Quatre jeunes hommes pour un maillot blanc. Pierre Latour, Louis Meintjes, Simon Yates et Emanuel Buchmann se tiennent en moins d’une minute après la Planche des Belles, première épreuve de force de ce Tour. Mais la montée des Vosges n’était qu’un amuse-bouche, et si Simon Yates a pris le meilleur départ pour succéder à son frère, la montée vers la Station des Rousses aujourd’hui pourrait redistribuer les cartes.

Dominateur sur la planche

Quarante-quatre secondes. Le débours de Pierre Latour sur Simon Yates était important mercredi, sur la Planche des Belles Filles. En perdant son maillot blanc en haut de la première difficulté, le Français a montré ses limites en montagne et le Britannique sa force. Le grimpeur d’AG2R s’en doutait dès le départ du Tour : « Sur le Dauphiné, j’ai vu que j’étais en dessous des meilleurs grimpeurs pour le maillot blanc et mon travail numéro un est d’aider Romain. ». Son excellent chrono initial (à 25 secondes du vainqueur) laissait pourtant de l’espoir. Mais Latour semble devoir se plier aux exigences de son leader. À l’inverse, Simon Yates a récupéré le leadership chez Orica après la contre-performance de Chaves dans les Vosges. De quoi conforter sa blanche ambition. « Nous avions dit dès le début que c’était un de nos grands objectifs sur le Tour de France cette année, même si il y a de la concurrence », explique son directeur sportif Matt White.

Il aura donc une équipe pour l’aider, mais cette position est toute nouvelle pour le Britannique. « Que nous terminions sixième, ou neuvième, s’il y a le maillot blanc, ce sera un excellent résultat parce que c’est la première fois sur le Tour qu’il se concentre sur le classement général », ajoute White. 84e en 2015, Simon Yates avait vu son frère ramener la tunique blanche dans la famille l’an passé. De quoi lui donner des idées. « Tout dépendra des opportunités qui se présentent, nous explique-t-il. J’aimerais être offensif, conquérant. S’il y a des opportunités, je pourrais tenter ma chance. »

Avec son excellent chrono à Düsseldorf (à 37 secondes de Geraint Thomas) et sa belle performance sur la Planche des Belles Filles, Yates a connu un très bon début de Tour et se pose en favori. Seul petit bémol, les huit secondes perdues sur ses trois concurrents à Longwy. Et, si le final de l’étape de mercredi correspondait à son profil de puncheur, celle de dimanche sera plus compliquée. Mais le Britannique sait déjà comment lutter pour le classement général sur un grand tour, comme sur la Vuelta l’an dernier, qu’il avait terminé à la sixième place. Cette saison aussi, il a rassuré en terminant deuxième du Tour de Romandie et neuvième de Paris-Nice. Il semble enfin confirmer les attentes placées en lui depuis le début de sa carrière. « J’ai couru avec les trois (Latour, Meintjes et Yates) chez les jeunes, nous raconte Stefan Kung. Yates m’a impressionné sur le Tour de l’Avenir, il y a gagné une étape (en 2011, ndlr). A l’époque, je n’avais pas encore le niveau, mais Yates était impressionnant. »

Une concurrence féroce

Néanmoins le Suisse, premier cette année à porter la tunique du meilleur jeune, ne le croit pas capable de conserver son maillot. « Pour moi, Pierre Latour et Louis Meinjtes sont les favoris, même si Pierre devra aussi travailler pour Romain. Je ne crois pas trop en Yates cette année. » Le Britannique est conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend. « Il reste de nombreuses étapes difficiles et piégeuses », tempère-t-il. Matt White, lui, n’oublie pas que son protégé n’est pas le seul prétendant au maillot blanc : « Simon a de nombreux concurrents. Meintjes est le numéro un, ensuite il y a Latour et Buchmann. »

Le Sud-Africain, favori de notre rédaction, n’a pourtant pas connu un bon début de Grande Boucle. Après son mauvais contre-la-montre en Allemagne (113e à une minute douze du vainqueur), Meintjes a perdu du temps sur Yates lors de la première arrivée en altitude. Mais Andrea Agostini, porte-parole de son équipe, n’est pas inquiet. « Il a bien passé la Planche des Belles Filles. Ce n’était pas une étape pour lui, il préfère les enchaînements de montées ». Le maillot blanc n’est en revanche pas la priorité du coureur de UAE Team Emirates, qui, selon Agostini, rêve avant tout d’améliorer sa huitième place de l’an dernier : « La cinquième ou la sixième place est un objectif. » Le maillot blanc, dans ce cas, suivrait naturellement.

Le dernier adversaire de Yates est donc le plus discret. Emanuel Buchmann a perdu 51 secondes sur Yates à la Planche des Belles Filles. Depuis l’exclusion de son illustre coéquipier Peter Sagan, son équipe Bora est réticente à communiquer, et officiellement, le septième du dernier Dauphiné n’est pas là pour jouer sa carte : « Je n’étais pas très bien aujourd’hui. Je suis vite redescendu dans le peloton dès le pied de l’ascension. Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne suis pas ici pour m’illustrer mais pour aider Rafal Majka. » Aujourd’hui ̀a 46 secondes de Simon Yates, Buchmann ne s’affirme pas encore comme un candidat sérieux dans la bataille du meilleur jeune, mais il a montré son talent sur le dernier Dauphiné. On y verra certainement plus clair dimanche soir, car les pièges seront multiples ce week-end. Mais la belle histoire familiale des Yates est bien partie pour s’écrire en blanc.

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