La saison 2015 de l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka a connu plusieurs épisodes marquants, avec de très belles surprises sur le Tour de France. Mais si ses jeunes talents n’ont jamais rien lâché, démontrant une abnégation sans faille, la majorité des grands noms recrutés l’hiver dernier sont passés à côté de leur exercice. De quoi nuancer un ressenti qui reste globalement positif.

Trois raisons d’être satisfaits

Convaincante sur le Tour de France. Invitée pour la première fois de son histoire sur le Tour de France, MTN-Qhubeka a tenu à honorer jusqu’au bout sa participation au grand événement de juillet. D’abord par ses infatigables érythréens, Daniel Teklehaimanot et Merhawi Kudus, le premier devenant même le premier coureur africain porteur du maillot à pois grâce à de nombreuses échappées. Mais dans les sprints aussi, l’équipe sud-africaine a brillé avec un Edvald Boasson Hagen très régulier, auteur de nombreuses places d’honneur. Enfin, les hommes de Douglas Ryder n’ont pas été ridicules au classement général, puisqu’au prix de plusieurs échappées bien senties, le Belge Serge Pauwels a terminé treizième à Paris. La côte de popularité de l’équipe, en seconde division, s’est vue renforcée.

Brillante dès que la route s’élève. Alors qu’elle était fortement attendue dans les classiques du Nord, c’est bel et bien sur les courses par étapes et plus particulièrement en montagne que MTN-Qhubeka a répondu présente. Louis Meintjes, révélation du Tour du Trentin en 2014, a effectué un bond supplémentaire, montrant à tous ses qualités de récupération pour suivre le rythme des tous meilleurs sur trois semaines. Sa dixième place finale sur la Vuelta s’inscrit dans la continuité d’une flopée d’excellents résultats. Vainqueur au forceps de la Semaine Coppi et Bartali, sixième du Tour d’Oman, onzième de Liège-Bastogne-Liège et actif sur l’éprouvant enchaînement Dauphiné-Tour de France, Meintjes fera peut-être regretter à ses dirigeants de l’avoir laissé partir. De son côté, Stephen Cummings n’a pas non plus été en reste. Plutôt polyvalent, le Britannique a remporté à Mende, sur le Tour de France, la plus belle victoire de l’année pour son équipe. Enfin, Berhane, cinquième en Autriche, et l’improbable Youcef Reguigui, vainqueur de l’étape reine ainsi que du général du Tour de Langkawi, ont témoigné de la force de frappe de MTN en montagne.

Sbaragli marque son territoire. Comme beaucoup d’autres, Kristian Sbaragli est un sprinteur accumulant les placettes. Des coureurs à qui une victoire référence ferait le plus grand bien. Pour l’Italien, il aura fallu attendre ce mois de septembre pour qu’il décroché son premier bouquet chez les professionnels Et quelle première ! Le Toscan s’est tout simplement offert une étape de grand tour, sur la Vuelta. Détenteur de 24 tops 10 avant ce jour qui marque un tournant de sa carrière, Sbaragli a surtout marqué les esprits en interne, s’affirmant comme le seul sprinteur sur lequel on peut compter aux départs des courses par étapes, la faute aux contre-performances des leaders attitrés. Et ce n’est pas tout, car il semble posséder une marge de progression et une polyvalence importantes, comme en atteste sa vingtième place inattendue à l’arrivée de l’Amstel Gold Race, en avril.

Deux raisons d’être déçus

Une stratégie marketing à revoir. En faisant venir durant l’intersaison Matthew Goss, Tyler Farrar, Edvald Boasson Hagen et Theo Bos, le manager général Douglas Ryder pensait pouvoir tirer le gros lot en alliant opérations promotionnelles avec ses sponsors et des résultats sportifs de qualité. Mais le bilan va dans le sens des prédictions les plus sceptiques. Les nouvelles stars n’ont jamais été au niveau, et semblent même totalement dépassées par le rythme du haut niveau. Bos fantomatique, Goss et Farrar ne se sont jamais fait remarquer autrement que par leurs abandons. Seul Boasson Hagen a réalisé une saison correcte, et pris part à la dynamique collective solidement menée par les jeunes pousses, qui pour le coup représentent la politique historique de la structure.

Un manque de réalisme. Même si avec dix-sept victoires, MTN-Qhubeka fait mieux que certaines écuries du World Tour en délicatesse, on était forcément en droit d’en attendre un peu plus avec une telle force de frappe pour les courses d’un jour et les sprints massifs. Comme évoqué, seul Sbaragli sauva l’honneur avec sa victoire de prestige, mais n’a à côté décroché que des accessits. Victorieux à cinq reprises, Boasson Hagen n’a lui en réalité gagné au sprint que par deux fois, sur les courses norvégiennes. Tyler Farrar, toujours plus éloigné de son niveau d’antan, n’a toujours pas trouvé l’ouverture depuis le dernier Tour de Pékin. Enfin, Reinardt Janse van Rensburg et Youcef Reguigui ayant préféré se mettre en valeur sur d’autres types de courses, personne n’a vraiment suppléé les leaders du sprint défaillants.

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