Le triptyque cantabrique, de samedi à ce lundi, devait faire la part belle aux grimpeurs, et faire sauter le valeureux Tom Dumoulin au classement général. Mais derrière Joaquim Rodriguez et Fabio Aru, le Néerlandais a plus que limité la casse, et juste avant le chrono de 38 kilomètres autour de Burgos, il pointe à moins de deux minutes du maillot rouge. De quoi rêver d’une victoire finale à Madrid.

Seulement 1’21’’ en trois jours

« Je n’étais pas dans un bon jour mais j’ai réussi à limiter la casse », analysait Tom Dumoulin samedi soir, après la première des trois grosses étapes de montagne qui se succédaient. Un adage qu’il a répété dimanche, puis encore ce lundi, alors que chaque journée était censée, sur le papier, être plus difficile que la précédente. 20 secondes à l’Alto de Campoo, 50 le lendemain à Sotres et enfin moins de 30 ce lundi à l’Alto Ermita de Alba. En trois jours, avec les bonifications, le Néerlandais a donc concédé moins de deux minutes à Joaquim Rodriguez, qui s’est emparé du maillot rouge de leader, et n’a perdu « que » 1’21’’ par rapport à la tête de course. L’ensemble des grimpeurs espéraient pourtant lui reprendre beaucoup plus en vue du contre-la-montre de Burgos, ce mercredi, long de 38,5 kilomètres. « Dumoulin n’est pas mon seul adversaire », avait assuré Fabio Aru avant ces trois étapes décisives. Oui, mais le natif de Maastricht représente bien la plus grosse menace pour cette dernière semaine, où le chrono sera bien plus crucial que l’ultime étape de montagne, avec une arrivée en descente.

Mais l’Italien, au même titre que Rodriguez, Majka et les autres, ne pourra s’en prendre qu’à lui-même si la victoire lui échappe pour quelques secondes au profit du nouveau leader de la Giant. Car si dans les médias, tous assurent depuis quelques jours vouloir reprendre du temps à Dumoulin avant l’exercice en solitaire, aucun n’est vraiment passé des paroles aux actes. Aru a plus ou moins tenté samedi, mais les jambes n’y étaient pas. Et Rodriguez, incontestablement le plus fort sur l’ensemble des trois jours, n’a pas dérogé à sa règle : attaquer dans le dernier kilomètre. Au courage, le champion des Pays-Bas du chrono en 2014 s’est donc accroché. Très souvent en queue de groupe, parfois décramponné, il n’a jamais rien lâché, et courbé sur sa machine, il a toujours passé la ligne peu de temps après les purs grimpeurs. Parce que les Astana, les Movistar, les Tinkoff et les autres ont imprimé un rythme élevé mais sans à coups dans la plupart des ascensions, le Néerlandais n’a jamais vraiment eu à s’inquiéter face à des adversaires d’un attentisme affolant.

L’exemple Wiggins, et une Vuelta à portée de bras

Au moment d’observer une journée de repos bienvenue, Dumoulin a donc toutes les raisons de croire en un succès final sur cette Vuelta. Devant lui au classement général, Rodriguez, Aru et Majka sont de piètres rouleurs. Reprendre deux minutes à ces trois hommes sur les près de 40 kilomètres prévus mercredi ne devrait pas être un problème pour celui qui est à l’origine davantage rouleur que grimpeur. « Je me disais que cette course au général n’était pas pour moi », avouait le garçon de 24 ans il y a encore une semaine. Finalement, il a déjoué les pronostics, avec un modèle nommé Bradley Wiggins. « Il a montré que si vous êtes bon en contre-la-montre et que vous faites quelque chose avec votre poids, alors vous pouvez avoir un bon rapport poids-puissance, a expliqué le Néerlandais. Il a gagné le Tour de France grâce à ça. Il m’a montré qu’il est peut-être possible dans le futur de me consacrer davantage aux grands tours. »

Être en passe de jouer la gagne face à des coureurs de la trempe de Rodriguez et Aru, jamais Dumoulin n’aurait pu l’imaginer il y a encore deux semaines. Mais désormais, le voilà dans la peau du favori. Personne ou presque n’imagine que la course puisse basculer samedi, sur la dernière étape de montagne, dont l’arrivée sera jugée en descente. Si Dumoulin a lâché si peu de temps dans les pentes à 21% de l’Alto Ermita de Alba, plus rien ne doit l’effrayer. A Burgos, mercredi soir, si l’actuel quatrième du général se pare de rouge, il y a donc fort à parier qu’il conservera la tunique de leader jusqu’à Madrid. L’alternance serait alors respectée. En effet, depuis l’entrée dans la nouvelle décennie, les années impaires sacrent toujours, sur la Vuelta, des coureurs inattendus. Après Cobo et Horner, Dumoulin perpétuerait donc une sorte de tradition. Dans un tout autre registre.

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