Depuis des mois, on entend le nom de Lilian Calmejane. Il se montrait, beaucoup. Au point que l’on se demandait même si ses attaques étaient bien raisonnables. Mais pour l’arrivée à la Station des Rousses, il a réussi le coup parfait, sans erreur, en pur coursier. L’Albigeois a remporté aujourd’hui sa deuxième étape sur une course de trois semaines en seulement deux grands tours, et à 24 ans, il a tout l’avenir devant lui.

Tout près de la catastrophe

Une partie de la France a certainement découvert Calmejane lundi dernier, lorsqu’il avait attaqué à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, aux côtés de Pierre-Luc Périchon et de Thomas De Gendt. Il s’est ensuite offert un numéro seul en tête, en attaquant à vingt kilomètres du but. A 24 ans, le coureur de Direct Energie n’est pourtant pas un inconnu dans le monde du cyclisme. On se rappelle de sa victoire en solitaire sur la Vuelta l’an dernier, à San Andres, en attaquant à neuf kilomètres du but. Son directeur sportif, Lilian Lebreton, s’exclamait alors : « Je savais qu’il en était capable au fond de moi. » Son potentiel éclatait aux yeux des suiveurs. La saison 2017 a été celle de la confirmation avec six victoires, dont celle d’aujourd’hui à la Station des Rousses qui le fait rentrer dans une nouvelle dimension : celle de véritable coursier. L’Albigeois s’est pourtant fait une sacrée frayeur dans le final, lorsqu’il a connu quelques crampes. « Je me suis fait peur, déclarait-il essoufflé à l’arrivée. On est pas passé loin de la catastrophe, mais ça a bien voulu sourire, c’était mon jour. »

C’est bel et bien une démonstration que l’Albigeois a réalisé sur cette étape jurassienne. Il a résisté aux attaques de Roche et Barguil et au retour de Gesink. Il a terminé l’étape à bout de souffle. Ce genre de finish marque le grand public. La filiation avec son illustre aîné, Thomas Voeckler, semble évidente. Et on ne parle pas que de la grimace. Si le Vendéen d’adoption a réalisé de nombreux exploits tout au long de sa carrière, Calmejane a déjà un palmarès éloquent pour son âge : rares sont les coureurs qui, en à peine deux saisons chez les pros, se sont déjà offert huit victoires, dont deux étapes de grands tours. Et en plus Calmejane est un coureur offensif. A Longwy, il expliquait : « Ça ne m’intéressait pas forcément de faire un top 20 sur cette étape. Je n’ai pas de regrets. Je savais que mes chances étaient minces au moment de lancer cette manœuvre. »

Son moteur, l’ambition

Plus que seulement lui, cette victoire récompense donc tout le travail de la formation de Jean-René Bernaudeau. Pour ses 61 ans, le manager a reçu un immense cadeau, dont il était évidemment ravi. « C’est une délivrance, expliquait-il à l’arrivée.  Le potentiel de l’Albigeois est immense, d’autant plus qu’il est un des rares coureurs professionnels à ne pas avoir d’entraîneur. Ce matin-même, Calmejane déclarait « avoir de l’ambition » pour l’étape du jour. Alors quand Bernaudeau explique que son poulain « met la barre très haute », on ne peut que le croire. D’autant plus que lorsqu’on parlait au garçon d’une éventuelle participation à la Grande Boucle en février dernier, il répondait à L’Equipe : « Mon tempérament me pousse à croire qu’il y a de la place pour briller sur certaines étapes, et avec panache. »

Ainsi, Lilian Calmejane est à l’image de son équipe : généreux et offensif sur le vélo. « Ma notoriété a augmenté, mais je ne suis pas du genre à jouer les vedettes, expliquait-il à la Charente Libre en décembre dernier. Je suis quelqu’un de vrai, d’accessible. En faisant des cyclo-cross, j’essaie de cultiver ça. » Son Tour, et par la même occasion, celui de son équipe, celle qu’il appelle « sa famille », est déjà réussi. Et pourtant, il ne se contentera pas de cette victoire : avant le Tour, il a repéré les premières étapes des Pyrénées, proches de chez lui. Nul ne doute que le nouveau maillot blanc à pois rouges se montrera encore aux avant-postes d’ici la fin du Tour.

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