La Chine devait débarquer dans le vélo avec pour la première fois une équipe World Tour. Mais le projet TJ Sport, bâti sur les restes de l’ancienne Lampre, pourrait ne pas voir le jour. Ou alors loin de l’élite mondiale qu’il espérait côtoyer. Un coup de massue derrière la tête pour le staff et les coureurs.

J-6 avant le verdict

Le premier rassemblement, début novembre, avait bien eu lieu dans le Nord de l’Italie. Sans entraînement, mais avec presque tout le monde, histoire de commencer à tisser des liens et former une cohésion d’équipe. Il ne manquait que Darwin Atapuma, Ben Swift, Louis Meintjes, Matteo Bono et Valerio Conti. Cinq hommes qui auraient donc dû faire connaissance avec leurs nouveaux coéquipiers lors du stage de décembre, le premier avec des sorties au programme. Sauf que finalement, le camp d’entraînement a été annulé, et repoussé – au mieux – à janvier. La raison ? Personne ne sait où sera TJ Sport en 2017. En World Tour, en Continental Pro ? L’UCI décidera. Mais l’équipe pourrait aussi disparaître avant même d’avoir véritablement vu le jour. Un raté comme on en a rarement vu dans le monde du vélo. Au centre de l’incertitude actuelle, il y a la demande de licence World Tour. Elle a été faite, mais pas acceptée par la commission de l’UCI, qui n’avait vraisemblablement pas toutes les pièces du dossier. Sans que l’on sache réellement ce qui coince.

Alors depuis quelques semaines, chez TJ Sport, on s’active dans tous les sens. Avec, jusqu’ici, une certaine confiance. « Nous serons forcément un peu inquiets tant que nous n’aurons pas la licence en question, c’est logique, concédait le directeur sportif Mario Scirea il y a encore trois jours à VeloNews. Mais Giuseppe (Saronni, manager général) n’a pas décidé de signer des coureurs pour rester assis à ne rien faire. J’ai foi en lui. » Mais la date limite, fixée au 15 décembre par l’UCI, qui rendra alors sa décision, approche à grands pas. Et la panique a remplacé l’optimisme au sein de la structure chinoise. Plus personne ne veut s’exprimer sur une situation très délicate, et les coureurs commencent à réfléchir à la suite. La dernière fois qu’une équipe a dû attendre aussi tard pour connaître le choix de l’UCI à propos d’une licence World Tour, c’était lors de l’épisode Katusha à l’hiver 2012-2013. Et comme à l’époque où Joaquim Rodriguez avait placé ses pions avant de connaître le verdict, les leaders Louis Meintjes et Rui Costa auraient déjà des points de chute.

Une vingtaine d’hommes sur le carreau ?

Le Sud-Africain trouverait refuge à domicile, chez Dimension Data. Quant à l’ancien champion du monde portugais, il rallierait probablement Katusha. « Si l’équipe n’obtient pas la licence World Tour, c’est un problème, notait justement Robbie Hunter, agent de Meintjes, pour Cyclingnews ces derniers jours. Nous avons la chance d’avoir des offres si tout ne se passe pas comme prévu. » Un luxe que connaissent les cadors de l’équipe, pas les autres. Sur les 22 coureurs normalement sous contrat, beaucoup vont donc subir les prochaines semaines sans avoir le moyen d’agir sur leur propre carrière. Triste réalité. Sans même avoir dévoilé son maillot pour 2017 ou rassemblé l’ensemble de son effectif, le projet TJ Sport pourrait laisser sur le carreau une vingtaine d’hommes. La faute à une ambition démesurée et finalement irraisonnée. L’art de vendre du rêve sans pouvoir l’offrir.

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