A 30 ans, il était l’heure pour Ben Hermans d’entamer une nouvelle carrière. Celle d’un coureur qui gagne. Alors durant l’intersaison, il a décidé de faire évoluer sa stratégie. En forme dès la reprise, il a remporté le Tour d’Oman devant tous les favoris, quelques jours seulement après avoir talonné Quintana sur le Tour de Valence. Une sorte de consécration.

La demande de BMC

Au cœur de l’hiver, tout a changé. « L’équipe m’a demandé de commencer à avoir des pics de forme et d’arrêter d’être constant, expliquait Ben Hermans à Cyclingnews il y a quelques semaines. Il vaut mieux gagner deux courses puis faire trois mauvais mois. » Jusque-là, le Belge était trop lisse. Souvent placé, mais trop rarement gagnant. Alors à l’aube de sa neuvième saison chez les professionnels, il a accepté de tout chambouler. Pour garnir un palmarès où ne figuraient jusque-là que cinq victoires. Et la stratégie a vite payé. Dès sa première course, le Tour de Valence, le garçon se met en évidence. Il profite en grande partie du chrono par équipes remporté par BMC. Mais qu’importe, au terme des cinq jours, il est le dauphin de Nairo Quintana. C’est la preuve, déjà, qu’il est en grande forme. Le Tour d’Oman va servir de confirmation. Hermans, venu en leader de l’équipe américaine, remporte deux étapes et le général. Il est devenu un homme qui gagne.

« J’ai travaillé très dur cet hiver, ce qui explique sans doute ma forme précoce », a-t-il expliqué cette semaine. Philippe Gilbert parti, Ben Hermans a gagné en responsabilités et en libertés chez BMC. Alors il a voulu « être digne de cette confiance ». D’où un travail acharné pendant l’intersaison, qui le fait être en avance sur ses concurrents en ce mois de février. Sur la Green Moutain, juge de paix de l’épreuve omanaise, il a couru en patron. Même Fabio Aru, plus déterminé que jamais, a été incapable de lui jouer la victoire dans les derniers hectomètres. « Je suis au maximum de ce que je peux faire, a toutefois estimé le Flamand. Enchaîner le Tour de Valence et le Tour d’Oman à ce niveau, ça a été beaucoup d’efforts et de stress pour moi. » Il est évident qu’il ne sera plus capable de batailler avec les meilleurs dans quelques semaines, sur Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico. Mais son pari est déjà réussi : il a gagné.

Conjurer le mauvais sort

« Chapeau à Ben Hermans, il a fait vaciller tous les grimpeurs », a même reconnu Romain Bardet. Jusqu’au bout, le Belge aura pourtant douté. « J’ai eu beaucoup de mal à dormir avant la dernière étape », concédait-il ce week-end. Dans un coin de sa tête, il y avait l’Arctic Race of Norway 2015. Vainqueur de l’étape reine – déjà – et leader au moment d’entamer la dernière étape, il avait finalement perdu la course sur un problème mécanique. Hermans ne voulait donc pas crier victoire avant de passer la ligne à Matrah Corniche. Mais désormais, il peut savourer. « Il a eu beaucoup de malchances ces dernières années, reconnaît son directeur sportif Valerio Piva. Il s’est fracturé des vertèbres, a compilé beaucoup de deuxièmes places. Mais aujourd’hui il a un rôle important dans notre équipe. Nous n’avons pas beaucoup de coureurs capables de gagner, et assurément, il en fait partie. » Il y a quelques semaines, le discours aurait surement été différent. Mais voilà Ben Hermans entré dans un nouveau club. Celui des gagnants.

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