Malgré les départs de Vincenzo Nibali et de Fabio Aru en seulement deux ans, Astana reste parmi les meilleures équipes du peloton. Performante sur les grands tours (deux podiums avec Miguel Angel Lopez), la formation kazakhe a retrouvé le succès sur les classiques, avec les deux victoires de Michael Valgren sur le Circuit Het Nieuwsblad et l’Amstel Gold Race.
Le top : les résultats de Lopez
Le départ de Fabio Aru a laissé les coudées franches à Miguel Angel Lopez pour découvrir le rôle de leader d’un grand tour cette saison. Le jeune colombien avait tout à apprendre, et le voir échouer – ou du moins être en difficulté – n’aurait pas réellement été un échec. Mais « M.A.L » a très vite appris. Deux podiums sur deux grands tours (Giro et Vuelta) la même saison à seulement 24 ans : ça vous classe le bonhomme. Mais « Superman » n’est pas qu’un spécialiste de trois semaines. Son succès sur le Tour de Suisse en 2016 l’avait révélé aux yeux du grand public. En 2018, il est souvent passé près de la victoire sur plusieurs courses d’une semaine : deuxième du Tour d’Oman, troisième du Tour d’Abu Dhabi et du Tour des Alpes puis, juste avant la Vuelta, deuxième du Tour de Burgos. Quatre podiums qui l’affirment comme une valeur sûre du peloton, régulière sur toute la saison. Et s’il n’a pas encore pris part à la grande kermesse de juillet, son heure viendra bientôt. Dès 2019 ?
Flop : la philosophie de Lopez
Il n’y a pas de doute, Miguel Angel Lopez a réalisé une superbe saison. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de conserver une pointe de frustration. Le cyclisme est un sport d’images, et celle du « M.A.L », refusant de passer le relais avec Pinot et Dumoulin, à la poursuite d’un Chris Froome aux fourmis dans les jambes dans l’étape du Finestre, restera dans les mémoires. Évidemment, Lopez avait ses raisons – un maillot blanc à défendre et des adversaires mieux placés que lui au général. Mais il l’a joué défensive, préférant patienter et profiter des défaillances successives de ses adversaires – Yates, Pinot – pour grimper sur le podium, sans un coup de pédale de trop. Sur la Vuelta, quelques moments de course ont laissé la même sensation. Cette année sur les grands tours, les attaquants ont été récompensés. Pour en remporter un, Lopez devra prendre plus de risques.
La stat : 15/32
Depuis 2007, l’équipe Astana a disputé 32 grands tours – tous, sauf le Tour de France 2008 – pour au total quinze podiums avec sept coureurs différents : Eddy Mazzoleni (1), Alberto Contador (3), Levi Leipheimer (1), Vincenzo Nibali (4), Fabio Aru (3), Mikel Landa (1) et Miguel Angel Lopez (2). L’équipe kazakhe n’a que trois fois figuré hors du top 20 d’un grand tour : Josep Juffré, 24e de la Vuelta 2010, Rémy Di Gregorio, 39e du Tour 2011, et Andrey Kashechkin, 34e de la Vuelta 2012.
Résumer la saison à Lopez est très réducteur à mon sens… Déjà oublier Valgren omniprésent toute l’année ou presque montre que vous n’avez pas fait un article sur une équipe mais sur un homme. Sans parler des Nielsen, Fraile, Sanchez qui ferait des leaders honorables dans des équipes conti françaises… Bref, un beau collectif que vous n’avez pas valorisé.
Oui, il faut reconnaître un collectif toujours combatif et des résultats parfois inattendus, notamment la victoire de Cort Nielsen à Carcassonne avec sa belle résistance dans la Montagne Noire.
On ne souhaite pas du tout résumer la saison d’Astana à celle de Lopez. Et nous n’oublions ni Valgren (cité en introduction) ni les autres. Simplement, dans ces bilans, nous devons faire des choix pour mettre l’accent sur seulement deux aspects précis. Il ne s’agit pas de lister tous les bons résultats d’une équipe, vous n’avez pas besoin de nous pour ça. Mais ce 14,5 prend justement en considération les résultats globaux.
Le flop de Lopez n’en est donc pas vraiment un en termes de résultats, alors. Le vrai flop de la saison ce serait plutôt le Tour de Fuglsang, péniblement dans les 10 jusqu’à craquer définitivement dans la dernière étape de montagne. Echec heureusement en partie nuancé par les victoires d’étape de Fraile et Cort Nielsen. Et pour Fuglsang saison positive par ses résultats en Romandie et en Suisse.
Curieux de voir comment le chamboulement de l’effectif va influer sur les résultats d’une équipe de plus en plus hispanisante, avec Ion Izagirre à la relance, mais sans Valgren sur les Classiques.