À deux semaines de la course en ligne des championnats du Monde 2015 à Richmond, aux Etats-Unis, la plupart des compositions des sélections nationales ont déjà été annoncées. Pour les chefs de file désignés qui ont fait l’impasse sur la Vuelta, c’est bel et bien le week-end canadien qui va révéler les états de forme des principaux candidats au maillot arc-en-ciel. Premier acte ce vendredi soir, sur le circuit de Québec. Sans doute le plus favorable aux sprinteurs de formation.

– Les Favoris

**** Alexander Kristoff : Le grand favori n’est autre que le Norvégien. Très impressionnant pendant les premiers mois de l’année, en remportant notamment le Tour des Flandres, le meilleur scoreur de l’année 2015 compte bien ajouter une vingtième-et-unième victoire à son tableau de chasse. Et pour l’instant, ce chasseur de classiques hors-pair reste sur une très belle série en ce qui concerne les courses d’un jour estivales. Deuxième à Hambourg et vainqueur à Plouay la semaine suivante, le profil du Grand Prix de Québec lui convient également. Les derniers kilomètres, bien qu’en montée, nécessiteront de la puissance, et un timing parfait. Il ne lui reste plus qu’à déboîter au bon moment pour succéder à Simon Gerrans.

**** Philippe Gilbert : Les ascensions du Vieux Québec réussissent bien à Philippe Gilbert. Le Remoucastrien, sur une autre planète en 2011, s’était extirpé dans le final en cette même année, livrant à l’occasion un magnifique mano à mano avec Robert Gesink. Aligné sur la Vuelta ces trois dernières années, le champion du monde de Valkenburg compte bien revenir dans la danse pour la fin du mois. Deuxième de la Clasica San Sebastian, et quatrième sur l’Eneco Tour, les jambes répondent présent. Son punch ainsi que sa capacité à supporter un gros effort sur une longue distance lui seront des plus utiles.

– Les Outsiders

*** Michael Matthews : Avec Kristoff et Degenkolb, Matthews fut en début de saison le troisième sprinteur polyvalent à briller de mille feux. Vainqueur d’étape sur le Tour d’Italie ainsi qu’au Paris-Nice, troisième à l’arrivée de Milan-Sanremo mais aussi de l’Amstel Gold Race, le jeune Australien s’est affirmé comme un concurrent redoutable dès que des responsabilités lui sont accordées. Et ça tombe bien, Simon Gerrans est resté en Europe. L’équipe Orica aura tout intérêt à courir de la même manière qu’en 2012 et 2014, deux années ou elle s’est comportée tel un rouleau compresseur annihilant toute course de mouvements, avant d’ouvrir la porte à son sprinteur. Mais il faudra battre Kristoff.

*** Tom-Jelte Slagter : L’équipe Cannondale-Garmin, affectée par les abandons de Martin et Talansky sur la Vuelta, pourrait retrouver le sourire sur le continent américain. En effet, le puncheur batave Slagter surfe sur une excellente dynamique, forte de deux succès sur le récent Tour de l’Alberta. La distance assez abordable pour une course d’un jour – elle ne dépasse pas les 201 kilomètres ndlr – , lui laisse d’assez bonnes raisons d’espérer. En complément, Ramunas Navardauskas, troisième à Plouay, représente une solide alternative.

*** Greg van Avermaet : Comme c’est désormais la coutume, l’équipe BMC se présentera au départ avec plusieurs leaders, aux profils similaires corsant souvent le choix des tactiques de course. Frustré après avoir terminé une nouvelle fois deuxième de l’Eneco Tour, Greg van Avermaet a attaqué dans la côte de Ty-Marrec dimanche passé, mais en vain. Deuxième derrière Gerrans en 2012, troisième en 2013, cinquième en 2014, l’objectif n’est autre que la victoire. Mais s’il s’emmêle les crayons avec son compatriote Gilbert…

*** Tony Gallopin : Voici la dernière ligne droite pour le Francilien avant de partir avec le reste du groupe France du côté de Richmond. Neuvième l’an passé, Gallopin sait pourtant que ce circuit usant peut lui convenir. Cependant, personne n’a jamais réussir à jouer la victoire en partant de loin dans la ville de Québec, quelque chose que le Grand Prix de Montréal permet plus facilement sur le papier. C’est en tout cas un test important pour celui qui avait déjà remporté la Classique de Saint-Sébastien dans la position d’outsider. En cas de sprint semi-massif, Roelandts pourrait éventuellement le supplanter.

– À ne pas sous-estimer

** Bauke Mollema : Leader de l’équipe Trek sur les Grands Tours, Bauke Mollema ne délaisse pas pour autant les classiques vallonnées, et s’arrache régulièrement pour y décrocher de jolis accessits. Les coureurs provenant du royaume orange ont illuminé le Tour de l’Alberta ces derniers jours, et Mollema a remporté le général, soit sa première victoire finale sur une course par étapes. Un déclic ?

** Sep Vanmarcke : Dans les rangs de l’équipe Lotto-Jumbo, il y aura ni plus ni moins que le premier vainqueur dans l’historique du Grand Prix Cycliste de Québec, Robert Gesink. Mais le grimpeur néerlandais est à court de condition, après un abandon en Pologne. C’est donc le spécialiste des pavés, Vanmarcke, qui aura le leadership, et ses derniers résultats laissent penser une certaine montée en puissance en vue des Mondiaux. Placé sur la Ride London Classic et le Tour du Poitou-Charentes, sa force et son endurance pourront faire mouche dans les côtes finales.

** Diego Ulissi : Vainqueur de l’étape la plus longue du Giro et sixième du Tour de Pologne pour son retour à la compétition après une courte suspension, Diego Ulissi réalise une saison plutôt satisfaisante. Capable de battre les sprinteurs les plus endurants dans des finals corsés, le Toscan sera probablement le coureur protégé de l’équipe Lampre sur ce Grand Prix de Québec. Rui Costa cible déjà dimanche, et le sprinteur maison Davide Cimolai n’est pas totalement sûr d’être présent dans le dernier tour.

* Alexis Vuillermoz : Le coureur originaire de l’Ain, a connu un été des plus réussis. Le puncheur de l’équipe AG2R la Mondiale a remporté une étape en costaud en haut de Mûr-de-Bretagne sur le Tour de France, et enchaîné avec un succès inattendu sur la course pré-olympique de Rio, certes dépourvue de concurrence. Romain Bardet et lui n’ont pas été retenus pour les championnats du Monde au vu du parcours, et ciblent désormais le Tour de Lombardie. Un bon exercice pour se montrer avant le dernier Monument de l’année.

* Bryan Coquard : Le sprinteur français de l’équipe Europcar aimait truster les premières positions du challenge sprint organisé les années précédentes en préambule du week-end de course. Un événement malheureusement non renouvelé en 2015, mais qui ne nous fait oublier que les principaux objectifs de Bryan Coquard en cette fin de saison sont sur la route. Pré-sélectionné pour les Mondiaux, il se doit de donner des garanties, après un mois d’août hésitant. Il a toutefois le physique pour jouer le top 10.

* Simon Geschke : Avec sa barbe hirsute, le Berlinois Geschke avait fait sensation sur le Tour de France en remportant la dix-septième étape au sommet de Pra-Loup. Plutôt puncheur à la base, ce coéquipier modèle au sein de l’équipe Giant est capable de tirer son épingle du jeu sur les classiques, et était déjà rentré dans les dix premiers du Grand Prix de Québec en 2013. Une valeur sûre.

Mentions : Sam Bennett, Warren Barguil, Fabio Felline, Heinrich Haussler, Ryder Hesjedal, Arthur Vichot, Adam Yates et Tim Wellens.

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