Les ardennaises se sont réveillées ! Le scénario final de la course hollandaise, habillé d’un duel magistral entre les « revenants » Philippe Gilbert et Michal Kwiatkowski, a sublimé le premier épisode d’un triptyque bien terne ces dernières années. C’est finalement le champion de Belgique qui a triomphé pour la quatrième fois sur l’Amstel.

Un duel au sommet dans une course rythmée

À Valkenburg, quand Gilbert a passé la ligne en levant quatre doigts, il a dû repenser à ses trois années de galère qui le séparaient de son dernier triomphe hollandais. Car avant le début de saison, lui comme Kwiatkowski, trop intermittent depuis son sacre mondial de 2014, semblaient un peu perdus. Mais le Belge, vainqueur du Ronde il y a deux semaines, et le Polonais victorieux aux Strade puis à Sanremo en mars, ont définitivement acté leur retour tout en haut de la hiérarchie mondiale cet après-midi. Une place qu’ils n’auraient jamais dû quitter. La seule digne de ces deux anciens champions du monde, déjà vainqueurs de l’Amstel. Et, cerise sur le gâteau, l’ardeur dans les ardennaises a aussi fait son retour !

Un nouveau parcours pour redonner de l’allant à l’Amstel Gold Race ? Presque un marronnier. Si beaucoup étaient optimistes au départ quant à la nouvelle version de la course, certains comme Philippe Gilbert s’alarmaient doucement : «Toutes les conditions sont vraiment réunies pour que ce soit un sprint massif à l’arrivée.» Et il est vrai qu’à voir les sourires de Michael Matthews et Sonny Colbrelli au départ, l’option d’un sprint ne pouvait être écartée, même à 90 kilomètres de l’arrivée, moment choisi par Greg Van Avermaet pour demander à ses troupes d’accélérer. C’est finalement quand Gilbert a suivi la première vraie offensive dans le Kruisberg, menée par Tiesj Benoot à près de 40 bornes du but que l’on a soupçonné que le changement de parcours serait bénéfique. Puis Kwiatkowski a décidé de revenir devant, lâchant à la cuisse l’ambitieux Van Avermaet et le favori Valverde.

Et la première impression s’est confirmée. Dans une forme phénoménale depuis le début de saison, le coureur de la Sky revenait ensuite comme un avion sur le groupe de Gilbert. Un scénario magique s’inscrivait sous nos yeux. Et les craintes d’un sprint massif soulevées par Philippe Gilbert se dissipèrent. Le groupe de sept semblait voué à batailler pour la victoire, mais dans la dernière ascension du jour, le Bemelerberg, Kwiatkowski choisit de la jouer en costaud. Seul Gilbert le suit et les deux anciens arcs-en-ciel se détachent. Trop forts pour que quiconque ne puissent s’accrocher, les vainqueurs des deux premiers Monuments de la saison allaient se jouer le bouquet à Valkenburg.

Gilbert l’alarmiste rend optimiste

Capable de frustrer Alejandro Valverde, insatiable en ce début de saison mais toujours privé de succès sur l’Amstel, et de piéger l’épouvantail du peloton, Greg Van Avermaet, grâce à des attaques anticipées, le duo ouvre la voie pour la suite des ardennaises. Si le changement d’itinéraire a probablement joué son rôle, les hommes aussi. Certes, il a manqué cette spectaculaire explosivité à laquelle nous avait habitué l’irruption de coureurs en haut du Cauberg mais le festival des héros du jour a amplement suffi. La symbolique couronnant ce nouveau parcours est d’ailleurs parfaite, avec deux champions ayant prouvé leur panache ces derniers mois, à la lutte pour se disputer la victoire.

Le duel épique s’est lui intensifié dans le dernier kilomètre. Les deux hommes avaient assez creusé pour pouvoir s’observer, se jauger, se bluffer. Finalement, Michal Kwiatkowski laissa son envie de triompher l’enivrer à 300 mètres du but. Trop tôt. Gilbert le reprend, le double et soulève quatre doigts sur la ligne. Le Roi n’était pas mort, vive le Roi.

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