Parmi les récompenses que nous avons décernés cette semaine, le Français de l’année est probablement la plus singulière. Contrairement aux autres, il n’est pas nécessaire d’être génial sur l’ensemble de la saison pour en être le lauréat. Un bon Tour de France prévaudra en toutes circonstances. C’est donc une évidence, comme en 2016, d’élire Romain Bardet.

Du tout au Tour

La saison de Romain Bardet se résume en deux photos. La première, c’est celle où il lève le poing au sommet de Peyragudes après sa victoire sur la 12e étape du Tour de France. La seconde, c’est celle où il est assis par terre, exténué par l’effort consenti pour avoir sauvé une place sur le podium à Paris. Le reste est finalement anecdotique. Une première Vuelta plutôt ratée, une disqualification sur Paris-Nice, un Dauphiné moyen, ça pèse quoi face à un Tour de France terminé à la troisième place ? Pas tant que ça.

Difficile de décerner ce prix (symbolique) de Français de l’année à un autre coureur. Julian Alaphilippe a été bien plus régulier en course, mais le puncheur n’a pas pu s’exprimer pendant plusieurs mois à cause d’une blessure au genou. Thibaut Pinot a été en vue sur les routes italiennes, notamment au Giro et en Lombardie, mais il est passé au travers de son Tour de France. Arnaud Démare s’est fait une place parmi les meilleurs sprinteurs du monde, mais il aurait fallu un maillot vert pour venir concurrencer Bardet dans notre vote.

Taille patron

Revenons donc sur le meilleur morceau de sa saison. Certes, les résultats en amont n’étaient pas formidables, mais Chris Froome ou Vincenzo Nibali ont récemment prouvé que cela n’était pas nécessairement inquiétant. Capable de limiter la casse en début de Tour malgré un chrono sous la pluie et une chute dans la deuxième étape, Romain Bardet a répondu présent dès les premières ascensions. Sans sacrifier son style offensif, il est resté sur les talons de Froome jusqu’à la vingtième étape.

Contrairement au Tour 2016 où Bardet n’a jamais pu envisager le maillot jaune malgré une deuxième place à Paris, il n’est pas impossible qu’au cours de ce mois de juillet, il se soit imaginé en successeur de Bernard Hinault. Sur la première étape de haute montagne entre Nantua et Chambéry, il n’hésite pas à jouer sur ses points forts dans la descente du mont du Chat. Plus attentiste dans les Pyrénées, il montre au moins qu’il est à la hauteur de l’événement en décrochant l’étape de Peyragudes face à un Froome dans le dur.

Romain Bardet a également réussi à s’accomplir en tant que chef de file. Derrière l’inébranlable Sky, l’équipe AG2R a été la formation la plus en vue pour épauler son leader. On se souvient d’Oliver Naesen qui ramène Bardet en tête de peloton à Romans-sur-Isère par exemple. En plus de défendre leur bien, les hommes de Vincent Lavenu ont tenté des coups sur l’étape du Massif Central ou dans les Alpes. Cela n’a jamais vraiment fonctionné, mais ils ont contribué au spectacle et entretenu le suspense.

La fin de l’apprentissage ?

Ne l’oublions pas, Romain Bardet termine son Tour sur une note douce-amère. Certes, il valide un deuxième podium de rang, ce qu’aucun Français n’avait été capable d’accomplir en vingt ans (Virenque en 1996-1997). Mais la faiblesse du coureur AG2R sur l’exercice chronométré semble rédhibitoire pour s’emparer du Graal que constitue le maillot jaune. L’Auvergnat a admis bien volontiers qu’il avait fait l’impasse sur le contre-la-montre en 2017, mais cela lui a joué des vilains tours.

A sa décharge, il est encore relativement jeune (27 ans) et il a conscience de sa marge de progression. Pour cela, il a décidé de casser sa routine en se lançant dans une Vuelta, un peu à corps perdu, en septembre dernier. L’an prochain, il a déjà annoncé qu’il se présenterait sur la Ruta del Sol et les classiques italiennes de février. D’autres challenges pour relancer un coureur qui en a terminé avec son début de carrière. Aujourd’hui, Bardet n’avance plus dans l’ombre d’autrui. Il est la meilleure carte d’une équipe et d’un public. Les deux seront exigeants à leur manière. Les deux se montreront indulgents par moments. Mais les deux seront prêts à tout pardonner pour un maillot jaune sur les Champs-Elysées.

Romain Bardet
31pts
Warren Barguil
14pts
Thibaut Pinot
12pts
bardet portrait

Romain
BARDET

27 ans, Français, AG2R La Mondiale

1 en 2017
Classement UCI : 19

bardet tdf

Tour de FranceTroisième et vainqueur d'une étape

3Les trois dernières victoires du Français sont intervenues sur le Tour de France

bardet fleche

Liège-Bastogne-LiègeSixième

13Bardet a participé cinq fois à la Doyenne, avec comme moins bon résultat une 13e place (2013 et 2016)

bardet vuelta

Tour d'EspagneDix-septième

17Pour son premier Tour d’Espagne, il a terminé l’épreuve en 17e position, son pire résultat sur un grand tour

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