ineos. Mais à part Egan Bernal, phénomène hors catégorie, jamais l’équipe britannique n’a réellement misé sur un autre cheval que ses historiques, Froome et Thomas en tête de liste. Dave Brailsford fait dans la loyauté, tant pis pour Mikel Landa ou même Michal Kwiatkowski, qui attend encore le jour où on lui fera confiance sur trois semaines, voire plus anciennement pour Mikel Nieve, Leopold König et quelques autres, à la réputation moins avantageuse, c’est vrai. Mais pourquoi donc Richard Carapaz réussirait là où les autres ont échoué ? Bernal est désormais sur un nuage et vraisemblablement pour un moment. Thomas a encore terminé deuxième du dernier Tour de France et ne semble pas décidé à tirer sa révérence. Froome, lui, continue de courir après ce cinquième maillot jaune que son équipe, elle aussi, rêve de le voir décrocher.
Tout ça laisse peu de place pour un nouveau venu, quelque soit son statut. Vainqueur du Giro, Richard Carapaz pourrait imposer ses conditions quasiment partout, sauf chez Ineos. Et c’est chez Ineos qu’il a décidé de signer. Son salaire a été plus que revu à la hausse et c’est forcément un argument, mais ce n’est pas ce qui lui donnera les clés du camion sur les courses par étapes. Le risque de n’être qu’un maillon de plus dans la mécanique britannique est réel. Sous contrat pour les trois prochaines années, l’Équatorien n’aura plus la même côte sur le marché fin 2021 s’il a passé tout ce temps à faire le gregario de luxe en montagne. A 26 ans, il a peut-être fait le choix de carrière le plus important qu’il aura à faire. Ses meilleures années sont juste devant lui. Il aurait pu s’assurer d’avoir un peu plus de lumière pour en profiter.
Bon coup d’Ineos pour tuer la concurrence. Calcul à bien court terme pour Carapaz: se vendre au plus offrant nous donne à réfléchir.
Mauvais pour nous les amateurs devant le déséquilibre des forces en présence dans le World Tour qui s’accentue par ce transfert vers Ineos, ce trou noir qui avale tout ce qui s’approche de son champ gravitationnel
Mauvaise idée pour lui. En restant chez Movistar, il aurait été le leader numéro 1 pour les GT avec les départ de Quintana et Landa. Mais le choix Ineos à part financièrement est très difficile à comprendre, la concurrence chez les leaders est encore pire qu’à la Movistar. Après j’espère juste qu’ils ne vont pas le transformer en équipier de luxe comme Landa à l’époque Sky. Faudra avoir aussi s’il confirme cette année 2020.
Bien sûr qu’ils vont en faire un équipier de luxe. A part Bernal, l’équipe n’a jamais donner les clefs du camion à autre chose que des coureurs anglo-saxons. Je pense même qu’en tant qu’équipe anglaise, si Froome et Thomas ne son plus au niveau, on préférera préparer un Tao Geotruc plus que Carapaz. Dommage ce choix, ça rappelle Heras qui s’est enterré à l’US Postal.
… et l’argent à la gloire.
Blague à part je pense qu’il a gagné le Giro sur un concours de circonstances et que tel un Hesjedal ou un Aru on ne l’aurait pas revu en haut de l’affiche à nouveau quelle que soit son équipe.
C’est quand même hyper sévère pour Aru.
Hesjedal, en plus de son Tour d’Italie victorieux, a participé à 16 GT. Bilan ? Seulement trois Top 10 (Giro et Tour) et deux victoires d’étapes (Vuelta).
Aru, en plus de son Tour d’Espagne gagné, a pris part à 10 GT. Bilan ? Deux podiums (Giro) et deux autres Top 5 (Tour et Vuelta), cinq étapes (sur les trois GT), le port du maillot de leader sur le Tour et le Giro (c’est le seul coureur à avoir récupéré le maillot de leader à l’équipe Sky/Ineos sur un GT, si l’on excepte les Giro 2010 et 2013) et un classement du meilleur jeune (Giro). Même si depuis deux ans il a du mal, pour moi c’est déjà largement au-dessus du canadien, on ne peut pas dire qu’il a gagné « sur un concours de circonstance » (pour Hesejdal, c’est sûr que le plateau n’était pas extraordinaire, à part Purito c’est pas fameux)
Il aurait pu être coleader chez Movistar avec Valverde après les départs de Quintana et Landa,il a préféré être numéro 5 ou 6,au mieux chez Ineos; de toute façon je ne le vois pas réitérer sa victoire du Giro dans un grand tour,mais je peux me tromper.
franchement il est parti faire l ‘équipier de luxe et prendre un chèque, ou alors sur les courses d’une semaine! car je rappel qu au delà des 3 gros leader Inéos, il y a Pavel, Tao et Ivan qui attendent de prendre le flambeau. Donc mauvais choix de mon point de vue.
Andrey Amador devrait aussi rejoindre cette équipe dans les prochaines semaines. Ça en devient ridicule !
« Sous contrat pour les trois prochaines années, l’Équatorien n’aura plus la même côte sur le marché fin 2021 s’il a passé tout ce temps à faire le gregario de luxe en montagne »
Du coup, c’est plutôt fin 2022, non ?
Sinon, c’est clairement une bonne idée pour Ineos, une très mauvaise pour Carapaz (quitter Movistar était déjà un mauvais choix, mais alors pour aller chez Ineos… Visiblement, il aime bien l’argent)
Bien sûr il y a l’argent, mais ce transfert donne à penser qu’il y a un vrai problème Chez Movistar… tout le monde s’enfuit et les dernières saisons laissent un goût de drôle de groupe… va savoir ce qui s’y passe… si Carapaz ne veut pas y rester, Ineos c’est ss doute une bonne école en plus du chèque… Qui de mieux dans le circuit WT? Trek et Jumbo c’est aussi bouché… et au final Carapaz va au Giro défendre son titre… So far so good ;)
Si tout le monde part de Movistar, c’est surtout qu’ils n’ont pas l’argent pour les garder ^^ les équipiers deviennent trop bon pour vouloir le rester et les leaders veulent devenir leader unique. Bon, Quintana rt Landa c’est à part…
En plus Kiatkowski et Landa je pense aussi à Porte qui a probablement bien gagné au niveau argent mais perdu au niveau palmares en rejoingnant cette équipe.
Wout Poels ?
On va voir cet année si Poels peut être mieux qu’un équipier de luxe, ce qu’a échoué Henao.
Malheureusement pour lui porte n’a pas eu de chance, sur les années 2016-2017-2018 ou il est leader chez bmc il était hyper fort, sans une crevaison il aurait fait 2eme du tour en 2016, cette année la c’était le seul à suivre froome, et les deux années suivantes il chute alors qu’il est parfaitement dans le coup (et parmi les meilleurs en montagne en 2017)….aprez,chez sky, il a certes perdu en palmarès mais avoir gagné 3 tour de France en tant qu’equipier (Wiggins 2012 et froome 2013 et 2015) ça reste un souvenir memorable pour tout coureur
Certes Kwiatkowski fait le larbin sur les GT, mais aurait-il eu autant de responsabilités sur les classiques en restant chez Quick-Step ? Et de ce point de vue, c’est une réussite, avec quand même des victoires sur MSR, la Clasica San Sebastian, le GP E3 et les Strade Bianche, ainsi que des podiums sur LBL, MSR et l’Amstel Gold Race. Sans compter deux courses par étapes WT (Tirreno-Adriatico et Tour de Pologne).
Je vous lis tous en train de dénigrer le choix de Carapaz, n’empêche qu’entre lui, Froome, Bernal et Thomas, il n’y en a qu’un seul qui à l’heure actuelle semble assuré de disputer (au moins) un Grand Tour en leader d’Ineos, et c’est lui.
Pour moi, l’embouteillage qu’on attend sur le Tour chez les gros coureurs d’Ineos (tandis qu’il aura a priori les mains libres au Giro) nuance clairement la sévérité initiale qu’on pouvait avoir vis-à-vis de ce choix de carrière (c’est vrai que ça aurait eu plus de gueule pour lui de rester chez Movistar où Quintana et Landa viennent de partir que de risquer la kwiatkowskisation chez les Anglais).
Dans les débats que vous nous proposez, il faut en fait distinguer deux choses : la décision de quitter son équipe et le choix de la nouvelle équipe. Si on combine ces deux critères, pour moi les quatres cas sont différents :
– Pour Dumoulin, quitter Sunweb était une bonne idée (il s’est très souvent retrouvé isolé en montagne et il voulait peut-être aussi tout simplement changer d’air), choisir Jumbo-Visma est une très mauvaise idée (il y a déjà plusieurs leaders pour les classements généraux, sans compter un gros sprinteurs comme Groenewegen et des électrons libres comme Van Aert).
– Pour Gilbert, quitter Deucenick-Quick Step était plutôt une mauvaise idée (une équipe clé sur les classiques), aller chez Lotto-Soudal était clairement le meilleur choix possible.
– Pour Viviani, quitter Deuceninck-Quick Step était une mauvaise idée (les précédents ne plaident pas en sa faveur), le choix de Cofidis est plutôt bon (sans être extraordnaire non plus, mais au moins ce sera le sprinteur star de l’équipe, et même son principal leader, avec en plus le recrutement de Sabatini)
– Pour Carapaz, comme je l’ai déjà dit, quitter Movistar était une mauvaise idée (surtout avec les départs de Landa et Quintana), aller chez Ineos est aussi une mauvaise idée (comme pour Dumoulin, la concurrence interne sera trop forte. Alors Ineos n’a pas de gros sprinteurs, mais Carapaz est a priori moins fiable que Dumoulin, donc pour moi c’est comparable).
En combinant ces deux dimensions, Gilbert est le seul pour lequel je répond sans hésiter « bonne idée », et Carapaz le seul pour lequel j’ai cliqué sans hésiter sur « mauvaise idée ». Pour les deux autres, c’est plus difficile, parce que les deux critères s’opposent.