Qui dit Tour de Romandie dit Richard Chassot. Et naturellement, lui et son équipe sont une nouvelle fois en charge du dossier pour cette année 2014. Une excellente chose, car l’homme connaît parfaitement la situation et supervise le tout d’une main d’orfèvre. Fort d’une volonté de mettre en lumière les différentes villes de Suisse romande (éviter le terme Romandie qui est quelque peu le vestige d’une querelle linguistique), l’équipe organisatrice a choisi Neuchâtel comme ville d’arrivée, aussi bien d’une étape que du Tour. Après une arrivée à la Chaux-de-Fonds en 2012, le bas du canton est de nouveau à l’honneur. Et on a sorti le grand jeu du côté des Neuchâtelois : un contre-la-montre qui se terminera dans le stade de la Maladière, enceinte moderne du moribond Neuchâtel Xamax.

On a vu les choses en grand, mais le budget a dû être aussi du même acabit : une rampe spéciale va devoir être installée pour permettre aux coureurs de rentrer dans le stade.  Coût : 100 000 francs suisses, ce qui fait de cette étape la plus chère de l’édition 2014. Et avec tous les travaux de logistique, les organisateurs ont confié que le budget avait été plus élevé que la moyenne accordée. Mais aucune inquiétude pour les finances, les charges sont largement couvertes par les bénéfices. D’autant que les dépenses ne s’élèvent « qu’à » à 4,6 millions de francs. Pour comparaison, quand la ville de Londres avait voulu accueillir le Tour de France en 2010, elle avait dû en débourser 10 millions.

Neuchâtel et le Tour

Mais pour Neuchâtel, qu’apporte le Romandie ? C’est tout simple, en terme de sport, c’est le désert du côté neuchâtelois. Après la faillite du club de hockey Neuchâtel Young Sprinters qui évoluait en LNB (D2),  Neuchâtel Xamax, le club de football, a subi le même sort. Il ne reste plus que le basket et le volley en terre neuchâteloise pour les amateurs de sport. Et ce n’est pas ce qui attire les foules. Alors quoi de mieux que le cyclisme pour déplacer le public et susciter une ferveur populaire ? Sans compter qu’un contre-la-montre est le gage d’un spectacle inévitable ! Un évènement sportif important qui ne peut qu’être bénéfique. Surtout qu’en ce printemps chaleureux, l’été tape à la porte, un élément de plus pour rassembler les spectateurs en ville. Alors pourquoi ne pas canaliser toute cette énergie au bord de la route ?

L’Ouest sauvage du cyclisme ?

Il est souvent dit que le cyclisme n’a pas la belle vie en Suisse romande, mais est-ce vraiment le cas ? Certes l’engouement en Suisse n’est pas comparable à celui en France par exemple,  mais le cyclisme ne vit pas en reclus pour autant ! Le statut World Tour des deux épreuves suisses est là pour l’attester – il faut en effet ajouter au Tour de Romandie celui de Suisse, en juin. Et comme aime souvent à la rappeler Richard Chassot, le vainqueur du Tour de Romandie a souvent gagné le Tour de France derrière – Froome, Wiggins et Evans en attestent. Quant à Rui Costa qui triompha sur le Tour de Suisse l’année dernière, il devint champion du monde. La Suisse romande a donc quelques beaux atouts à faire valoir au cyclisme mondial.

Du côté des « locaux », on devrait pouvoir normalement compter sur la présence du Vaudois Danilo Wyss, des Valaisans Steve Morabito, Sébastien Reichenbach et Johann Tschopp, t peut-être même de Jonathan Fumeaux. Soit autant de coureurs qui ont à cœur de saisir cette opportunité de briller sur des routes qu’ils connaissent pour la plupart très bien. Il est presque inutile de préciser encore qu’une équipe professionnelle a vu le jour en Suisse romande, prenant la suite de l’ancienne Phonak, tant sa réputation a dépassé les frontières suisses maintenant… La Suisse romande n’est définitivement pas une paria du cyclisme mondial !

Reichenbach : « On va peut-être marquer un but »

Une étape extraordinaire attend donc à la fois les Neuchâtelois et les coureurs. Mais justement, que pensent les futurs protagonistes de cette ultime ligne droite ? “C’est une première, je trouve cela très bien. Nous sommes aussi arrivés dans un stade au Giro et ça s’était bien passé. Si cela peut apporter quelque chose au Tour de Romandie, pourquoi pas”, livre le pensionnaire de l’équipe IAM, Johann Tschopp. Son coéquipier Sébastien Reichenbach estime pour sa part que “c’est une bonne idée, on va peut-être marquer un but.” C’est dit sur le ton de la rigolade, bien sûr. Mais briller sur le Tour de Romandie est réellement devenu un but pour de nombreux coureurs.

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