Thibaut Pinot a effectué ses derniers tours de roues en compétition officielle le 14 juillet dernier, lors de l’étape raccourcie du Mont Ventoux. Son dossard retiré au Chalet Reynard, il y a un peu plus de six mois, venait mettre fin à un Tour de France difficile. L’automne lui a permis de nourrir sa réflexion et de prendre, à 26 ans, le pari du Giro. A l’aube de la nouvelle saison, il s’apprête donc à vivre une année de découverte.

L’Italie pour un nouveau départ

Sa participation, pour la première fois, au Tour d’Italie, était un secret de polichinelle. Mais son annonce, intervenue mi-décembre, est venue confirmer les nouvelles ambitions du franc-comtois. Thibaut Pinot va enfin découvrir cette course qu’on dit taillée pour lui. Loin de la pression médiatique qui règne sur lui chaque été lors du Tour de France depuis son premier coup d’éclat en 2012. « Je pense que c’est le grand tour qui me convient le mieux compte tenu des routes, des difficultés et de la météo, a-t-il assuré à Cycling Quotes. Je veux vraiment participer au Giro. » Habitué à se préparer pour la Grande Boucle, il a depuis plusieurs saisons un programme quasi-similaire et plutôt bien rodé. Une rentrée sur le GP de la Marseillaise suivie d’un enchaînement de courses par étapes : Tirenno-Adriatico, le Tour de Catalogne et le Tour du Pays-Basque. Le Tour de Romandie et sa forte concurrence lui permettaient ensuite de briller et de réaliser de belles performances, avant de souffler un peu puis de parcourir les routes du Tour de Suisse en guise d’ultime préparation.

Cette année, l’objectif sera fixé en mai, deux mois plus tôt qu’à l’accoutumée. Alors il a dû adapter son programme. Sa traditionnelle rentrée autour de Marseille, fin janvier, ne sera supprimée. Mais l’enfant de Melisey bifurquera très vite au sud de l’Europe avec le Tour de Valence puis la Ruta del Sol en février. Ce seront les dernières épreuves non-transalpines courues par le champion de France du contre-la-montre – qui n’a toujours pas étrenné son maillot sur l’effort solitaire. Les Strade Bianche et Tirenno-Adriatico occuperont son mois de mars, avant que Pinot ne parte en stage, toujours en Italie. Il participera ensuite au Tour des Alpes, qui a remplacé le feu Tour du Trentin, puis il sera temps de s’élancer le 5 mai de Sardaigne à la conquête du maillot rose. Des courses d’avant-Giro clairement choisies par le leader de la FDJ : « Mon programme de courses en dehors des grands Tours, c’est moi qui décide. »

Briller à nouveau sur trois semaines

Plus qu’une véritable découverte du seul grand tour auquel il n’avait pas encore participé, ce printemps italien sera l’occasion pour Pinot de retrouver la joie de se battre pour le classement général sur trois semaines. Depuis son podium à Paris en 2014, il n’a plus connu ça. Son objectif annoncé de top 5 est donc une manière de s’enlever un peu de pression, qu’il laissera volontiers concurrence, coriace – Quintana, Nibali, Mollema, Thomas. Mais il ne fait aucun doute qu’il peut viser plus haut qu’un simple accessit. Il aime les conditions difficiles souvent rencontrées au-delà des 2000 mètres d’altitude sur le Giro et le parcours très exigeant de la centième édition n’est pas pour lui déplaire. La fraîcheur dont il bénéficiera après sa longue pause forcée devrait également lui faire le plus grand bien. « Je suis arrivé à un moment où le corps avait besoin de récupérer un bon coup. Il a dit stop », explique le principal intéressé. Depuis, l’envie est revenue. « Quand je commencerai la préparation pour 2017, mentalement j’aurai envie de me faire mal », annonçait-il le mois dernier.

Son choix dans les courses de début de saison paraît très pertinent et se familiariser avec des routes transalpines qui lui ont déjà souri par le passé – 4e et 5e de Tirreno en 2015 et 2016, 3e du Tour de Lombardie en 2015 – est indispensable. Son mois d’avril sera consacré à la reconnaissance du parcours, manière de prendre de la confiance en marge de l’événement. Les six arrivées au sommet et les deux contre-la-montre individuels seront à coup sûr décortiquées. Même si le garçon avouait en fin d’année dernière être dans l’inconnu pour préparer l’épreuve. « Je n’ai pas l’approche de cette course. Il faut voir comment la programmer en termes de reconnaissance de certaines étapes et de calendrier à prévoir avant ce rendez-vous », a-t-il confié à L’Equipe. Il faut espérer que tout soit aujourd’hui plus clair dans son esprit. Car il est l’heure pour Thibaut Pinot de s’atteler à construire, pierre par pierre, cette route qui doit le mener à Milan le 28 mai.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.