Surprenant troisième du classement général, Wilco Kelderman semble enfin confirmer un talent qui peinait à éclore au top niveau. Car pour la première fois de sa carrière, le garçon de 26 ans est dans la course au podium sur un grand tour, et possède les armes pour s’y accrocher.

La surprise de la Vuelta

Wilco Kelderman a accéléré la fin de collaboration en queue de poisson entre Warren Barguil et le Team Sunweb. Non pas que le Néerlandais soit fautif, mais le meilleur grimpeur du dernier Tour de France n’a tout simplement pas attendu son leader désigné, victime d’un problème mécanique. L’exclusion du Breton de la Vuelta par son équipe, pour non respect des consignes, avait alors fait débat sur la planète vélo. Attendre Kelderman, dont le meilleur résultat sur un grand tour est une septième place sur le Giro 2014, et qui n’a décroché que quatre victoires professionnelles, trois chronos et le Tour du Danemark en 2013, cela semblait irrationnel en jetant un œil sur le mois de juillet du Français. Mais les performances du Néerlandais depuis sont en passe de prouver l’inverse.

Pourtant, sur les dix premières étapes de cette Vuelta, Wilco Kelderman n’a pas surpris grande monde, se contentant d’être au niveau qu’on lui connait. Aux portes du top 10, c’est l’étape s’achevant à Calar Alto qui a servi de déclic au Hollandais, en plus de le faire bondir au classement général. En accompagnant Nibali et Froome jusqu’au sommet, il a montré à ses adversaires que, pour la première fois, il faudrait le prendre en compte dans la course au podium. Et que dire du formidable contre-la-montre réalisé avant-hier par l’homme d’Amersfoort, qui le replace sur la boite et lui permet de n’être précédé plus que par Froome et Nibali, encore eux. Une éclosion au top niveau que l’on n’attendait plus après les belles promesses laissées par son début de carrière. Kelderman semble enfin avoir franchi un cap lui permettant de tenir tête aux meilleurs.

Des promesses enfin confirmées

« J’ai travaillé très dur ces derniers mois pour progresser et c’est vraiment dommage de ne pas pouvoir continuer à le montrer. » Ces mots ont été prononcés par le Batave après son abandon sur le dernier Giro, où il devait épauler Tom Dumoulin dans sa quête de rose. Car lui aussi a été contraint de renoncer à l’épreuve transalpine à cause de la fameuse moto ayant provoqué la chute de Geraint Thomas et plusieurs de ses coéquipiers. Mais ce fait de course est peut-être en train de lui servir. N’ayant que peu couru cette saison, il est sûrement l’un des hommes les plus frais du top 10 de ce Tour d’Espagne. Et son niveau, comme il l’affirmait, s’est véritablement élevé. Ses jeunes années, auréolées de nombreux top 10 sur les courses par étapes – 5e du Tour de Romandie 2013, 4e du Dauphiné 2014 – ont révélé un coureur complet, capable de grimper avec les meilleurs mais surtout de faire des différences contre-la-montre.

Il aura donc fallu qu’il attende le septième grand tour de sa carrière pour enfin jouer les premiers rôles. Pourtant, Kelderman prend les étapes les unes après les autres, déjà très heureux d’être présent au rendez-vous qu’il s’était fixé. Le Néerlandais, lors d’une interview donnée à nos confrères de Cyclingnews la semaine dernière, n’avait d’ailleurs pas du tout le discours d’un candidat au podium. « Je n’ai pas eu de chance au printemps dernier, donc c’est déjà une bonne chose de bien aller. J’attendais cette Vuelta avec impatience. Chaque grand tour est différent, mais j’avais déjà fait la Vuelta auparavant et je savais à quoi cela ressemblerait. » Et si cette attitude, de courir au jour le jour, sans faire de plans sur la comète, était la recette qui convient à Wilco Kelderman ? Depuis trois semaines, elle est parfaite pour le Néerlandais, qui entrevoit peut-être le début d’une seconde carrière, une place s’étant en plus libérée avec le départ de Warren Barguil.

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