Bien emmené par une équipe Arkea-Samsic qui lui était dévouée, Nairo Quintana a fait plus que décrocher sa première victoire sous ses nouvelles couleurs. Sur les pentes du Mont Ventoux, il a écrasé ses rivaux et montré un visage plus aperçu depuis longtemps.

Une attaque foudroyante

Il n’aura pas attendu longtemps avant de lever les bras sous son nouveau maillot, tinté d’un rouge breton qui lui colle déjà à la peau. Le profil du jour lui convenait à merveille, lui l’homme des hautes montagnes colombiennes où son tour national se déroule en ce moment même en son absence. Venir sur ce Tour de La Provence avec des ambitions de victoire était légitime, même si être loin de la gagne en février n’est pas forcément dramatique quand l’objectif majeur se situe en juillet. Un moyen de faire diminuer la pression et de commencer à effectuer les réglages entre leaders, où officiellement la détermination du rôle majeur, entre Barguil et Quintana, était encore en suspens. Du moins, c’était encore le cas avant la course par étapes provençale. Car après la démonstration du néo-trentenaire sur les pentes du Ventoux, la pôle position lui semble acquise, même si l’été est encore loin.

L’accélération fulgurante placée par Quintana à sept kilomètres de l’arrivée tracée au Chalet Reynard n’a souffert d’aucune contestation, le seul Sepp Kuss tentant de suivre avant de comprendre assez rapidement qu’il n’y aurait rien à faire. Parce qu’une fois rassis sur sa selle, Nairoman n’en a pas moins ralenti sa marche en avant, histoire de créer des écarts significatifs au sommet et de pouvoir aborder sereinement la dernière étape, maillot de leader sur le dos. Mais l’ancien de la Movistar, bien que vainqueur en solitaire, n’a pas été le seul acteur de son succès. Toute son équipe s’est démenée pour le protéger tout au long de la journée, puis dans l’ascension finale. Maxime Bouet, Warren Barguil et surtout Winner Anacona ont mené un fort tempo qui a écrémé les équipes adverses, avant que tout le monde, même les Astana Vlasov et Lutsenko, comprennent qu’aujourd’hui, pour l’étape comme pour le général, il y avait Quintana et les autres.

Rentrée de première classe

S’il ne se fait pas surprendre lors de la dernière journée, qui sera loin d’être simple à négocier, Nairo Quintana gagnera ce Tour de La Provence. Mais quoi qu’il advienne sur la route d’Aix-en-Provence, c’est son coup de force sur le Géant de Provence qui devrait marquer ses concurrents, où son beau coup de pédale était de retour. De là à en faire à nouveau un grand favori pour le Tour ? Ne tirons pas de conclusions hâtives. Nous ne sommes qu’au tout début de la saison, et les formes des uns et des autres sont loin d’être à leur maximum. Les curseurs vont tranquillement s’ajuster, et petit à petit les éléments de réponse vont nous arriver. Surtout, le plateau de la course provençal, bien que de qualité, n’a rien à voir avec ce qui se fera en juillet.

Mais toujours est-il que gagner sur une telle arrivée, qui plus est avec la manière, est toujours une bien meilleure nouvelle que d’être largué dès que les pentes deviennent difficiles. Et ces derniers temps, malgré quelques coups d’éclats irréguliers, on avait trop tendance à retrouver l’ancien vainqueur du Giro et de la Vuelta en retrait, contraint de subir la course. Aujourd’hui, il en aura été l’acteur le plus en vu. Avec à la clé un premier succès sous le maillot Arkea qui en appelle forcément d’autres.