Il y avait un sacré moment qu’on n’avait pas aperçu le sourire de Julian Alaphilippe. Depuis le Tour du Pays-Basque, en fait. Au printemps, sur les routes espagnoles, il avait dû abandonner, blessé, puis faire une croix sur les ardennaises et sur le Tour de France. Comme un symbole, c’est en Espagne, de nouveau, qu’il a regagné pour enfin tourner la page.

Une saison relancée

En début de Vuelta, il se voulait très prudent. Il assurait ne pas être à 100% et dévoué à son leader David De la Cruz, bien placé au général. « Je suis là pour peaufiner ma condition, aider les copains et retrouver du plaisir sur un vélo », détaillait-il à L’Equipe. Il ne pouvait pas être tout à fait honnête. Le garçon a vécu un incroyable début de saison, troisième de Milan-Sanremo, cinquième du général et vainqueur d’étape sur Paris-Nice : c’était déjà pas mal, mais il ne pouvait se satisfaire que de ça. Son printemps et son été envolés, il était évident qu’il venait sur les routes ibériques pour briller de lui-même et pas pour n’être qu’un équipier parmi d’autres au sein de l’équipe Quick-Step. A Alcossebre, il s’est manqué. Lutsenko, Kudus et quelques autres ont été plus malins que lui et Alaphilippe n’a terminé que septième. « Je n’arrivais pas à me contrôler. Les jambes n’allaient pas trop et ça me rendait nerveux », confiait-il ce samedi à Eurosport, après l’étape.

Mais ce n’était que partie remise. Pendant deux jours, le Français s’est fait plus discret. Pour ressortir là où c’était le plus propice, aujourd’hui vers Xorret de Cati. Pendant que Froome et Contador grappillaient encore des secondes au milieu des favoris, Julian Alaphilippe pouvait presque tranquillement sortir de sa roue Rafal Majka et Jan Polanc au moment du sprint. Costaud dans l’ultime montée, le puncheur de 25 ans était ensuite intouchable dans les derniers hectomètres. Du travail bien fait pour aller conquérir sa première victoire sur une course de trois semaines. « Aujourd’hui, je ne vais pas dire que c’était inespéré parce que je courrais après depuis longtemps, reconnaissait Alaphilippe, toujours sur Eurosport. Mais ça fait tellement de temps que j’attendais ça que je ne réalise pas encore. »

Une sérénité retrouvée

La page est toutefois enfin tournée. Il a tourné autour d’un succès de cette envergure, il le tient enfin. Il a aussi été patient pour relancer sa saison, et c’est désormais chose faite. « On a assez parlé de mes derniers mois », assure-t-il. La frustration a disparu, remplacée par la sérénité d’un garçon qui a appris de sa mésaventure. Une blessure est incontrôlable, la façon dont on revient, en revanche, ne dépend que du champion que l’on est. Son grand rival sur les ardennaises s’appelle Alejandro Valverde, et à 38 ans, il a encore réalisé un printemps fantastique. Alaphilippe n’a donc aucune raison de se précipiter. Dans une équipe Quick-Step qui vient ainsi de décrocher sa troisième victoire depuis le départ de la Vuelta, il y a une semaine, il prend de plus en plus de place. Sans avoir besoin de se torturer l’esprit avec ses résultats.

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