Il y a un an, à Saint-Omer, Pierre Latour avait mis un peu de temps pour réaliser. Le garçon était devenu champion de France du contre-la-montre un peu à la surprise générale. Cette fois, en revanche, tout était un peu plus prévisible et le suspense a vite volé en éclats une fois le tenant du titre lancé sur le parcours.

Le grand écart

A le voir pédaler dans le final, on avait presque l’impression que Pierre Latour terminait sans forcer. Dans les derniers hectomètres, il a même pu se permettre de savourer, levant les bras et franchissant la ligne en roue libre. Rarissime dans un chrono. Mais il avait en réalité fait le boulot un peu plus tôt. Parti en dernier, deux minutes après Yoann Paillot, il avait rattrapé et dépassé le coureur de Saint-Michel-Auber 93. Sur la ligne, son coéquipier et dauphin Tony Gallopin était relégué à près de deux minutes et demie. Du travail plus que bien fait, et aucun suspense. Le contraste était alors saisissant avec son titre de l’an dernier, où il avait dû attendre jusqu’à l’arrivée du dernier coureur, en l’occurrence Thibaut Pinot, pour être finalement déclaré vainqueur. Latour avait instantanément fondu en larmes et confié à tous les micros qu’on lui tendait qu’il ne réalisait pas.

Ce jeudi, il y avait sans doute moins d’émotion, mais aussi beaucoup plus de certitudes. A 24 ans, Pierre Latour s’installe comme le meilleur rouleur français, et d’assez loin, prenant la succession de Sylvain Chavanel et Tony Gallopin – le premier a été sacré six fois champion de France de la discipline et le deuxième, jamais titré, reste malgré tout une référence. Jamais, depuis la création du contre-la-montre aux championnats de France en 1995, un vainqueur n’avait compté une telle avance (2’23 aujourd’hui entre Latour et Gallopin). Sylvain Chavanel, précédent détenteur du record, avait devancé Jérémy Roy de « seulement » deux minutes et une seconde en 2013. Ca vous classe la performance du Drômois. Quelques semaines après un Dauphiné plus que rassurant, il confirme aussi son profil de coureur complet.

Parfait pour le Tour

Dans quelques semaines, il prendra le départ de son deuxième Tour de France. Pour accompagner Romain Bardet, et sans penser un seul instant à son classement général. Mais il n’est plus vraiment le même qu’il y a un an. Il a beaucoup appris. « Je pense que sur les premières étapes (l’an dernier) j’ai bouffé vraiment beaucoup de jus à frotter tout le temps, nous disait-il récemment. Il faut que je sois plus détendu, moins stressé, parce que du coup la dernière semaine j’étais complètement cramé. » Maillot de champion de France du chrono sur le dos, il s’était même fracturé le bassin à Marseille, la veille de l’arrivée. Cette fois, sans se prendre la tête au sujet des pièges de la première semaine, il espère être un point d’appui encore plus précieux pour son leader. A coup sûr, il le sera sur le chrono par équipes de Cholet. Devant sa télé, Romain Bardet a dû apprécier ce qu’il a vu.

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