Personne n’aurait pu imaginer un tel scénario. Mais pris dans une bordure puis dans une chute, Romain Bardet a déconné, le temps de quelques minutes, et s’est accroché à sa voiture pour revenir sur le peloton. Il était au départ de Paris-Nice pour se battre avec les meilleurs, or il se retrouve disqualifié après la première étape. La déception est grande, mais difficile d’en vouloir au Français. Surtout après ses excuses, dimanche soir.

Une réaction remarquable

« Nous avons commis une erreur fruit d’un manque de lucidité », a concédé Romain Bardet dans un communiqué de l’équipe AG2R La Mondiale. Il a eu le courage de le reconnaître, et de l’avoir fait rapidement. Dans les minutes qui ont suivi l’officialisation de son exclusion, d’ailleurs, son manager Vincent Lavenu ne cherchait aucune excuse en conférence de presse. Pas plus pour lui que pour son coureur. « On assume, c’est notre faute, c’est même de ma faute car j’étais au volant », lâchait-il, forcément très déçu. Paris-Nice était le premier gros objectif de l’Auvergnat en 2017, qui voulait notamment se confronter à Contador ou Porte. Se voir mis hors course avant même d’avoir pu commencer la bataille remet en cause son début de saison. Mais c’est un aspect que Bardet a complètement mis de côté dans le message qu’il a souhaité faire passer, dimanche.

Après son « dérapage », il n’était question que d’excuses. Bardet se veut honnête. « Rien ne justifie l’aide prolongée de la voiture d’assistance pour un dépannage, a-t-il reconnu. Cette pratique, trop souvent tacitement tolérée dans le peloton, trouve aujourd’hui des garde-fous nécessaires pour garantir la probité de notre sport. » Conscient de sa faute, le garçon semblerait presque content de s’être fait prendre. C’est le signe que le vélo va dans le bon sens et qu’on ne ferme pas (plus ?) les yeux. Sur le moment, c’est donc la honte qui prime. C’est d’ailleurs ce que mettait en avant Vincent Lavenu au micro de RMC, quelques heures après l’incident. Mais la réaction de Bardet est plus que louable. Le Français aurait pu contester, se réfugier derrière des justifications douteuses. Il s’est accroché à la voiture lors d’un passage de bidon et aurait pu, même pris la main dans le sac, inventer un problème mécanique ou autre chose pour se dédouaner. Il a fait le choix d’assumer et de s’excuser. Un choix courageux.

Faute avouée…

Cyrille Guimard, observateur averti, félicitait ainsi Romain Bardet sur les réseaux sociaux, hier soir. « Il accepte la sanction sans se victimiser. Ca mérite le respect de tous, cette attitude est exemplaire », écrivait l’ancien coureur et directeur sportif. C’est finalement ce qui doit ressortir, aujourd’hui, de cet épisode. Bardet a franchi la ligne jaune mais s’en est tout de suite mordu les doigts. Parce que ce n’est pas sa nature. Et c’est pour ça qu’on ne doit pas lui taper dessus. Avec cet acte, il s’est sabordé lui-même. C’est bien assez. Pour les courses à venir, il assure même vouloir « pratiquer son sport tel qu’il l’aime ». Les mots sont forts. Ils témoignent d’une grande sincérité. Au moment de diffuser ce communiqué où il tentait de s’expliquer, Romain Bardet s’est ainsi fendu d’un message sans fioritures : « Mea culpa ». Le pardonner au plus vite, c’est donc bien le moins que l’on puisse faire.

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