Sur les pavés de Belgique, beaucoup, et de France, un peu, on ne s’est jamais ennuyés. Dix-huit jours se sont écoulés entre A Travers la Flandre et Paris-Roubaix, mais le spectacle n’a jamais quitté ces flandriennes qui nous font tant vibrer. Que cette période de l’année soit la plus fascinante n’est pas nouveau. Mais la cuvée 2016 était particulièrement incroyable.
Tout le monde au rendez-vous
Sur le vélodrome de Roubaix, au moment où Mathew Hayman soulevait le pavé du vainqueur, Tom Boonen avait un sourire pour l’Australien en le regardant célébrer. Le Belge venait de passer à côté d’un cinquième succès dans l’Enfer du Nord, mais il venait surtout d’offrir un final en apothéose à tous ceux qui aiment le vélo. Il était le seul qui avait jusque-là manqué à ce magnifique printemps. La légende qui n’avait pas encore participé à ce fabuleux spectacle qui s’est étalé sur presque trois semaines. Au terme des 250 kilomètres de Paris-Roubaix, il pouvait donc se féliciter d’une chose : avoir fait partie de la fête. Car depuis A Travers la Flandre, il y en a eu pour tout le monde – enfin surtout pour les audacieux. La légende Cancellara, le nouveau patron Sagan, le désormais gagneur Van Avermaet, le toujours placé Vanmarcke, l’étonnant Kwiatkowski, le roule-toujours Stannard et bien évidemment l’inattendu Hayman, ils ont tous répondu présent. Boonen les a rejoints, pour clôturer une campagne marquée par le panache.
Cela a commencé avec Van Avermaet, qui vers Waregem a tenté de sortir seul à 10 kilomètres de l’arrivée pour contrecarrer les plans des sprinteurs. Il a échoué dans sa tentative, mais a ouvert la voie pour que sur les courses suivantes, les attaquants soient toujours récompensés. Kwiatkowsi et Sagan sont allés au bout sur le GP E3, avant que le Slovaque ne remette ça avec Cancellara et Vanmarcke deux jours plus tard, sur Gand-Wevelgem. Une semaine après, les trois mêmes ont de nouveau bataillé pour se jouer la victoire sur le Tour des Flandres, sans laisser un seul espoir aux attentistes. Tout ça nous avait déjà ravi, puis est arrivé l’invraisemblable Paris-Roubaix de ce dimanche, où la course est devenue complètement folle à plus de 100 kilomètres de l’arrivée. De quoi s’imaginer, en ce début de printemps, revenu à une époque où l’on parlait volontiers de « forçats de la route » lorsqu’il s’agissait d’évoquer les cyclistes professionnels.
Champions à part
Bien sûr, au milieu de tout ça, il y a un gros hic : la sécurité des coureurs, devenue un leitmotiv depuis l’accident mortel d’Antoine Demoitié. Mais ce n’est définitivement pas un problème inhérent aux classiques flandriennes, et le régler ne se fera pas en quelques semaines. Alors au moins, ce que nous ont offert les coureurs sur la route permet de garder une image plus positive de ces dix-huit jours de bagarre. Quand les courses par étapes et les ardennaises – même si on espère se tromper – proposent rarement autre chose que des scénarios stéréotypés, les pavés ont encore cette année été le théâtre de courses de mouvements. Peut-être parce que les flahutes sont une espèce à part, de ceux qui n’ont peur de rien, pas même des épopées lointaines, alors que le reste du peloton se montre toujours plus frileux. Cancellara, Boonen et tous ceux qui s’en sont inspirés sont des champions d’une catégorie toute particulière. C’est pour ça qu’ils apprécient ce début de printemps, parfois pluvieux et boueux, souvent poussiéreux, toujours rugueux et douloureux. Ils sont les flandriens. Et on les aime pour ça.
Superbe article qui résume bien l’engouement et la joie qu’on pu nous transmettre ces athlètes hors normes ! Cependant ce spectacle flamboyant remet un peu plus en cause le déroulement des courses par étapes, souvent trop attentistes.
Pour cela, ne faudrait-il pas diminuer le nombre de coureurs par équipes et augmenter, proportionnellement, le nombre d’équipes invitées, pour avoir des courses moins cadenassées ?
Réduire le nombre de coureurs par équipes est une piste, on en parlait il y a quelques mois ici : https://chroniqueduvelo.fr/six-coureurs-par-equipes-est-ce-la-solution/
Mais justement, ça ne réglerait pas tout…
Cela ne réglerai pas tout mais cela vaudrait le coup de tenter une réduction des effectifs et une suppression des oreillettes sur les courses du type Tour de Suisse ou Critérium. Cela pourrait donner des pistes d’améliorations (ou non d’ailleurs).
De plus cela semble moins utopique d’un salary cap (cf : Rugby, Football, …).
Après si les équipes de courses par étapes restent dans un climat plus défensif que les flahutes (comme à la grande époque US Postal)…
Très bel article. Je trouve que la qualité de votre site s’est nettement améliorée ces derniers mois. En tant que nostalgique du défunt Vélochrono, je ne peux que m’en réjouir.
Merci, tant mieux si notre travail vous plait c’est en partie le but !
Tout à fait d’accord sur cet article. Pour moi, je l’ai déjà dit, les courses flandriennes, c’est le cyclisme champagne. Qui fait d’autant plus ressortir la “piquette” que nous propose le vélo sur la plupart des autres courses, ardennaises comprises. Les petites routes hors d’âge, les pavés, la combativité des “flandriens” provoquent des courses haletantes, débridées où l’offensive est souvent récompensée. A des années lumière des courses cadenassées par les équipes des sprinteurs ou des grimpeurs. pas de solution miracle à espérer, tout comme pour l’amélioration de la sécurité, mais réduire les effectifs par exemple sur chaque classique ou course à étapes de moins de 5 jours à 6 coureurs par équipe multiplié par 25 équipes pour un total de partants de 150 coureurs serait peut être une piste…
Tout est dit et bien dit dans votre article que je ne peux q’être d’accord avec vous . On a vécu de bon moment bien loin de ces courses cadenassées . j’adore les classiques flandriennes qui me font à chaque fois vibrer .